L'évolution des statistiques en matière de production d'hydrocarbures donne froid dans le dos.A moins d'un retournement de tendance au plan de l'investissement dans l'amont gazier et pétrolier, le rendement des gisements ne devrait pas s'améliorer de sitôt.
La hausse ? annuellement de 10% ? de la consommation interne des produits énergétiques ne fait que compliquer davantage l'équation de couvrir à la fois les besoins internes et d'honorer les obligations du pays avec ses clients européens à un moment où les prix du brut s'érigent en facteur de dissuasion à l'encontre des investisseurs.
C'est dans ce climat de tension tant en interne que sur le marché mondial de brut que Sonatrach décide de revoir de fond en comble la loi régissant l'investissement dans le domaine des hydrocarbures. L'enjeu est de faire repartir le ratio d'investissements à même de pouvoir faire face à la demande.
Mais pas seulement. Sonatrach veut continuer à être compétitive sur l'échiquier gazier européen ; une reprise de la production donnera des gages quant à ses capacités de remplir ses obligations vis-à-vis de ses clients européens, voire des arguments à l'heure où il sera question de renégocier les contrats de long terme, où les prix du gaz sont indexés à ceux du pétrole. L'enjeu est donc double. Voire triple.
Les exportations algériennes d'hydrocarbures sont passées, en valeur, d'un pic de 63,5 milliards de dollars en 2013, à 58,3 milliards de dollars en 2014, date de l'amorce d'une si longue dégringolade des cours pétroliers mondiaux, 33,1 milliards de dollars en 2015, 28,22 milliards de dollars en 2016 et à près de 33 milliards de dollars en 2017.
La reprise amorcée durant l'exercice écoulé est à mettre sur le compte de la remontée des cours du brut sur le marché international. En termes de volume, les quantités d'hydrocarbures exportées ont baissé de 6% au premier semestre de 2017. Les exportations de gaz devraient baisser à 54 milliards de mètres cubes en 2017, contre 57 milliards m3 en 2016.
A l'heure où les capacités à l'exportation se rétrécissent comme peau de chagrin, la consommation interne d'énergie, elle, évolue à vive allure. Les besoins internes en gaz naturel devraient avoisiner en 2019 les volumes actuellement exportés, soit aux alentours de 55 milliards de m3. Dans les scénarii les plus optimistes, les besoins de la consommation interne en gaz naturel seront d'environ 75 milliards de m3 à l'horizon 2030.
Pour ainsi dire, la hausse effrénée de la consommation interne et le déclin de la production et des quantités exportées sont des signes d'une extrême vulnérabilité. Rarement, depuis une décennie, les chiffres n'ont été aussi inquiétants. C'est aussi un motif de vigilance et un facteur plaidant pour la révision de la loi sur les hydrocarbures.
Quelques pistes de travail?
Les solutions susceptibles d'inverser la tendance ne sont pas nombreuses : faire aboutir nombre de projets gaziers en retard, améliorer le taux de récupération des réserves et faire venir, par-dessus tout, les investisseurs étrangers. Les quatre derniers appels d'offres dans le domaine des hydrocarbures se sont soldés par une faible moisson.
C'est pourquoi, Sonatrach semble vouloir prendre du temps afin de rendre une copie sans rature qui serait capable, au plan fiscal et réglementaire, de capter les majors à l'heure où les prix du pétrole et du gaz les obligent plutôt à choisir les régions et les pays les plus rentables.
Tout le défi est là. Il sera question de lever les obstacles administratifs entravant l'investissement, de capter davantage d'investisseurs étrangers et de capitaux, d'intégrer le privé résident dans des projets d'investissement dans les hydrocarbures et de proposer de nouveaux incitatifs fiscaux, notamment sur les projets et/ou gisements faibles en profits. Plus clairement, il serait probablement question de n'appliquer la loi des 51/49% que sur les grands projets. Idem pour ce qui est de l'application de la taxe sur les superprofits. En somme, plusieurs taxes pourraient être soumises à une modification, voire sujettes à une annulation dans le cadre de la révision de cette loi sur les hydrocarbures, dont la dernière modification remonte à 2013.
Selon les experts, compte tenu des changements et du contexte dans lequel évolue l'industrie pétrolière et gazière mondiale, il y a besoin d'adapter la réglementation algérienne de nature à la rendre plus souple et plus compétitive. Il est attendu également que la prochaine loi sur les hydrocarbures prenne en charge l'option du schiste avec la naissance, probablement, des premières mesures d'encadrement des investissements dans les hydrocarbures non conventionnels.
Selon des indiscrétions, une fois la nouvelle loi publiée, le champ d'Ahnet serait le premier à accueillir les premiers forages de schiste. En tout cas, les défis qui s'offrent à Sonatrach pour les dix prochaines années se traduisent par trois risques principaux, évolution de la consommation interne au-delà des projections établies, baisse des volumes à l'exportation et reconsidération des contrats de long terme et de la position de l'Algérie sur l'échiquier gazier européen.
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Posté Le : 25/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Titouche
Source : www.elwatan.com