Algérie

Vendredi 6, article 7: l'intelligence et la force du peuple face aux ruses du régime



Un peuple dans les rues. Une nouvelle fois, en ce sixième vendredi du mouvement populaire entamé le 22 février, l'expression ne relève pas de l'image ou de la parabole. C'est une réalité physique, palpable, une force, une formidable énergie qui accentue la déconfiture du régime. L'acte VI du vendredi 29 mars confirme avec éclat qu'il s'agit d'un mouvement irrépressible qui ne peut être contenu par les ruses et les manoeuvres.Avec une intelligence remarquable, le mouvement est resté pacifique. Cela faisait sa force depuis le début et, en dépit de quelques incidents mineurs comparativement à l'ampleur des manifestations, cela reste la ligne de conduite des Algériens qui en font une arme de protection massive. Les Algériens y sont d'autant plus attachés qu'ils ont appris, à leurs dépens et au prix de coûts exorbitants et vains, que la violence conforte l'ordre établi.
Depuis le 22 février, ils administrent la preuve que le pacifisme est révolutionnaire justement car il ne donne aucun prétexte au régime de recourir à la répression au nom de la préservation de l'ordre public. Le radicalisme pacifiste du mouvement s'exprime aussi dans une distinction claire entre l'Etat qu'il faut préserver, libérer et rendre au pays et le régime qui doit "partir".
Les épreuves de ces trente dernières années ont été en définitive assimilées. La "Silmiya, Silmiya" neutralise les capacités de riposte du régime. Même les retournements de veste des TV Offshore et de journaux qui vilipendent désormais Saïd Bouteflika et portent aux nues Gaïd Salah n'ont aucune incidence sur la perception des Algériens à l'égard du régime.
Une force déroutante
Si aujourd'hui l'alliance du cinquième mandat vole en éclat avec des retournements de veste trop bruyants pour ne pas susciter les railleries, des patrons de TV zélés de fakhamatahou qui se transforment en "opposants" de la 25ème heure, cela tient à la force déroutante d'un mouvement sans pareil dans l'histoire du pays.
Le mouvement populaire fait face à une difficulté, celle de devoir dégager une représentation pour négocier et gérer une transition qui préserve la continuité de l'Etat et la nécessité de prendre en charge le fonctionnement d'un pays. Ceci est une urgence. Dégager une représentation qui négocie la prise en charge d'une transition qui se fera, forcément, sous le contrôle d'un mouvement qui ne doit pas fléchir, n'est pas contradictoire avec les appels à une structuration à la base qui est forcément plus lente à se mettre en place.
C'est une difficulté que le mouvement populaire doit surmonter pour pouvoir avancer. Mais si le mouvement populaire n'arrive toujours pas à trouver la bonne formule pour dégager une représentation, forcément provisoire pour gérer une transition, il sait ce qu'il ne veut pas.
Un mouvement qui sait ce qu'il ne veut pas
Et ce qu'il ne veut pas, c'est une transition gérée par le régime avec les hommes du régime, et les instruments du régime. Cela a été exprimé avec éclat dans le refus de la mise en oeuvre des dispositions de l'article 102 "suggérée" par le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Le fait que le régime fait dans la ruse est devenu un préalable dans l'analyse collective et la réponse fulgurante par l'article 7 a été éloquente.
En clair, le peuple dénie au régime le droit de gérer la transition au nom d'une Constitution qu'il a violée de façon répétée. Car c'est tout le régime qui s'est embarqué, dans une impudence incroyable, dans le bateau délirant du cinquième mandat, expression finale d'une déroute des hommes et des structures.
Le message est limpide: de la Constitution nous ne retenons que l'article 7 car il est et sera le socle du rétablissement de la filiation historique entre le mouvement du peuple aujourd'hui et les longues luttes du mouvement national: " Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple."


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