Algérie

Vente du livre scolaire: Les raisons de la grande anarchie



Vente du livre scolaire: Les raisons de la grande anarchie
Des images indignes et désolantes que celles qui ont émaillé la vente du livre scolaire dans différentes wilayas du pays. Jamais l’opération n’a connu autant d’anarchie et de tension en Algérie. Pourquoi en est-on arrivé là et quelles en sont les solutions ?
Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La vente du livre scolaire tourne au scandale et se fait de manière anarchique au niveau de plusieurs wilayas, où les parents s’agglutinent, se bousculent pendant des heures avant de s’offrir cette fourniture indispensable pour les élèves.
À Alger, le problème ne se pose pas avec la même gravité qu’ailleurs, notamment pour le cycle primaire. Une solution trouvée à la dernière minute a épargné aux parents les tracasseries et l’anarchie. En effet, les directeurs des établissements avaient décidé, avant la rentrée, de refuser de prendre en charge l’opération de vente, expliquant que « cette opération commerciale ne relève pas de leurs prérogatives ». Quelques directeurs avaient cependant accepté de mener l’opération. Une semaine avant la rentrée, pour ce qui concerne le centre de la capitale, le directeur de l’éducation avait convié les chefs d’établissement « frondeurs » à une rencontre durant laquelle un compromis a été trouvé : il a demandé à ses invités de prendre en charge l’opération de vente cette année, en s’engageant à trouver une solution au problème l’année prochaine. Ce qui fut accepté.

Les syndicats de l’éducation accusent la tutelle de négliger ce problème
Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), soutient que « c'est un problème récurrent et ancien qui dure depuis plus de dix ans mais les pouvoirs publics ne veulent pas bouger ».
« C'est une opération purement commerciale qui dépend de l'Office national des publications scolaires. C'est à cet office et aux CRDDP d'assurer la vente qui ne fait pas partie des missions des directeurs des établissements et des intendants. Il y a un risque en manipulant l'argent », a-t-il affirmé, contacté par nos soins.
Selon lui, qui propose la vente à la fin de l’année scolaire et non à son début, cette opération devenue commerciale génère des milliards et fait objet de spéculation.
Le secrétaire général du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), Zoubir Rouina, laisse entendre l’existence d’un trafic dans la distribution du livre scolaire et s’interroge pourquoi la marge bénéficiaire de 8% est accordée aux vendeurs et non aux établissements scolaires quand ils accomplissent la tâche.
« C’est un grand marché de près de 80 millions de livres. Le paradoxe est que le manuel n’est pas disponible dans les établissements scolaires et lorsqu’on le ramène, la quantité est souvent insuffisante pour satisfaire la demande et ça dure depuis des années. Les directeurs ont demandé à ce que la marge bénéficiaire de 8% soit accordée à l’établissement, jugeant que le budget accordé aux écoles est faible. Il y a beaucoup de gens qui tirent profit de ce marché. Les points de vente prennent les 8% de marge mais on refuse de l’accorder aux directeurs des établissements », explique M. Rouina, joint au téléphone.
Selon lui, plusieurs intervenants bénéficient de ce « grand marché ». Aussi, a-t-il ajouté, la gestion du dossier n’est pas transparente.
« Je ne sais pas pourquoi les parents sont obligés d’acheter le livre scolaire au niveau des points de vente. Il faut le vendre à l’intérieur de l’établissement et on doit trouver la solution pour une meilleure distribution. Il faut aussi recruter des employés pour la vente. En plus de cela, la marge bénéficiaire, au lieu de la donner aux autres intervenants, il faut la donner aux établissements », propose-t-il, affirmant que la vente du livre est un « grand problème qui demande une solution radicale ».


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