Verre à demi vide

Voir un verre à demi plein ou à moitié vide n'est pas seulement une vue de l'esprit. Il renvoie à une philosophie de vie. La perception qu'elle donne en confrontant le pessimisme et l'optimisme est le reflet d'une existence où la bataille des us et coutumes est présente chaque instant. Cette bataille est culture en mouvement, toujours en transformation. Elle se prolonge, s'enrichit ou se désintègre avec le temps.Il en est ainsi pour toutes les sociétés humaines.
Ne s'en tenir qu'aux moitiés vides des verres n'engage que les fortes humeurs et donne souvent libre cours aux verbes acides et aux récriminations. Les griefs effacent ainsi des coutumes pour opposer des visions sur la vie.
Les crises multiformes aidant, aujourd'hui les mécontentements populaires sont patents. On peste contre l'infernale inflation et sur l'arrogance des prix. Tout le monde affirme l'impossibilité de joindre les deux bouts. Donc les verres ne peuvent être perçus que demi-vides.
On oublie toujours que le progrès n'est pas gratuit et on se plaint des difficultés de fin de mois. Les demi-vides sont probablement dans le sarcasme, mi misérabiliste à la limite du vieux jeu, mi sensé, d'un trop sage grand-père, qui se dit presque outré en voyant une génération de jeunes couples scandalisée par la pénurie de couches pour bébés. Pour lui, faire pendant des heures le tour de toutes les pharmacies pour en trouver relève d'une course insensée. Il rappelle que dans son temps, les mères ne juraient que par des langes en tissu recyclé qui ne coûtaient rien et que les fins de mois s'adaptaient au cours du temps.
C'est sans doute cette absence d'adaptation qui forge l'inéquation spirituelle entre un verre à demi plein et à demi vide.
Il est vrai que les siècles transforment les profils des humains et prédisposent les verres à changer de formes et de couleurs. Le danger est qu'ils soient vidés totalement.