Algérie

vers l'augmentation de l'allocation touristique Un projet est à l'étude au niveau de la Banque centrale



vers l'augmentation de l'allocation touristique                                    Un projet est à l'étude au niveau de la Banque centrale
Le plafond du droit annuel de change pour voyage à l'étranger, plus connu sous l'appellation d'allocation touristique, pourrait bientôt être revu.
De source bancaire, l'on affirme que la Banque d'Algérie pourrait bien réviser cette allocation pour atteindre un montant variant entre 400 et 500 euros. Autrement dit, celle-ci, qui est actuellement estimée à environ 140 euros par an, pourrait être multipliée par 3 ou 4. Cependant du côté de l'autorité monétaire, on rechigne à annoncer la moindre révision, justifiant de la délicatesse du sujet. Nos sources auprès de la Banque d'Algérie confirment toutefois qu'«une étude est actuellement en cours au niveau de l'institution pour décider de la pertinence d'une hausse du droit de change pour voyage dans la conjoncture actuelle et en tenant compte de la capacité de la balance des paiements à absorber la revalorisation».
En tout état de cause, nos sources ayant requis l'anonymat estiment que «les montants en devises exportés annuellement au titre de l'allocation touristique restent marginaux à la vue de la structure globale des devises exportées et minimes par rapport à la moyenne des pays de la région». A titre de comparaison, le droit de change est établi à 2400 euros annuellement pour nos voisins tunisiens et à 1800 euros pour nos voisins marocains. La législation en matière de change est à ce titre rigoriste en Algérie. L'allocation touristique a été instituée du temps du président Houari Boumediène et a été fixée à 320 francs français avec autorisation de sortie. Elle fut ensuite fixée à 200 dollars US en traveller's chèque du temps du président Chadli Bendjedid qui avait alors supprimé les autorisations de sortie pour les voyages à l'étranger.
Celui-ci a dû, dès le milieu des années 1980, réduire ce droit de change à une allocation biennale à cause du retournement du marché pétrolier et des difficultés que rencontrait l'Algérie à l'époque.
Ce n'est qu'en 1997 que le plafond du droit de change a une nouvelle fois été revu. L'instruction n° 08-97 du 28 août 1997 de la Banque d'Algérie sert depuis de base pour la fixation de l'allocation touristique, la détermine à l'équivalent en devises de 15 000 DA annuellement pour un adulte et à la moitié pour un enfant. Un droit de change qui n'est d'ailleurs pas cumulable d'une année à l'autre. Cette base de calcul a été établie dans une conjoncture financière particulière pour l'Algérie où les réserves de change couvraient à peine 3 mois d'importations et où la balance des paiements était loin de l'équilibre.
Misérabilisme des Algériens à l'étranger'
Une situation qui a bien changé depuis, puisque l'Algérie se targue aujourd'hui de disposer de 200 milliards de dollars de réserves de change et d'une balance des paiements excédentaire. Une révision de l'allocation touristique, qui ne correspond plus à la conjoncture actuelle, semble nécessaire, même si du côté de la Banque d'Algérie, on avertit quant à la fragilité de la balance des paiements dont les excédents sont assis sur la seule ressource des hydrocarbures. Selon l'autorité monétaire, il faudrait toujours prendre en considération le risque d'un retournement du marché pétrolier.
Un point de vue que l'économiste M'hamed Hamidouche ne partage pas pour diverses raisons. Il pense d'ailleurs que la décision de réviser ou non le droit de change relève du seul pouvoir politique au regard de la composition actuelle des structures de la Banque centrale. Et c'est à lui donc que revient la décision de desserrer un tant soit peu l'étau qui étrangle les Algériens en voyage à l'étranger et de mettre fin à leur misérabilisme, d'autant que les capacités financières existent et qu'il n'y a aucune raison pour que nos compatriotes vivent pauvrement à l'extérieur, alors que le pays est riche. D'ailleurs, précise-t-il, en cas de retournement du marché, l'autorité peut toujours réviser les conditions de change en conséquence comme fut le cas du temps de Chadli Bendjedid.
Aussi et au-delà des réserves de change qui s'accumulent, M. Hamidouche prend à témoin la profondeur du marché parallèle des devises qui est estimé actuellement entre 1 et 3 milliards d'euros en libre circulation. L'économiste a estimé dans ce sens qu'une revalorisation de l'allocation touristique à 2500 euros par an est possible vu les capacités d'absorption de la balance des paiements et qu'elle pourrait non seulement priver le marché parallèle des devises d'une partie de ses transactions, mais aussi permettre aux Algériens de passer dignement leurs séjours.
Car il faut le reconnaître, la réglementation actuelle des changes n'est pas pour simplifier les démarches aux Algériens qui souhaitent partir à l'étranger soit pour faire du tourisme, soit pour des raisons professionnelles, soit pour faire des études, ou tout simplement se faire soigner. Nombreux sont les cadres qui, à défaut de disposer de prise en charge ou de frais de mission suffisants pour représenter dignement leur pays, recourent au marché parallèle des changes ou renoncent carrément à des voyages professionnels, ce qui a eu pour effet une faible représentativité de l'Algérie à l'étranger.
Pour le commun des Algériens qui n'ont pas la chance de bénéficier des artifices usités par les chefs d'entreprise afin de financer leurs voyages, ils se contentent de la seule destination française imposée par l'existence de proches ou amis chez lesquels ils pourront squatter quelques jours, car les 140 euros constituant la dotation touristique pourront à peine couvrir les frais d'un taxi à 40 euros à partir de l'aéroport et deux nuitées d'hôtels bas de gamme à 50 euros. Nombreux sont ceux qui recourent au système D. Celui-ci est simple : ils peuvent demander à leurs proches des devises pour financer leur séjour à l'étranger et en contrepartie, ces derniers pourront récupérer des dinars à leur arrivée en Algérie.
Le cas des étudiants à l'étranger est encore plus difficile. Les 9000 DA de dotation de change accordés par la réglementation ne couvrent même pas les frais de scolarité estimés à plus de 300 euros par an, sans oublier les divers frais de documentation d'hébergement et frais courants dont ceux exigés sur un compte bloqué pour les demandes de visa qui peuvent atteindre plus de 6000 euros, selon les témoignages d'étudiants s'apprêtant à tenter l'aventure.
Nul autre recours que le marché parallèle, auquel cas ce serait la misère assurée !


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