Algérie

Vers un baril à 50 dollars '



Jusqu'à hier, vendredi, la forte baisse des prix de référence des deux barils de pétrole, le Brent et le WTI, se confirmait en raison principalement de l'inquiétude suscitée par un excédent de l'offre, au moment où l'activité économique mondiale tarde à retrouver le niveau prédit au sortir de la première vague de contaminations.Jusqu'à jeudi en fin de séance sur les deux marchés principaux, le Brent et le WTI ont perdu respectivement 5,4% et 6,8% de leur cours, pour demeurer sur la lancée du mois de septembre, lors duquel le pétrole a connu son premier mois de baisse depuis avril. Une tenue du marché qui va à l'encontre des prédictions de toutes les analyses d'il y a deux à trois mois, celle du ministre algérien de l'Energie comprise. La persistance et le retour de la pandémie étant évidemment un facteur essentiel de l'allure prise par la demande au moment où l'offre a commencé à prendre de la hauteur, notamment en septembre, tel que le montrent les données d'IHS Markit, le cabinet américain d'information économique. Selon ce dernier, les pays de l'Opep et leurs alliés menés par la Russie dans le cadre d'Opep+ ont augmenté leurs exportations maritimes à 22,4 millions de barils par jour (mb/j) en septembre, contre 22,11 mb/j en août, tout en demeurant dans les limites fixées par l'accord d'avril. Les pays de l'Opep, à eux seuls, ont expédié le mois dernier 18,2 mb/j, contre 17,53 mb/j en août, selon la même source. Des cargaisons de pétrole qui ont ainsi permis au leader de l'Opep, l'Arabie Saoudite, de se remettre des creux accusés en juin, lorsqu'il expédiait moins de 5 mb/j, en acheminant par voie maritime 6,25 mb/j en septembre, c'est-à-dire pas loin du niveau d'exportation d'avant la crise.
De son côté, l'autre leader d'Opep+, la Russie, a exporté en septembre 3,59 millions de b/j en septembre, soit 7 mille barils de plus quotidiennement qu'en août. Si l'on doit se fier à une enquête de Reuters, la production de l'Opep en septembre a augmenté de 160 000 barils/jour comparée à celle du mois précédent et, selon des sites d'information spécialisés, c'est une augmentation de la production due à la Libye et l'Iran, deux pays exemptés des quotas de production. De quoi «reporter» le rééquilibrage du marché, donc une remontée des cours, d'autant que les facteurs augurant le report du retour à une activité économique autrement plus dynamique persistent, comme l'attestent les décisions de licenciement auxquelles ont été contraintes les grandes compagnies aériennes de par le monde. Ceci, sans parler des «flops» des vaccins annoncés contre le Covid-19. Une réalité du marché qui, toutefois, n'altère pas l'optimisme de certains spécialistes qui, comme le ministre algérien, Abdelmadjid Attar, s'attend, d'ici la fin de l'année, à voir le baril de Brent se rapprocher des 50 dollars.
En effet, lors de la conférence du Financial Times sur les matières premières, il y a trois jours, on pariait sur un baril entre 45 et 50 dollars fin décembre.
Une baisse de la demande n'implique pas nécessairement une baisse des cours, prévient Pierre Andurand, un spécialiste de l'or noir dont l'avis rejoint celui d'un expert de Gunvor, l'entreprise spécialisée dans le commerce, le transport et le stockage de produits pétroliers et autres produits issus de l'industrie pétrolière, qui explique que «le pétrole a toujours été cyclique, les prix bas d'aujourd'hui vont engendrer des sous-investissements et préparent le terrain à des prix plus élevés dans les cinq ans qui viennent». De quoi maintenir l'optimisme, même si la pandémie est en train de jouer avec les nerfs d'un marché qui ne s'est peut-être jamais révélé aussi susceptible que depuis que le coronavirus est apparu.
Azedine Maktour


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