Algérie

Veillées, le combat de trop



La canicule qui sévit actuellement exerce ses vertus thérapeutiques sur les jeûneurs. Soif, faim, fatigue, manque de sommeil font foi d'effets secondaires très positifs pour la santé. On en est déjà à  la première semaine de l'abstinence, un bilan en somme appréciable sur le bon déroulement de l'épreuve. Le comportement des individus, à  l'accoutumée très agressif, fait place à  une sérénité sans pareille sur la voie publique. Dans les marchés, la vieille habitude des disputes verbales sur la mercuriale ou bien sur la qualité des produits qui se transforme en forfait a presque disparu. Un jet d'éponge sur un combat de trop : cet atmosphère fait croire à  une complète soumission à  la spéculation et la pratique sauvage des prix. Le grand point noir reste malheureusement les accidents de la circulation, un record battu par un chiffre effarant de plus de 100  morts en une semaine, une hécatombe qui est venue ternir l'image du Ramadhan. Au-delà de ces risques majeurs, la vie spirituelle donne le ton à  une meilleure prise de conscience entre la fatalité et la bêtise humaine. Des blancs-becs roulant à  tombeau ouvert sillonnent tous les soirs le littoral pour assister aux veillées du Casif à  Sidi Fredj, un véritable rodéo sur route digne d'un thriller de Michael Jackson. De potentiels zombies en perspective, ils n'ont que la nuit pour vivre. Une autre face cachée du Ramadhan fait frémir : des tonnes de cannabis viennent d'être également saisis par la douane. Côté jardin, des veillées culturelles en famille, il n'en reste que d'anciens souvenirs dans les esprits ; après la prière des tarawih les rues se vident, les lampions s'éteignent en attendant le s'hour. Les quelques rares nostalgiques des soirées en famille s'éclipsent devant le fait accompli de la médiocrité festive. On se contente tant bien que mal de savourer un bâton de zlabia pour nous retremper dans l'air du temps. Quelques dizaines de jours à  tirer, la période du jeûne suit son bonhomme de chemin. Le Ramadhan reviendra l'année prochaine, pour les mortels que nous sommes. Le rendez-vous n'est pas aussi évident.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)