Algérie

Vers de fortes tensions sur le marché de la devise


Comme attendu en ce contexte électoral, le gouvernement a autorisé l'importation de véhicules de moins de trois ans, une mesure introduite dans l'avant-projet de loi de finances 2020, adopté mercredi dernier en conseil de gouvernement.Si elle a des côtés positifs, la décision présente aussi un certain nombre d'aspects négatifs. Il est vrai que ce dispositif permettrait d'étoffer une offre de véhicules étiolée, face à une demande sans cesse en hausse et à des coûts croissants.
Mais celui-ci n'en constituerait pas moins un risque accru de distorsion du marché parallèle de la devise. L'achat de ces véhicules se fera en devise et, en l'état actuel de la réglementation, les citoyens ne pourront s'en procurer que sur ce marché à des prix correspondant au libre jeu de l'offre et de la demande. Inévitablement, il en résulterait une hausse de la valeur d'échange des devises contre le dinar qui risque de flancher.
Pour Souhil Meddah, expert financier, la pression exercée sur le marché de la devise serait telle qu'il risque de "manquer de ressources". L'expert estime que le dispositif dont il est question permettrait à la Banque centrale de "préserver les réserves de changes" et à l'Exécutif d'"avoir de nouvelles ressources de fiscalité ordinaire".
Le gouvernement défend cette mesure, expliquant qu'elle constituera un facteur externe favorisant "la baisse des prix" et permettant de "donner une chance au citoyen d'acquérir un véhicule, selon ses moyens".
Et qu'elle s'inscrit dans une "vision" d'ensemble de l'industrie automobile, qui consiste à mieux développer l'assemblage CKD/SKD dans le pays. Pour le moment, le montage automobile, destiné également à soutenir la balance des paiements, n'a pas produit des effets positifs de substitution des importations de véhicules.
Ce secteur reste sous-développé et rien n'indique que cela va changer, l'Etat ne donnant pas des gages d'avenir, car, au lieu de repenser cette industrie, il a donné, il y a quelques mois, un tour de vis à l'octroi de devise pour l'importation de kits (SKD). Sur les cinq premiers mois de l'année 2019, l'Algérie a importé pour plus de 1,5 milliard de dollars en collections CKD destinées à cette filière, contre 1,4 milliard de dollars durant la même période de l'année 2018.
L'importation de véhicules de moins de trois ans a été interdite dans la loi de finances complémentaire 2005. Cette suspension, certains experts la lient au scandale des véhicules ZH, ces petites voitures immatriculées à Zurich. D'autres expliquent qu'elle obéissait à des intérêts plutôt qu'à une stricte logique économique.

Youcef Salami
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