Algérie

Vers un retour au calme ''



Les masques tombent, un à un, et l'on peut dire sans risque de se tromper que c'est la peur qui a déclenché ce qui se passe aujourd'hui. Au fond, c'est un bien pour un mal devenu nécessaire derrière l'absurdité des euphémismes, des contre-vérités et des demi-mots. Tous les mots, ainsi que les maux (?), commencent à voir le jour, et il suffit de savoir décrypter pour mesurer combien les déguisements ont pu leurrer durant ce long bal masqué. Et, en disant la peur, ce sont en fait les peurs qui parlent d'elles-mêmes aux citoyens longtemps bernés par des perspectives floues. Maintenant, le dessin est clair après le «je vous ai compris» du président sortant et partant pour un cinquième round, empli d'incertitudes. Ces peurs, qui sont politiques, économiques, sociales et générationnelles, ont fait perdre le nord, et certains en ont oublié même où ils habitaient. Ils ont oublié qu'ils résident au pays qui s'est habitué à l'inertie pendant que son peuple vivait en totale déphasage avec un personnel politique loin de le représenter dignement.A partir de là, les masques se sont multipliés et on en est arrivé à une crise complexe, reconnue par un système qui compte limiter les dégâts avec la promesse d'une nouvelle République. Ça passera par un long processus incluant des élections sereines, un engagement à organiser une grande conférence nationale inclusive qui débouchera sur un référendum populaire et une élection présidentielle anticipée. On en est encore loin, et ça n'est pas une effervescence supplémentaire qui va nous en rapprocher. L'immense usine, tant institutionnelle que socio-économique, a besoin de turbiner afin de garantir ce à quoi aspire la protesta citoyenne du moment. Et il est indéniable que c'est dans un contexte apaisé que naîtra la nouvelle République. Récemment, le titre de cette modeste chronique tirait : «La fawdha serait désastreuse», et, au risque de se répéter, l'anarchie stopperait net l'usine socio-économique du pays. Aussi que les masques tombent, on s'en réjouit, que les reconnaissances du ventre s'évaporent au fil des retournements de veste, on en rigole, mais de grâce, qu'on nous évite un remake de janvier 1992 et ce processus électoral biaisé. La nouvelle génération ne l'a pas connu, mais le pays en aura payé chèrement le prix. Inutile de remuer le couteau dans la plaie qui lui a valu de multiples meurtrissures.
Rappelons seulement qu'il en est sorti, non pas grâce aux «Aâleyha nahya» ou aux «One, two, three», mais plutôt par une prise de conscience dynamique. Aujourd'hui, l'Algérie se trouve à la croisée des chemins, à un rendez-vous majeur avec son destin. Elle n'a nullement besoin de réactions violentes, de forces de sécurité déployées dans les rues et boulevards. Elle a juste besoin de paix sociale pour pouvoir digérer sereinement ce qui lui arrive. Et ce qui lui arrive devrait être fêté au lieu d'être chahuté par des rejets mal appropriés à l'heure où il semble qu'il y ait purge au sein des serpents portant masque patriotique. Ces masques tombent un à un. De plus, il est dit dans un proverbe populaire que «le serpent a beau courir, il ne va pas plus vite que sa tête». Certes, il faut se méfier encore ne serait-ce que d'une chenille. Mais, avec de la jugeote, n'est-il pas possible d'envisager un juste retour au calme ' Le petit doigt optimiste nous dit que oui?


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