Algérie

Vers une normalisation américano-iranienne ?


La discussion sur le programme iranien reprend aujourd'huià Genève. Avec la particularité par rapport aux précédents rounds que lediplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana,qui mène pour le compte de la «Communauté internationale» les négociations, seracette fois «flanqué» de la présence d'un haut diplomate américain, en lapersonne du sous-secrétaire d'Etat en charge des affaires du Moyen-Orient, WilliamsBurns.

C'est la première fois qu'un responsable américain de sihaut rang s'assoit à la table de négociation avec les Iraniens. Lesobservateurs voient en cet événement les prémices d'une évolution dans laposition de Washington, qui s'est jusqu'alors refusé à tout contact direct avecTéhéran. Au moins sur le dossier nucléaire, puisque l'administration Bush n'apas hésité à le faire concernant la crise irakienne pour tenter de persuaderles autorités de Téhéran d'user de leur influence dans ce pays afin d'isoler lamouvance qaïdiste de la résistance à l'occupationétrangère. Washington a émis un autre signe qui conforte l'avis de ces mêmesobservateurs que les Etats-Unis cherchent à établir un nouveau rapport avec la République islamiqueiranienne. Il a consisté à faire savoir que les Etats-Unis sont disposés àrétablir le contact sous la forme de l'ouverture à Téhéran d'une «section desintérêts américains» et d'une liaison aérienne entre les deux pays.

Venant de la part d'une administration dont toute lastratégie a consisté à isoler internationalement le régime iranien et àpréparer ostensiblement l'opinion américaine et internationale à des frappesmilitaires contre ce pays, l'on ne peut qu'être dubitatif à l'endroit de sasoudaine volonté d'ouverture à son égard.

Faut-il en effet donner crédit à la thèse selon laquelle, encette période finissante de l'administration Bush, son aile modérée, représentéenotamment par la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, aurait damé le pion aux «faucons» ayant survécu audésastre de l'aventure irakienne en persuadant le Président américain àrenoncer à engager une guerre contre l'Iran, dont les conséquences serontinévitablement encore plus catastrophiques aussi bien pour les intérêts et la sécurité nationale des Etats-Unis, que pourla région du Moyen-Orient, théâtre d'enjeux stratégiques colossaux ? Ou faut-ilcroire ce même George W. Bush qui a répété récemment qu'il a toujours sur sonbureau «toutes les options» auxquelles son pays pourrait recourir à l'égard del'Iran, dont celle évidemment de l'action militaire ? De la part de Bush, quela présidente démocrate du Sénat américain, Nancy Pelosi,vient de qualifier férocement «d'imbécile et de raté qui n'a pas d'idée», l'onne peut exclure que la main tendue par son administration au régime des mollahsne l'est que pour endormir la vigilance de celui-ci, alors qu'elle préparerait,en connivence avec l'allié israélien, les frappes militaires destinées àdétruire les infrastructures du programme nucléaire iranien.

L'Amérique de Bush a prouvé qu'elle ne recule devant aucunsubterfuge, aucun mensonge, fussent-ils les plus grossiers.Ce n'est pas, à moins de six mois de sa fin de règne, qu'elle a décidé des'acheter une nouvelle conduite.


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