Algérie

Vers le confinement de l'usine '



Vers le confinement de l'usine '
Face au manque d'initiative politique, l'on estime que beaucoup de personnes ont développé des cancers suite à 31 ans de rejets d'amiante à l'air libre.
Concernant le désamiantage et la déconstruction de ce qui reste de l'usine d'amiante de Bordj Bou Arréridj, les avis divergent entre les partisans d'un confinement total (riverains, associations anti-amiante et environnementales, anciens employés de l'usine) et ceux qui jugent l'opération superflue et/ou impossible techniquement. Parmi ces derniers, figurent hélas de nombreux anciens ouvriers de l'usine. Désormais, comme le rappellent assez bien les riverains, la nécessité d'un confinement total est plus que souhaitable pour stopper à tout prix la dispersion des fibres d'amiante.
Un appel d'offres national et international a été lancé dans le but de trouver un bureau d'étude et une entreprise qui devra proposer une solution à ce véritable poison qui affecte l'air de la ville de Bordj Bou Arréridj.
Selon nos informations, pas moins de 11 bureaux de France, Belgique, Espagne, Turquie, Italie et des locaux spécialisés dans le désamiantage, sont venus soumissionner. Une enveloppe de plus de 150 milliards de centimes a été allouée à cette opération.
Pour rappel, l'usine d'amiante de Bordj Bou Arréridj a été mise en service en 1976 et fermée en 2007.
Durant cette période d'activité, cette usine qui s'étend sur une superficie de 20 ha, dont 1,26 bâtis, et avait produit 50 000 tonnes/an, dont 15% d'amiante comme matière première, avait génère plus de 31 ans de déchets qui ceinturent principalement la périphérie de la ville sur lesquels des constructions privées reposent en ce moment. Un mal endormi qui risque de se réveiller à n'importe quel moment si l'on sait que la boue d'amiante issue des bassins de décantation est estimée en terme de teneur à 1 000 tonnes/an. Ces déchets ont été, pendant un certain temps, évacués vers la décharge publique et, parfois, dans la nature.
Actuellement, une quantité importante, plus de 40 000 tonnes (déchets comportant entre 8 et 15% d'amiante), est stockée au sein de l'unité, constituant ainsi un danger réel pour les habitants de la ville de Bordj Bou Arreridj et ceux des agglomérations régions limitrophes, la Gare, les 12 Hectares, Essaâda, 560 Logements, etc. Même la banlieue est touchée car la fibre maudite peut voltiger sur un rayon de 30 à 40 km.
Des déchets empoisonnants lâchés dans la nature
Pour les spécialistes et quelques anciens ouvriers de l'usine, le problème ne réside pas seulement dans les 40 000 tonnes à l'intérieur de l'usine et qui vont être confinés sur place mais ces milliers de tonnes enfouis et jetés dans l'air en dehors de l'unité. «La dépollution zéro en matière d'amiante n'existe pas», disent les techniciens. D'autres ont émis des critiques. Selon eux, «si on laisse dans le terrain de l'amiante enterré, ce sera un danger pour les générations futures. Les associations de riverains et victimes de l'amiante expriment leur désaccord, réclamant une dépollution en profondeur, autrement dit à plusieurs mètres sous terre. Le deuxième problème engendré par cette usine est celui de la santé publique».
La ville de Bordj Bou Arréridj est classée parmi les villes les plus touchées par le cancer sous toutes ses formes. Sur les 350 ouvriers qui travaillaient dans cette usine, une quinzaine sont morts d'un cancer, et une autre partie des employés lutte contre cette maladie, nous dit-on.
Tous les employés sont unanimes et montrent que l'exposition à l'amiante y a été courante et sans aucune protection. «Sur la question de l'amiante, tout le monde a fermé les yeux, l'Etat en premier, qui a mal légiféré. L'ERCE n'était alors qu'une entreprise locale, elle a suivi la réglementation. En plus de ne pas posséder le matériel de protection nécessaire (respirateurs spéciaux, lunettes de sécurité, gants et vêtements protecteurs), les travailleurs de cette unité n'auraient pas droit aux normes minimales prescrites par les scientifiques: amiante enrobée dans des emballages étanches, procédés humides, ventilation adéquate avec filtration et nettoyage régulier», nous dira le représentant des retraités, M. Saïdani.
L'autre affaire que soulèvent les anciens de l'usine est celui du matériel et les machines vendus sans être désamiantés. «Il faut récupérer ce matériel pour le désamianter», demandent-ils. Mais ce qui est le plus choquant pour eux est le fait de fermer leur usine qui produisait de la tuile en amiante et d'autoriser l'importation du produit d'ailleurs. «Comment ferme-t-on nos usines de ciment-amiante d'un côté pour leur dangerosité, pour importer des produits finis d'amiante '» se demandent-ils. «A quoi va servir cette opération de désamiantage et d'enfouissement de l'usine si en parallèle on importe des produits qui contiennent ce poison», ajoutent-ils.
Pour rappel, la fabrication, l'importation et la commercialisation de tout type de fibre d'amiante et des produits qui en dérivent ou en contiennent sont interdites, indique un décret exécutif publié dans le journal officiel n° 59 du 14 octobre 2009. Ce texte réglementaire, daté du 8 octobre 2009, modifie l'article 3 du décret exécutif d'avril 1999 relatif à la prévention des risques liés à l'amiante.




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