"Les produits du terroir sont chargés d'une connotation affective et nostalgique combinant tradition, idéalisation du passé, goût et convivialité."L'Institut de technologie moyen agricole spécialisé de Boukhalfa, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a abrité hier une conférence-débat animée par Madani Khoudir, professeur et chercheur à l'université de Béjaïa, sur la transformation des produits du terroir. Le conférencier a, d'emblée, fait une rétrospective du concept "produit terroir" en se demandant "s'il est une simple invention du marketing moderne qui s'approprie un produit, souvent agroalimentaire, réellement encastré dans un terroir, depuis la nuit des temps '" ou encore "est-il une notion postmoderne qui exprime en même temps l'angoisse devant la massification imposée par la globalisation et l'aspiration à un autre type de modèle sociétal '"
Dans ce sillage, Madani Khoudir dira que "les produits du terroir sont chargés d'une connotation affective et nostalgique combinant tradition, idéalisation du passé, goût du plaisir et convivialité". Toutefois, a-t-il dit, "malgré cette idéalisation du passé, rien ne permet d'affirmer que les produits d'autrefois étaient meilleurs que ceux d'aujourd'hui. Actuellement, tout le monde dispose de produits d'une qualité certaine, parce que les recherches scientifiques améliorent la qualité des matières premières et les chercheurs travaillent aussi à la rénovation des procédés traditionnels".
L'orateur expliquera qu'"avec la mondialisation, du côté de l'offre, l'agriculture devient une activité économique à localisation précaire soumise au redéploiement et à la globalisation de la chaîne de l'industrie agroalimentaire, ce qui conduit à la massification et à la standardisation des produits, engendrant ainsi une perte de diversité des intrants agricoles et une perte de diversité des produits agroalimentaires" alors que paradoxalement, a-t-il souligné, "du côté de la demande, l'exacerbation de la concurrence internationale place la qualité et l'authentification des produits au centre des préoccupations des consommateurs".
Au niveau local, Madani Khoudir affirmera que la Kabylie est une partie de l'Algérie qui dispose le plus des produits de la terre qui peuvent devenir des produits labellisables. "L'Etat a déjà l'intention de labelliser une soixantaine de produits qui, honnêtement, n'existent qu'en Kabylie dont les habitants sont réputés pour la maîtrise des procédés de transformation de ces produits qui peuvent devenir une source économique d'une importance majeure pour l'emploi rural et le développement intellectuel des gens." Enfin, le conférencier insistera sur l'importance de restituer le savoir-faire, après avoir souligné qu'"en Kabylie, l'ancien colonisateur avait fait un vrai travail de mémoire sur ce que faisaient nos grands-parents avant que le colon ne décide d'opter pour une colonisation de masse. Et ce travail de mémoire, il faut aujourd'hui le restituer à la mémoire populaire".
K. Tighilt
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 28/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Tighilt Kouceila
Source : www.liberte-algerie.com