PUBLIE LE : 21-11-2012 | 0:00
Cette exposition montre que cette architecture reste le témoin vivant d’une civilisation algérienne très ancienne et qui gagne à être connue par les générations actuelles.
Afin de faire découvrir les architectures de terre algériennes au grand public et le sensibiliser à l’importance du patrimoine bâti algérien et à l’impérieuse nécessité de le préserver, une exposition intitulée «de terre et d’argile» se tient depuis le samedi à l’esplanade de l’office Riad El Fath d’Alger, et ce, jusqu’au 17 décembre. Cette exposition montre que cette architecture reste le témoin vivant d’une civilisation algérienne très ancienne et qui gagne à être connue par les générations actuelles.
Réalisée dans le cadre de la manifestation : «Tlemcen capitale de la culture islamique 2011» par Yasmine Terki, architecte des monuments historiques et spécialiste des architectures de terre auprès du ministère de la Culture, l'exposition s'installe à Alger pour permettre aux visiteurs de découvrir les diverses architectures propres à chaque wilaya du territoire national avec leurs cachets propres traditionnels. Des décorations murales en terre sont réalisées par une vingtaine d’artisans venus de deux régions d’Algérie (le Gourara et la Kabylie) du Burkina Faso, du Ghana, de Mauritanie, du Niger, de France et du Portugal, pour donner à l’architecture algérienne sa valeur ancestrale.
«C’est une exposition réalisée par les élèves des écoles d’architecture de Tlemcen, d’Alger, d’Oran et de Mostaganem. Après Tlemcen, on l’a transportée à Alger en faisant venir tous ces élèves pour faire la promotion de l’architecture de terre, tout en essayant de faire profiter un maximum d’intervenants sur les architectures de terre, à savoir les architectes et les ingénieurs, mais aussi pour nous permettre de promouvoir les architectures de terre pour le grand public», nous déclare Yasmine Terki tout en ajoutant qu’il faut changer la vision du grand public sur le sujet des architectures de terre. «Le public a une vision archaïque sur ce sujet. Il considère que la modernité ne peut pas composer avec les traditions. Il n’a pas compris que les traditions ne sont rien d’autre qu’une modernité ancienne. On aurait dû construire notre modernité actuelle en se basant sur tous les acquis de la tradition tout en les évoluant. On n’arrive pas à comprendre cela. On croit qu’il faut innover pour être moderne alors que l’innovation c’est justement d’apporter un plus à ces choses qui se construisent depuis des générations», estime-t-elle.
L’exposition en question rentre dans le cadre de la première édition du Festival culturel international de promotion des architectures de terre «Archi'terre» qui se tiendra à Alger du 18 au 22 novembre. Apropos de ce festival, Yasmine Terki nous révèle que l’objectif est de promouvoir ces architectures auprès des futurs intervenants architectes et ingénieurs. Donc, on fait venir des architectes de tous les départements d’architecture du pays, en majorité des majors de promos — par ce que ce sont eux qui vont être les meilleurs vecteurs de transmission — ainsi que des étudiants des départements de génie civil de toutes les universités concernés par cette filiaire. Donc, il y aura beaucoup de jeunes à sensibiliser à travers la pratique.
Ils vont devoir toucher avec leurs mains les matériaux, faire l’expérience eux mêmes de ces techniques, comprendre que ce n’est pas aussi compliqué que ca et que d’autres le font dans le monde. Il y aura également des architectes du monde entier qui sont spécialistes dans l’architecture de terre et qui seront là pour nos jeunes étudiants pour leur faire comprendre qu’on s’y met partout dans le monde alors on se dit qu’il serait temps qu’on se mette aussi chez nous.
Il y a aussi deux jours de séminaire les 21 et 22 du mois
en cours à l’école d’architecture d’Alger, par ce que notre principe est d’aller vers l’étudiant». Elle nous fait savoir aussi que cette première édition du festival culturel international de promotion des architectures de terre sera marquée par la présence du grand architecte André Ravereau. Il a été nommé architecte en chef des monuments historiques en Algérie, s’efforçant alors d’obtenir le classement de la vallée du M’Zab en 1970 avant de créer à Ghardaïa le premier atelier du ministère. Il nous a laissé deux ouvrages «La Casbah d’Alger et le site créa la ville» et «le M’zab, une leçon d’architecture» dont
lesquelles il a décrie et analysé, d’une manière fabuleuse, toute l’intelligence des cultures constructives algériennes et a facilité l’accès aux étudiants architectes algériens. Cet homme va parler de son expérience personnelle dans le domaine de la construction en terre. Par ce qu’il a notamment eu le prix Aga-Kahn d’architecture avec un projet bâti en terre au Mali, c’était un hôpital. Donc, il sera parmi nous pour partager son expérience avec nos étudiants», souligne-t-elle.
Le festival se tient cette année exceptionnellement en mois de novembre, vu que cela pose beaucoup de problèmes pour les préparatifs, mais à partir de la deuxième édition, il se fixera pour le mois d’avril.
L’exposition est ainsi une occasion de connaître les sites bâtis en terre inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, à savoir, les cinq villes constituant la pentapole de la vallée du M’zab, «les seuls ksour algériens inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco» et une maquette de la grande mosquée de Djenné qui est le plus grand édifice au monde bâti en terre, ainsi que l’oasis rouge de Timimoune.
Le public aura également l’insigne honneur de découvrir les premiers gratte-ciel de l’humanité bâtis en terre dans la ville de Shibam, au Yémen. Par ailleurs, des photographies et dessins de sites algériens et mondiaux seront visibles dans cette exposition ; ils illustrent les différentes techniques traditionnelles de construction en terre les plus répandues à travers le monde, à savoir l’adobe, le pisé, la bauge et le torchis, ainsi qu’une sélection de photographies aériennes et terrestres de 13 ksour, réalisées par Kays Djilali dans le cadre de deux campagnes photographiques organisées par le ministère de la Culture en 2009 et 2011. L’expo-photos est une véritable occasion de découvrir les plus beaux sites en Algérie et dans le monde. Des jarres en terre crue et des sables de 20 couleurs différentes sont aussi exposés. La remière partie de l'exposition est une occasion d'extérioriser un art, alliant la peinture et la sculpture, se pratiquant habituellement à l'intérieur des habitations en terre. Il est a souligner que cette exposition redonne aux architectures en terre leurs lettres de noblesse et montre bien l’importance de sa préservation tout en tirant la sonnette d’alarme sur le devoir de leur sauvegarde, étant l’empreinte de notre Histoire et notre patrimoine qui seront légués aux générations futures. Pour conclure, c’est une exposition riche en savoir qui montre que l’architecture algérienne et un joyau à préserver. Alors ne ratez pas cette occasion pour la visiter !
Kafia Aït Allouache
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Posté Le : 17/04/2014
Posté par : patrimoinealgerie
Photographié par : Moulay