Algérie

Verrouillage


Cette déclaration faite la semaine dernière à la presse nationale n’émanait pas d’un homme politique de l’opposition ou d’un syndicaliste, mais du ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia.
Une profession de foi qui pouvait faire croire à une volonté des autorités de lever la chape de plomb sur une société qui s’était manifestée à travers tout le pays, s’insurgeant contre la précarité sociale et l’inertie d’un pouvoir politique coupé des réalités. Trois jours plus tard, le naturel revient au galop. Le même département ministériel oppose un refus catégorique à la demande d’un parti politique, le RCD, pour l’organisation mardi prochain d’une marche populaire à Alger, dont le but était de cristalliser les attentes citoyennes. Le refus n’est pas motivé, à travers un communiqué laconique, loin des dernières déclarations où les autorités se sont laissées aller à de longues et surprenantes digressions sur la violence supposée et la propension à la «rapine» au sein des nouvelles générations.
Ces sorties publiques des officiels démontrent deux choses : leur regard sur la société est complètement déformé, décalé de la réalité, et leur aptitude à se réformer et à accompagner les aspirations de la population est quasi nulle.
Fort d’un retour au calme sur le terrain, le pouvoir retourne à ses occupations premières qui se résument à combattre toute expression politique qui n’épouse pas la démarche présidentielle et à préparer, sans relâche, la perpétuation d’un régime inamovible depuis des décennies.
En quoi l’organisation d’une marche pacifique, encadrée par une ou plusieurs structures politiques agréées, peut-elle menacer la stabilité du pays, peut-on s’interroger. Les incidents ont rarement, sinon jamais, concerné des manifestations publiques tenues à l’appel des partis de la mouvance démocratique.
L’engagement des militants au cours des actions de mobilisation a toujours garanti l’expression de revendications politiques dans un cadre serein. Les incidents surgissent, en vérité, lorsque les services de sécurité chargent les manifestants, parlementaires compris.
Trois marches populaires ont été organisées la semaine dernière dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira, sous des slogans différents, sans qu’il y ait le moindre trouble à l’ordre public.
L’expression libre est tolérée à l’intérieur du pays, ou subie, mais combattue avec une égale énergie dès qu’elle s’exprime dans la capitale, dénotant une paranoïa incurable des autorités centrales.

 
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