Algérie

Vers une mosaïque inédite



Rendez-vous jugé cardinal dans le parachèvement de l'édifice institutionnel du pays, le scrutin du 12 juin prochain peine à offrir une lisibilité sur la configuration de la future assemblée nationale. La marge de projections plausibles quant à la composante de l'APN se trouve réduite à des supputations qui sont loin de corroborer la réalité du terrain, marquée par le rejet des élections par la rue et, partant, la récusation des quelque 20 000 candidats qui peuplent la kyrielle des listes ; une inflation inédite.Une première depuis l'indépendance qui intervient dans une conjoncture exceptionnelle faite de tensions et d'appréhensions après la répression du hirak. Ce qui ne manquera certainement pas d'affecter davantage l'adhésion de la majorité du corps électoral à cette échéance.
A l'instar des rapports de force des formations politiques et des groupes parlementaires qui seront appelés à cohabiter dans l'hémicycle, le taux de participation à ces joutes est, en effet, l'une des grandes inconnues de l'équation législative. L'abstention qui se profile à l'horizon de ce 12 juin laisse présager, en effet, que l'on se dirigerait vers une assemblée mosaïque. Et au regard des discours de campagne des uns et des autres, mettant en avant l'aspiration au "changement", "le rajeunissement" et l'édification de "l'Algérie nouvelle", l'adoption du programme présidentiel par une majorité des futurs députés ne serait qu'une simple formalité.
Mais, d'emblée, ce qui retiendra l'attention au lendemain du 12 juin ne sera autre que la hiérarchisation qui sera accréditée par ce vote aux partis de la mouvance dite nationaliste que sont notamment le RND et le FLN, copieusement relégués à la disgrâce populaire par la majorité des Algériens depuis le soulèvement populaire du 22 février 2019, les formations islamistes connues pour leur entrisme et leur propension à adapter leurs discours au gré des conjonctures et les indépendants en déficit d'ancrage populaire et/ou de formation politique et idéologique. Le RND comme le FLN n'auront a priori d'autre choix que celui de tisser une alliance, presque "génétique", à l'image de ce que fut "la majorité présidentielle" de la défunte assemblée.
Dans le même sillage, une ligue adossée au conservatisme prôné aussi bien par le FLN et le RND que par les partis islamistes, n'est pas écartée puisqu'elle servira les ambitions des uns et des autres dans le futur gouvernement. Le prétendu ancrage du couple RND-FLN essuiera à coup sûr les contrecoups de "la discipline" électoraliste des islamistes qui tâcheront de remobiliser leurs sympathisants qui auront, cette fois-ci, une troisième voix à explorer. Celle des listes indépendantes qui représentent plus de 60% de prétendants à la députation et qui risquent, contre toute attente, de créer la surprise dans certaines circonscriptions électorales.
Certes, un bon nombre des listes indépendantes recèlent des caciques de l'ancien système qui sont d'ores et déjà décriés par les électeurs potentiels, mais il demeure néanmoins que le critère de la jeunesse est mis en avant par la majorité des postulants. Cependant, la plupart ne sont pas rompus à la chose politique et encore moins aux arcanes du pouvoir. Un handicap qui risque de faire des néo-députés une proie facile dans le jeu des coulisses et des alliances dans le parlement. D'autant plus que la perspective de soutenir et d'accompagner le programme du président de la République semble être l'apanage de la quasi-majorité des indépendants. Un exercice dans lequel excellent les gourous et caciques en présence.

Kamel Ghimouze


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