Algérie

Vers l'expulsion collective des commerçants



Vers l'expulsion collective des commerçants
L'assiette de terrain abritant les 180 échoppes, qui est mitoyenne du Conseil constitutionnel et la Cour suprême, sera récupérée pour utilité publique.Le compte à rebours a commencé pour les attributaires d'échoppes du centre commercial d'El-Biar ! En effet, ces derniers ont été sommés d'évacuer illico presto les lieux par la wilaya d'Alger, à la faveur d'une note adressée par voie de huissier : "L'expulsion collective du centre commercial d'El-Biar répond à l'impératif d'une utilité publique, dont l'avant-projet de la DTP de la wilaya d'Alger projette l'élargissement du boulevard du 11-Décembre-1960 et de la RN 36 qui assure la jonction d'El-Biar vers Ben Aknoun", a déclaré Labdellaoui Mohamed, le maire d'El-Biar. Pour ce qui est de l'opinion des attributaires, celle-ci est fataliste ! "Ceci n'est que l'issue, certes, malheureuse après une harassante et coûteuse procédure de justice qui a été favorable à la chancellerie qui a de tout temps revendiqué l'assiette de terrain qu'est mitoyenne à d'autres institutions judiciaires." Et depuis, l'expulsion plane telle une épée de Damoclès sur les têtes des tenanciers d'échoppes, qui s'attendent à voir surgir d'un moment à l'autre le défilé des bulldozers. Inauguré en 1985 au boulevard du 11-Décembre-1960 à El-Biar, le centre commercial se voulait un palliatif à l'emploi de jeunes chômeurs d'El-Biar !D'où l'octroi de 158 échoppes selon les bénéficiaires, 180 magasins, selon le maire d'El-Biar à l'avantage d'enfants de chouhada, d'authentiques moudjahidine et d'anciens condamnés à mort de la commune d'El-Biar pour le modique loyer de 300 DA/mois. Seulement, le montant de la location a été revu à la hausse en 1999 pour atteindre le prix mirifique de 9000 DA, a-t-on appris des bénéficiaires d'échoppes qui ont "invalidé" une décision qu'ils jugent impopulaire, eu égard à son caractère unilatéral. B. Bilal, que nous avons rencontré au seuil de sa boutique, est l'un de ces bénéficiaires, qui vit, à l'instar de S. Kamel et tant d'autres tenanciers, dans l'incertitude de lendemains qui déchantent.Et pour cause, le moral est au plus bas à la suite du refus d'un dédommagement pour un fonds de commerce qui a gagné en notoriété commerciale durant plus d'une trentaine d'années d'existence. "Sachez qu'à l'instar de nos collègues, nous avions construit nos boutiques sur nos propres fonds et à la sueur de notre front sur les assiettes de terrain affectées en 1985", a déclaré notre interlocuteur.Mais pour le moment, "l'ensemble des exploitants a été convié à une visite d'abord au lieudit Sidi Youcef à Beni Messous, où des locaux leur ont été réservés au rez-de-chaussée d'immeubles. Seulement, le cadre ne se prête pas au négoce du prêt-à-porter, en raison de l'isolement du site", nous dit-on. Il y a eu cependant une autre alternative ! Celle de pouvoir exercer à la cité des 1600-Logements de Sebbala (Draria), à condition, toutefois, de parapher l'engagement à s'acquitter d'un versement de 2,5 millions de DA auprès de l'OPGI de Sidi M'hamed. Pis encore, l'adjudicataire se doit d'ajouter le loyer mensuel pour les murs, a-t-on appris auprès des contestataires. "Outre nos difficultés d'honorer un engagement aussi onéreux, beaucoup réfutent d'aller à Sebbala, car la plupart d'entre nous craignent pour leur sécurité, étant donné que les locaux du site des 1600-Logements sont désirés ardemment par les jeunes chômeurs de la localité", a ajouté S. Kamel. Il est vrai que la clause de l'OPGI a étonné plus d'un, dont le maire d'El-Biar qui ne croit pas à une telle énormité : "Les tenanciers d'échoppes ont été destinataires d'une lettre de la wilaya d'Alger, les enjoignant de se présenter auprès de l'huissier en charge du dossier, à l'effet de formaliser la procédure d'octroi d'un local de substitution à la cité des 1600-Logements de Sebbala à Draria. D'ailleurs, et à l'heure où je vous parle, beaucoup de ces bénéficiaires ont régularisé leur situation", a tenu à préciser le maire, sans pour autant commenter les modalités des clauses financières qu'il estime hors de ses prérogatives. "L'APC d'El-Biar est chargée uniquement de la conduite des travaux préliminaires de modernisation du site du 11-Décembre-1960 et se défend d'interférer dans les prérogatives de la wilaya d'Alger", a déclaré M. Labdellaoui. Mais qu'à cela ne tienne, "l'APC a organisé un tirage au sort à la salle de cinéma El-Abiaria (ex-Le Rex) en présence d'un représentant de la wilaya d'Alger afin de désigner aux exploitants d'échoppes les numéros et les lieux de locaux à Sebbala ainsi qu'aux voûtes d'Alger. Bien entendu, l'opération, que d'aucuns qualifient de désignation au petit bonheur la chance, n'a pas recueilli l'adhésion de l'assistance. Du reste, nos activités s'en trouvent aujourd'hui gelées à cause d'une condition financière qui demeure au-dessus de nos maigres ressources", a tenu à préciser S. Kamel.Autre possibilité, celle d'exercer dans l'enfilade de voûtes du vieil Alger pour 56 exploitants qui bénéficieront de 17 à 250 m2 d'espace, mais aucune dame ne se risque dans les escaliers malodorants de la Pêcherie. "Convenez-en que le montant est excessif pour un endroit qui souffre de l'isolement et de la réputation d'un quartier malfamé", ont conclu nos interlocuteurs, qui s'inquiètent pourtant du peu d'engouement de l'autorité à solutionner ces cas d'essence sociale par la levée d'une obligation financière malvenue pour des citoyens qui n'en demandent pas tant pour gagner leur vie à la sueur de leur front. En attendant une issue heureuse, le conflit est bien parti pour durer.L. N.




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