Algérie

Vers une normalisation entre Damas, Paris et Beyrouth '



C'est avec l'ambition d'occuper le terrain laissé provisoirement vacant par Washington, avec la fin du mandat de M. Bush, que le président français intervient sur le dossier du Moyen-Orient. La France se transformera ce week-end en carrefour diplomatique de l'Europe et du Proche-Orient, avec une rencontre, aujourd'hui, entre le président syrien, Bachar Al Assad et le président français, Nicolas Sarkozy, qui sera ensuite élargie au nouveau président libanais, Michel Sleiman, suivie, le lendemain, du sommet lançant « l'Union pour la Méditerranée », avec plus de 40 dirigeants. La rencontre franco- syrienne doit consacrer la normalisation des relations entre Paris et Damas, gelées par la France après l'assassinat, en février 2005, de l'ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri.Damas a été accusé d'être derrière cet assassinat, et l'ancien président français, Jacques Chirac, a fait savoir qu'il boycottera la cérémonie du 14 Juillet à cause de la présence de Bachar Al Assad. Selon plusieurs observateurs, Damas effectue ainsi son retour sur la scène diplomatique, malgré les protestations d'opposants au gouvernement syrien et de défenseurs des droits de l'homme, après sa mise en quarantaine par les Occidentaux. Paris dit vouloir « encourager » l'évolution de Damas, après le déblocage de la situation au Liban, marqué par l'élection du président Michel Sleimane. « Les rapports du Liban avec la Syrie sont normaux. Ce serait d'ailleurs une anomalie qu'ils ne le soient pas. En rétablissant le cours des choses avec la Syrie, nous ambitionnons de normaliser les relations entre les chefs d'Etat arabes. Ce serait un honneur pour nous si nous parvenions à jouer un rôle sur ce plan, même s'il est mineur », a estimé le président libanais, avant-hier, à Beyrouth. La rencontre d'aujourd'hui devra, selon plusieurs experts, avoir des objectifs explicites et implicites.Parmi ces objectifs, la coopération dans la mise en place du tribunal international chargé de juger les assassins de Rafic Hariri ' le procès pourrait s'ouvrir en janvier 2009 à La Haye ' l'éloignement de la Syrie de l'Iran et l'affaiblissement de son alliance stratégique, la révision des relations de Damas avec le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien et les rebelles irakiens, ainsi que la reprise des négociations de paix avec Israël autour du Golan occupé. Quant aux critiques déclenchées par la visite en France du président syrien, Nicolas Sarkozy a répondu en saluant, mardi, au sommet du G8, au Japon, la « quasi-unanimité de nos partenaires » sur l'invitation lancée à Bachar Al Assad. « Même nos amis américains (...) ont convenu que c'était quelque chose d'utile. » Le président a ajouté que « des décisions » seraient annoncées à l'issue de cette rencontre. L'une pourrait être une visite en Syrie, déjà largement évoquée dans son entourage, selon l'AFP. Dans un entretien, mardi à l'AFP, Bachar Al Assad s'est réjoui du virage engagé par Nicolas Sarkozy et a estimé que « c'est le changement d'administration en France », avec l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy en mai 2007, qui a motivé le réchauffement des relations franco-syriennes.« Le président (Jacques) Chirac a voulu lier les relations avec la Syrie à ses relations personnelles avec certaines personnalités au Liban. Le président (Nicolas) Sarkozy adopte une approche plus réaliste », s'est félicité le président syrien. Bachar Al Assad a également souhaité que la France joue « un rôle important » dans le processus de paix au Proche-Orient. C'est avec cette ambition d'occuper le terrain laissé provisoirement vacant par Washington avec la fin du mandat du président George W. Bush, que Nicolas Sarkozy réunira, demain, le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, et le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Mais l'état du processus de paix et les agressions israéliennes répétées suggèrent que la rencontre Olmert-Abbas ne devrait pas accoucher de beaucoup plus qu'une poignée de main devant les caméras.


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