Algérie

Vertu et légèreté



Le canon a-t-il tonné ou pas encore ' Mon ventre déjà gargouille Vite cheikh, s'il te plaît  Peut importe, s'il reste encore une minute Tous ceux qui connaissent un tant soit peu la chanson kabyle retiennent ce célèbre couplet de Amroun Mhenni qui après une carrière de comédien à  la radio redevient familier aux téléspectateurs de la chaîne amazighe. L'homme est connu pour ses facéties, sa légèreté. Plaisanter sur le mois sacré, sans s'en moquer le moins du monde, n'exposait pas alors  à  la vindicte. La religion dans notre société, avait certes ses bigots mais elle s'accommodait fort bien de mots d'esprit. Les mots et les comportements n'étaient pas toujours empreints de gravité. L'avènement du Ramadhan n'était pas le prétexte à  un regain de religiosité qui recouvre d'un manteau étouffant toute manifestation de vie. Il donnait aussi l'occasion aux artistes d'écrire, de jouer sur un mode humoristique. Il n'y avait pas d'un côté des croyants vertueux et sérieux et des délurés qui ne respectent rien. La majorité, si elle respectait la religion n'en faisait pas la seule dimension de l'existence, son unique préoccupation. Un peu comme si en parlait  moins pour en faire plus. La société musulmane dans ses périodes de gloire avait connu et pratiqué la tolérance. Dans sa chronique, Tabari rapporte que sous le règne du calife Abbasside  Moussa El Hadi, quatre personnages, parmi lesquels le maître de l'éloquence Ibn El Moqaffa, traducteur de Kalila et Dimna eurent l'audace folle de vouloir composer un livre égal au Coran. Où en sommes-nous, de cette indulgence, quand le titre d'un roman, un simple écart de conduite vous fait rejoindre le camp des réprouvés '       D'aucuns diront que la société paysanne était engluée dans l'ignorance et les superstitions. Les plus savants, diront que l'islam était dans une posture offensive, une religion forte qui ne craignait pas la contradiction. Il avait peut àªtre raison Slimane Azzem de chanter les temps ingrats : Maintenant que l'instruction s'est répandue Elle a tourmenté les esprits Le père est renié par son fils Il ne sert à  rien de parler, ni de se taire.


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