Les effets vestimentaires made in China notamment, qui inondent désormais
les marchés de la ville depuis quelques années déjà, sont devenus les plus
prisés chez les petites bourses et ce, en raison de leurs prix de vente
compétitifs.
Les smicards se rabattent désormais sur les produits chinois pour
habiller leur progéniture à l'occasion de la fête de l'Aïd. A M'dina Jdida, les
étals des revendeurs, agrémentés pour la circonstance, disposent d'un large éventail
d'habits pour enfants, confectionné en Chine et/ou en Thaïlande. «Ce n'est pas
nouveau, cela fait des années que l'on s'habille asiatique», a fait remarquer
un père de famille, qui effectuait ses achats à M'dina Jdida, avant de
renchérir: «même chose pour les cartables et autres articles scolaires. De par
leur prix bas, c'est une aubaine pour nous autres salariés». Après le ftour,
toute une peuplade de revendeurs s'installe d'un bout à l'autre de la rue des
Aurès (ex-La Bastille) pour proposer toutes sortes d'effets vestimentaires
asiatiques. La contrefaçon est tellement parfaite que le client ne peut
constater du premier coup la provenance exacte du produit. Certains revendeurs exploitent cet état de fait en jurant que leur
marchandise a été achetée des pays du vieux continent. Ce qui est vrai dans
certains cas, mais cela n'empêche pas qu'elle a été confectionnée en Chine. «Je
ne sais pas faire la différence entre une tenue de fabrication asiatique et une
autre made in France. Je sais, par contre, que les revendeurs changent souvent
les étiquettes pour leurrer le client», a affirmé une jeune femme. Ce n'est
également pas évident de connaître l'origine des habits proposés à la vente
dans les boutiques essaimées à travers la ville. Leurs gérants prétendent à qui
veulent les entendre qu'ils ne commercialisent que la griffe en matière
d'effets vestimentaires, confectionnés à Dubaï ou dans certains pays de la
communauté européenne comme l'Italie ou l'Espagne.
L'avenue Choupot regorge de ces magasins dont les vitrines sont
judicieusement ornées pour attirer le client. Les prix proposés sont bien
au-dessus des moyens d'un salarié. Leurs clients sont triés sur le volet parmi
les familles aisées de la place d'Oran. «Chacun a ses caprices et nous nous
débrouillons pour les satisfaire. Ce qui est avantageux pour nous, c'est qu'ils
règlent rubis sur l'ongle sans sourciller», a expliqué le propriétaire d'une
boutique sise sur ladite avenue. «Nous connaissons les goûts de leurs enfants
et de leurs petits enfants et nous avons une idée sur ce qu'ils préfèrent
porter pour l'Aïd», a ajouté notre interlocuteur. Une différence
incommensurable en matière de prix et de qualité par rapport aux produits
proposés par les revendeurs et autres magasins installés dans les souks de la
ville.
Quelques années auparavant, les effets vestimentaires achetés en Turquie
ont commencé, timidement dans un premier temps, à faire leur apparition sur les
éventaires des revendeurs avant d'inonder les marchés. Les habits made in
Turquie détenaient la palme en matière de vente.
Le smicard disposait aussi, en ce temps-là, de tout un choix varié sur
les étals. Sans faire des folies, il pouvait acheter les effets vestimentaires
que porteront ses enfants pour l'Aïd.
A cette époque, après la promulgation de la loi sur la libre importation,
décidée le 1er janvier 1995, et la fermeture de la frontière algéro-marocaine,
ainsi que la restriction sur la délivrance des visas par les pays du vieux
continent, les trabendistes se sont rabattus sur la Turquie pour
s'approvisionner. Bien qu'Istanbul ait toujours exercé une forte attraction,
elle n'était visitée avant par les Algériens qu'au cours de brèves escales.
C'est en joignant l'utile à l'agréable que le trabendiste a découvert avec
émerveillement l'ensoleillement presque continuel de ses immenses plages, de
ses paysages infiniment variés et de ses nombreuses ruines antiques.
Les effets vestimentaires pour hommes, femmes et enfants de coupe
occidentale se sont rapidement accaparés la part du lion chez les revendeurs de
M'dina Jdida notamment. Pour la coupe orientale, le trabendiste a découvert un
autre point d'approvisionnement à Damas en Syrie. Il ralliait par autocar cette
ville, distante de 2.000 km d'Istanbul, en une moyenne de 36 heures. Les achats
de robes de soirée et de djellabas, commandées par certaines jeunes femmes
issues de familles aisées, constituaient la principale mission du trabendiste à
Damas. «Que voulez-vous, elles exigent la meilleure qualité pour la porter le
jour de l'Aïd ou pour leur trousseau de mariage», a évoqué le gérant d'une
boutique de prêt-à-porter installé à M'dina Jdida.
Toujours est-il que la Chine a réussi à détrôner la Turquie dans les
souks de la ville. Le professionnel du secteur de commerce dénonce dans ce
contexte la concurrence déloyale de la contrefaçon. Mais, a priori, ces
doléances sont tombées dans l'oreille d'un sourd.
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Posté Le : 29/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rachid Boutlélis
Source : www.lequotidien-oran.com