De notre correspondant à Paris
Merzak Meneceur
La longue et parfois ennuyeuse, par l'aspect répétitif des discours, de la campagne électorale du premier tour de l'élection présidentielle française, touche à sa fin. Dimanche prochain, au soir, seront connus les noms des deux prétendants qui resteront en lice, sur les dix au départ, pour le deuxième tour, le 6 mai, qui élira le nouveau chef de l'Etat pour cinq ans. Au regard de la pléthore des sondages réalisés depuis des semaines, il semble qu'il n'y a pas de suspense concernant les vainqueurs de ce tour qualificatif. Le président sortant, Nicolas Sarkozy, et le candidat socialiste, François Hollande, sont largement en tête, oscillant entre 27% et 29% d'intentions de vote avec, presque toujours, le second nommé en tête. Derrière, ce qui est important pour le second tour et ses reports de voix, c'est Marine Le Pen, Front national, et Jean-Luc Mélenchon, Front de gauche, qui se disputent la troisième place, avec des intentions de vote aux alentours des 15%-17%. Cette situation démontre que le parti d'extrême-droite est enraciné durablement dans la société française, ce qui est un échec de Sarkozy, qui prétendait marginaliser le courant politique porteur d'une idéologie dangereuse, et de toute la classe politique française qui montre son incapacité à détourner les citoyens de ce courant qui gère l'immigration, l'étranger et l'insécurité comme un fonds de commerce électoral. Par contre, la présence de Mélenchon dans ce quatuor de tête est une surprise. Crédité il y a quelques mois de 4%, le candidat de l'alliance entre le Parti communiste et le Parti de gauche, fait une excellente campagne qui démontre que les forces anticapitalistes agissant pour une transformation sociale en rupture avec l'ordre dominant, demeurent présentes dans le tissu social français qui perpétue ainsi la tradition révolutionnaire française, donnée pour morte et enterrée par les tenants du capitalisme éternel.Au cours de cette campagne, qui se durcit pour ses derniers jours, Sarkozy qui ne fait guère état de son bilan de cinq ans de présidence, jugé négatif, qui est porteur d'un programme plutôt insignifiant, jette ses dernières forces dans la bataille en jouant sur son image de chef de l'Etat qui a fait front à la crise, qui promet un deuxième mandat différent du premier et, ce qui est classique chez la droite, tente de convaincre les électeurs que c'est lui ou le chaos avec les socialistes. Il mène une campagne qui est discutée même dans ses rangs avec ses adresses tantôt à l'extrême-droite, avec toutes ses dérives, tantôt aux électeurs du centre, qui souhaitent plus de social et d'humanisme dans son programme. Mais, sa combativité, sa détermination et ses arguments, pas toujours «fair-play», comme prêter à Hollande des engagements qui n'existent pas dans son programme, destinés à faire peur, et la volatilité d'une frange de l'électorat, lui permettent de croire encore en ses chances de rester au Palais de l'Elysée pour un nouveau bail.Outsider au départ devenu favori, tous les sondages portant sur le second tour le donnent largement favori face à Sarkozy, entre 53 et 57% de voix en sa faveur, Hollande mène une campagne basée sur ses soixante propositions et ses promesses de faire plus de social, de s'attaquer aux forces du marché, à «la finance folle» qui a pris le primat sur le politique, et de relancer la croissance. Lui évoque et attaque le bilan de Sarkozy, en rappelant souvent que son mandat présidentiel se conclut par des avantages fiscaux accordés aux riches, un million de chômeurs supplémentaire et plus de 600 milliards d'euros de dette publique supplémentaire.Cette dette publique, qui dépasse aujourd'hui les 1 700 milliards d'euros, et le déficit budgétaire nettement au-dessus des 4%, constituent des contraintes objectives qui réduiront les marges de man'uvre du futur président. Sans une nouvelle politique fiscale plus juste et une relance de la croissance, il n'y a point de salut, ni moyen de desserrer cet étau et donner de nouvelles ambitions à la France. La politique de rigueur sans croissance pour réduire la dette publique et faire reculer le déficit budgétaire conduirait à une baisse de la consommation qui ouvrirait la voie à la récession, d'autant que le commerce extérieur connaît un déséquilibre devenu structurel, plus de 70 millions d'euros en défaveur de la France en 2011.
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Posté Le : 16/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M M
Source : www.latribune-online.com