Algérie

Vers une posture globale de sécurité au Sahel



Vers une posture globale de sécurité au Sahel
La visite du ministre malien des Affaires étrangères, la semaine écoulée à  Alger, est venue à  point nommé pour poser, de manière très sérieuse, la question sécuritaire dans la région du Sahel et la nécessité d'une concertation urgente à  la lumière des événements tragiques qui émaillent le quotidien des Libyens et des répercussions qu'un relâchement sécuritaire dans cette région pourrait avoir sur l'ensemble des pays. Dès les premiers signes des violences civiles en Libye avec leur lot de circulation incontrôlée d'armes et de munitions, l'Algérie a mis en garde contre les risques sécuritaires que la donne libyenne pouvait induire sur toute la sous-région, sachant que cette situation pouvait, en quelques semaines, voire moins, ruiner des acquis et des efforts de plusieurs années de lutte antiterroriste capitalisés et consentis par les services de sécurité de tous les pays frontaliers de la Libye.UN APPEL DE DÉTRESSE 'En appelant, depuis Alger, à  l'instauration d'une sécurité immédiate au Sahel, les autorités maliennes mettent en exergue l'amplification possible de la menace terroriste du fait de retombées probables qui découleraient du contexte très perturbé prévalant en Libye. Une manière pour ce pays voisin de faire écho à  une vision et une approche algériennes, caractérisées par une lucidité constante face à  la menace terroriste. D'abord, du fait du lourd tribut payé par notre pays à  ce fléau des années durant. Et ensuite, du fait, malencontreusement, de l'expérience acquise dans la lutte, mais aussi la détermination des menaces liées aux faits terroristes à  travers les conditions, les moments et les circonstances propices à  leur prévalence opportuniste, le terrorisme étant investi dans une logique de guérilla forcément en quête d'opportunités susceptibles de développer ses capacités de nuisance et de nouvelles sources d'approvisonnement en armes, et de recrutement.S'il n'y a pas encore de fait, d'actes ou d'événement qui confirme ces craintes, celles-ci sont pourtant fondées, la situation étant concrètement préoccupante, sachant l'interpénétration transfrontalière qui existe au Sud, cela d'autant qu'en Libye aucune autorité n'est, pour le moment, comptable de la perméabilité aux frontières et encore moins garante de la neutralisation de toute volonté de nuisance en direction des pays voisins.C'est donc plus une posture préventive qu'un appel de détresse, que cette initiative malienne à  laquelle l'Algérie accorde la plus grande attention et on peut même aller jusqu'à qualifier cette approche de ce voisin subsaharien de réponse aux appels aux actions régionales concertées formulés à  maintes reprises par Alger, et dont le premier résultat fut la constitution l'année dernière, d'un état-major collégial à  Tamanrasset.Al Qaîda étant un ennemi commun qui a trouvé des possibilités de retranchement dans la région sahélienne et des perspectives de recrutement au sein des populations des jeunes sahariens éreintés par le chômage et la misère, seule une politique préventive commune à  toute la sous-région peut, moyennant une conjugaison des approches de lutte armée, sociales et sécuritaires, valoir dans la concrétisation d'une stratégie de stabilisation durable de la sous-région.UNE GESTION MULTIFRONTALE DE LA MENACEEn travaillant pour un retour à  la paix en Algérie après plus d'une décennie de violence terroriste, l'Etat algérien, sans cesser de faire parler les armes de la lutte antiterroriste, a conçu une politique sécuritaire globale qui brasse dans tous les domaines les éléments de la promotion de la paix, le terrorisme étant, en définitive, le symptôme et la résultante de plusieurs causes qui se sont conjuguées pour en fonder la prévalence. Cette même approche semble convenir dans les propos des responsables algérien et malien qui conçoivent la gestion de la situation dans la sous-région, dans le cadre de la prévention contre les menaces majeures, selon trois éléments complémentaires qui correspondraient sommairement à  ce qui est appelé, dans le jargon des stratèges de la sécurité d'Etat, une posture globale de sécurité.En somme, l'approche dans la région subsaharienne et du Sahel requiert, selon les préconisations communes, des solutions par l'instrument socio-économique, dans le sens où les populations de la région, otages de la misère et du chômage, sont constamment exposées à  l'endoctrinement et à  l'embrigadement dans le cadre de la grande criminalité transfrantalière dont les affinités et les connexions avec le terrorisme ne sont plus, aujourd'hui, objet du moindre doute. Aider les jeunes sahariens à  accéder à  l'emploi, à  l'habitat, en somme à  la décence sociale la plus minimale peut contribuer à  mieux les armer contre les tentations désespérées de rallier la terreur armée ou d'entreprendre une quelconque action hostile à  l'autorité et qui témoigne plus d'une volonté de sanctionner les gouvernants que de soutenir la terreur. L'autre approche, qui ne se départit pas de la première, est celle sécuritaire, qui consiste dans une prise en charge des aspects de sécurité et de sûreté dans la région, à  travers une bonne couverture des villes et villages et d'autres zones habitables où l'absence de l'Etat entraîne parfois l'existence de véritables zones de non-droit. Des zones où les populations sont les otages de la grande criminalité, quand elles ne sont pas tout simplement réduites à  en vivre et, donc aussi, à  s'en faire les défenseurs et les complices.Quant à  la troisième approche, elle est connue, dont les instruments d'action commune s'affinent aujourd'hui plus qu'hier, qui consiste dans une lutte antiterroriste sans relâche, dans le cadre d'une coopération militaire continue et dans le cadre d'un échange permanent d'informations sécuritaires, dont l'Algérie constitue le pivot, alliant sa volonté d'empêcher le terrorisme de devenir un phénomène endémique dans cette région et sa volonté d'éviter que le prétexte de la lutte antiterroriste ne nourrisse les tentations d'ingérence devenues, par les temps qui courent, plus fortes que jamais.


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