Algérie

Vers le retour de la protestation dans les universités



Vers le retour de la protestation dans les universités
«L'absence de visibilité quant au projet de société que devait accompagner le LMD a précipité son échec», estime le coordinateur national du CNES l Les enseignants veulent une réforme adaptée à la réalité socioéconomique du pays.Retour de la protestation dans les campus. C'est inévitable, du point du vue du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), qui tiendra son conseil les 8 et 9 janvier prochain, «afin de dégager un calendrier d'actions en vue de dénoncer la situation de déliquescence générale dans laquelle se débattent les enseignants et l'université depuis quelques années», soutient Abdelmalek Rahmani, coordinateur national du CNES. Bien que le ministère ait exprimé «sa disponibilité» au dialogue autour de la plateforme de revendications socioprofessionnelles, le marasme est tel qu'il est urgent d'ouvrir «un débat plus large sur le mal qui touche l'université et dont l'issue doit concerner tous les intervenants ainsi que toute la classe politique».M. Rahmani, qui vient de tenir une réunion avec les responsables du secteur, estime que «l'université est aujourd'hui dans une impasse». Pour en sortir, il préconise un large débat sur le type d'université et le projet de société devant l'accompagner. Le constat du CNES, 9 ans après le lancement du système LMD, est critique et les mouvements de protestation que connaissent tous les pôles universitaires du pays ne sont que les témoins des insuffisances relevées dans son application. «Il faut marquer aujourd'hui une pause et se demander quels sont les facteurs réels de cet échec en passant en revue les conditions dans lesquelles a été prise la décision d'appliquer ce système.A-t-on donné les moyens nécessaires pour le réussir ' Il est également temps de rompre avec les anciennes pratiques où des décisions sont prises sans consultation et sans tenir compte des conditions réelles '» a-t-il déclaré. Pour le LMD, le coordinateur national du CNES affirme que «l'absence de visibilité quant au projet de société qu'il devait accompagner a précipité son échec». M. Rahmani est cependant clair : il ne s'agit pas de rompre avec le LMD, mais de le revoir de manière à l'adapter aux besoins locaux et d'en corriger les insuffisances relevées depuis son lancement en Algérie. Il a dit à ce sujet : «Supprimer le LMD aussi hâtivement sans débat ni consultation des spécialistes serait une aussi grosse erreur que son introduction par décision unilatérale.» Le CNES dénonce une «gestion chaotique, confuse, confiée, dans beaucoup de cas, sur des bases clientélistes, ne répondant nullement à des considérations de transparence et de compétence».PrécaritéLe syndicat réitère sa revendication concernant la démocratisation de la gestion qui ne peut se concrétiser sans passer par l'élection des premiers responsables des universités. Parmi les dossiers remis sur la table des négociations entre le syndicat et la tutelle, figure celui du logement. Le CNES a, rappelle-t-on, arraché une promesse en 2007 au président de la République quant à l'attribution d'un quota destiné aux enseignants universitaires. Selon le CNES, ce projet, qui suscite «des convoitises de certains cercles clientélistes et de certains lobbies», n'est qu'à 10% d'avancement. Le CNES déplore en outre une situation socioprofessionnelle «complexe», caractérisée par des «salaires laminés par une inflation galopante qui réduit en miettes le pouvoir d'achat des enseignants».Ces derniers revendiquent une revalorisation de leurs salaires, sachant que celui de maître-assistant ne dépasse pas 42 000 DA. Le déploiement des enseignants fait face aussi à beaucoup d'insuffisances, vu que les effectifs ne répondent pas aux exigences. «Les enseignants sont réduits, eux aussi, à gérer les flux des étudiants avec les conséquences qu'on sait sur le niveau», constate le CNES qui rappelle que près de 50% des effectifs sont des vacataires, dont une partie est détentrice de licence. Le déficit en enseignants universitaires sera de 15 000 en 2017, selon les estimations du CNES.




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