Algérie

Vers la construction d'un «outil de lutte permanent»


L'université n'a jamais déserté le terrain des luttes sociales et politiques, malgré la volonté du pouvoir de museler la voix de l'étudiant par un dispositif juridique interdisant les conférences à caractère politique dans les établissements publics depuis 2016, et ce, grâce à des militants avant-gardistes enrôlés dans le cadre des organisations estudiantines qui vivent au rythme des bouleversements que subit la société et auxquels ils sont sensibles.Après la marche pacifique qui a été marquée par un franc succès sur le plan organisationnel et de la mobilisation de toutes les franges de la société, lundi dernier, médias et observateurs s'interrogent sur l'avenir de ce mouvement qui s'est soulevé contre le rejet, par la majorité parlementaire, de l'amendement en faveur de la promotion de la langue amazighe et contre la loi de finances 2018.
Quelle suite pour le mouvement ' Le silence du gouvernement ne donne pas le choix aux étudiants de la Coordination locale des étudiants (CLE) de Béjaïa qui compte élargir sa base et se renforcer. La CLE, une organisation jusqu'ici «conjecturelle», s'est mise en place à chaque fois que cela était nécessaire.
Le plus souvent, les étudiants se manifestent dans le cadre de cette organisation lorsqu'il s'agit de revendiquer l'amélioration des conditions sociales et pédagogiques dans les campus et les résidences universitaires. Mais aussi, elle va au-devant de la scène politique lorsque les droits et les libertés collectives et individuelles sont bafoués ou menacés.
Composée d'une dizaine de comités, de résidences et de départements ainsi que d'associations culturelles évoluant à l'université, elle est chapeautée par un groupe de représentants des étudiants capables de fédérer toutes les sensibilités politiques et les courants idéologiques pour converger vers un seul objectif et l'adoption d'un discours unique. C'est cette capacité d'organisation qui a donné lieu, lundi dernier, à la marche pacifique qui a drainé des centaines de milliers de marcheurs dont des syndicalistes, des représentants de la société civile, des partis politiques, ainsi que des lycéens et des collégiens.
«Nous avons toujours demandé la prise en charge matérielle et financière de tamazight. Cela veut dire que le gouvernement doit augmenter le budget consacré à la promotion de cette langue et au secteur de l'éducation, de manière générale. Car la promotion de tamazight implique aussi de nouveaux postes de travail, un budget pour la production intellectuelle et la recherche», de l'avis d'un étudiant actif au c?ur du mouvement.
Pour lui, la dernière marche n'était qu'une première étape. «Le but recherché est de faire appel à tous les segments de la société pour adhérer à cette cause où la question de la promotion de tamazight est intimement liée à la loi de finances 2018 qui est antipopulaire», ajoute-t-il. Son camarade analyse que «les gens doivent prendre conscience qu'à partir de janvier, une période très difficile nous attend et les retombées de la LF-2018 seront dramatiques sur les couches les plus démunies de la société».
Selon ce dernier, «il est impératif, toutefois, de renouveler les structures estudiantines au niveau de toutes les universités algériennes avant de réorganiser la Coordination nationale des étudiants (CNE) et la redynamiser pour en faire un outil de lutte permanent et ponctuel». A ce propos, notre vis-à-vis affirme que la CLE de Béjaïa est en contact permanent avec celles de Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès, Biskra, Batna, entre autres.
Qu'en est-il de la grève qui a paralysé l'université de Béjaïa durant près de deux semaines ' «Je pense que nous allons vers la réouverture des portails. Mais en même temps, nous allons profiter de cette semaine qui reste avant les vacances pour organiser des conférences de sensibilisation autour de la cause amazighe et l'analyse de la loi de finances-2018 afin que lon puisse mettre en place de nouveaux mots d'ordre. Cela sera une occasion à saisir pour braver l'interdit en organisant des conférences dans l'enceinte de l'université», conclut-il.
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