«Nous sommes un partenaire social et pas des ennemis (des pouvoirs publics)», clame à haute voix, un représentant syndical des travailleurs communaux. Empêchés de se rassembler devant le Palais du gouvernement, les membres du Conseil national du secteur des communes (Cnsc) se sont retrouvés encerclés par les forces de l'ordre au niveau de la Grande Poste d'Alger. «L'appel au rassemblement a réuni quelque 250 cadres syndicaux. Ce sont des secrétaires généraux et des représentants de wilaya. On nous a empêchés de tenir notre rassemblement devant le Palais (du gouvernement)», s'indigne Ali Yahia, président du Cnsc affilié au Snapap. Indignés, la quarantaine de manifestants d'hier l'étaient pour plusieurs raisons. D'abord, par l'interdiction de manifester sous les fenêtres du Premier ministre. Ensuite, par ce qu'ils qualifient de «mépris» de la part de leur tutelle (ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales) par l'absence de dialogue. Et, plus encore, par leurs conditions socioprofessionnelles qu'ils qualifient d'«esclavage des temps modernes». «Cela fait trois ans qu'on nous parle de la révision de nos statuts particuliers et de nos régimes indemnitaires. Avant le mois de Ramadhan, la tutelle avait annoncé qu'ils étaient prêts ; l'Aïd El Adha arrive et rien ne s'est passé», déplore un syndicaliste qui revendique du concret et dénonce l'attitude de la tutelle qui «fait des annonces sans lendemain.»
«Je demande au ministre de l'Intérieur d'avoir l'audace de suivre l'exemple de celui de l'Education nationale, qui a eu l'impudence de dévoiler les fiches de paye des enseignants, en affichant les nôtres», réclame un manifestant. Et les témoignages fusent. Des salaires de 13 000 DA au bout de 11 ans de travail. Des «cadres» issus de l'université, recrutés dans le cadre du pré-emploi et du volet social, payés en dessous du SNMG. «Ils sont entre 200 000 et 300 000 (sur un demi-million de travailleurs communaux) à être rémunérés en dessous du salaire minimum», atteste Ali Yahia. Une prime de guichet à 145 DA. 12 000 DA pour les travailleurs de l'hygiène publique. Un salaire moyen de 9 000 DA. Des «retraitables» qui font la manche. Une retraite à moins de 8 000 DA. «On a peur pour nos enfants. On n'arrive pas à subvenir à leurs besoins. Et les fléaux sociaux les guettent», se désole Kerkour Noureddine, secrétaire général du Cnsc de Béjaïa. Au sujet des récentes décisions prises lors de la tripartite (gouvernement, UGTA, patronat), le syndicaliste dénonce leur marginalisation. «On n'a pas été associés», dit-il, précisant que la révision à la hausse du SNMG (à 18 000 DA) arrange les hauts fonctionnaires de l'Etat. «Leurs salaires évoluent en fonction du SNMG. Le plus gros impact, c'est eux qui en profitent», poursuit-il. Le rassemblement d'hier du Cnsc se voulait un acte symbolique sanctionnant la tenue d'une grève de trois jours au niveau des APC pour attirer l'attention du Premier ministre sur leur secteur. Le mouvement de débrayage, suivi à 70%, selon le président du conseil, a commencé le 23 octobre dernier. Sur la suite à donner au mouvement, une réunion du conseil est prévue pour aujourd'hui. «Nous sommes prêts pour une action de grande envergure. S'il le faut, on va présenter une démission collective. Et qu'ils organisent leurs législatives seuls s'ils le peuvent», peste un manifestant. Les travailleurs communaux revendiquent essentiellement la publication de la révision des statuts et des régimes indemnitaires, avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008, et l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 relative aux relations de travail.
S. A.
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Posté Le : 25/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samir Azzoug
Source : www.latribune-online.com