Algérie

Vertus apaisantes des mauvais chiffres


Vertus apaisantes des mauvais chiffres
Dire que certains chiffres indicateurs de l'économie nationale sont mauvais ne doit normalement pas vous expédier dans la volière des oiseaux de mauvais augure. Le monde de la presse est ainsi fait, et cela ne comble pas forcément de plaisir de s'attacher davantage à signaler les trains qui n'arrivent pas à l'heure. Les ponctualités et les trains qui arrivent à l'heure, par une espèce de division internationale universellement admise, un peu comme celle du travail, sont laissés aux bons soins de ceux qui ont des bilans à défendre, ce qui n'est pas un mal en soi. Les nouvelles qui nous sont apportées par le gouverneur de la Banque d'Algérie ne sont donc pas bonnes et M. Laksaci, presque toujours dans les pas du ministre des Finances, tire la sonnette d'alarme à sa manière. Sans état d'âme, ce qui est le propre d'un bon banquier, et sans avoir à ménager qui que ce soit.En gros, l'Algérie exporte moins, l'excédent de sa balance commerciale connaît une réduction drastique, ses réserves de change progressent faiblement, alors que dans le même temps les importations explosent. C'est la réalité, peu encourageante, que recouvrent les derniers chiffres communiqués par le gouverneur de la Banque d'Algérie, mercredi dernier devant les responsables des banques. Contentons-nous de savoir, sans recourir à une avalanche de chiffres, que : les recettes des exportations des hydrocarbures pour 2013 ont rapporté à l'Algérie 63,3 milliards de dollars contre 70,5 milliards en 2012. Plus de 7 milliards de dollars de moins en l'espace d'une année seulement, c'est beaucoup mais soutenable si, sur la même période, le montant des importations n'était pas passé de 51,5 milliards de dollars à 55,1 milliards, soit une hausse de 3 milliards de dollars. En conséquence de quoi, la balance des paiements extérieurs n'a enregistré qu'un faible excédent commercial de 130 millions de dollars. La baisse est drastique et même sérieusement inquiétante quand on sait que cette même balance affichait des excédents respectifs de 12,6 et 20,14 milliards de dollars en 2012 et 2014. C'est clair, si le volume des importations continue d'augmenter au même rythme et celui des exportations d'hydrocarbures de baisser, l'Algérie terminera l'année 2014 avec un solde négatif de sa balance des paiements. Et ce ne sont pas les exportations hors hydrocarbures avec un montant ridicule de 1, 1 milliard de dollars en 2013 (ridicule au regard de tout ce qui a été fait pour les booster) qui limiteront la casse. Même le matelas, «très faussement» sécurisant des réserves de change n'a enregistré qu'une modeste progression en s'établissant à 194 milliards de dollars en 2013, soit une augmentation de 4 milliards de dollars seulement. Tableau peu reluisant à mettre en perspective avec la nouvelle conjoncture énergétique mondiale qui se dessine. Le gaz de schiste américain arrive et la demande mondiale en pétrole ne fera pas de bond significatif à court terme. Il faut, à tout le moins, bien s'y préparer.Que dire d'autre ' Rien, ou plutôt juste cette petite question : alors, quand est-ce qu'on la construit, cette économie nationale ' Ce qu'il y a de bien avec les chiffres de l'économie, c'est cette apaisante tristesse, une mélancolie flottante qu'ils procurent quand ils ne sont pas bons et pas traficotés. Ils rendent les analyses plus faciles et, en principe, devraient mettre tout le monde d'accord sur l'essentiel, en dehors des verbiages stériles et propagandistes. Malheureusement, c'est beaucoup plus compliqué en politique, avec la multiplicité des chapelles, la profusion des déclarations et une indigence et un bidouillage des chiffres auxquels, en plus, on fait dire n'importe quoi.A. S.


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