Algérie

Veillée d'armes...pacifique



Veillée d'armes...pacifique
Si personne, au stade actuel, n'est en mesure de dire de quoi sera faite la campagne présidentielle en raison de l'émergence d'un contexte d'agitation et de tiraillements, par contre tout le monde doit se le tenir pour dit : c'est le président Bouteflika qui donne le La. Il le fait sans rien laisser transparaître de ses intentions sur sa candidature, en dehors d'un message de réaffirmation de son autorité à la tête de l'Etat à l'adresse, d'abord d'une opinion passablement déboussolée par un climat entretenu de confusion, ensuite à une myriade d'acteurs politiques et de porte-paroles improvisés qui livrent des analyses contradictoires, parfois alarmistes, de la situation.En l'espace d'une semaine, à trois jours d'intervalle seulement, il s'est exprimé à deux reprises. Une fois le 18 février pour mettre le holà à un climat délétère et qui, s'il devait prévaloir plus longtemps, pouvait présenter des risques pour la stabilité institutionnelle. Dans un message lu par le ministre des Moudjahidine à l'occasion de la célébration de la Journée du Chahid, tout le monde est sévèrement rappelé à l'ordre, ses partisans comme les opposants à un quatrième mandat. Voulant tirer un trait sur la polémique ouverte par le secrétaire général du FLN sur les missions du Département renseignement et sécurité (DRS) de l'armée, il pointe du doigt des groupes sans en individualiser les responsables. On a beau lire et relire le texte de son message, hormis quelques allusions qui ne mènent à personne en particulier, rien ne laisse deviner qui sont «les auteurs du complot» que Louisa Hanoune dit avoir été «identifiée» par le président de la République. En dehors de l'habillage sémantique dans lequel il a été enrobé, le message visait davantage à l'apaisement, une fin des hostilités menées par presse interposée. Le FLN l'a d'ailleurs immédiatement compris ainsi, à en juger par le profil bas affiché, depuis, par le tonitruant pourfendeur du DRS et de son chef. Du reste, à quelques encablures de la présidentielle du 17 avril, on imagine mal Bouteflika redonner du souffle aux polémiques ou rallumer une guerre de clans en éveil ou en embuscade. Le deuxième message, même si c'est une instruction présidentielle, est celui du 20 février. Le fait est assez inédit car il n'est pas courant qu'un Président sortant donne personnellement, et par écrit, des instructions fermes à l'administration chargée de l'organisation d'un scrutin présidentiel, insistant sur les conditions de régularité et l'obligation de neutralité des agents de l'Etat. Qu'est-ce à dire ' Que lui-même ne serait qu'un candidat comme les autres s'il venait à entrer dans la compétition et que son succès, il ne le devrait alors qu'aux suffrages des électeurs et non à un tripatouillage des urnes ' C'est une lecture, mais elle recouvre une autre, déductive et qui serait celle-ci : «Même si je (Bouteflika) ne brigue pas un quatrième mandat, je veillerai à ce qu'aucun candidat, fût-il celui du «système», ne mise sur une victoire par la grâce d'urnes circonvenues.»Voilà qui ne perce pas, pour le moment, le mystère insondable de l'intention la plus scrutée. On en sera, pour quelques jours encore, à se contenter d'une réponse de Normand : «Peut-être bien que oui, peut-être bien que non.» Mais en attendant, Mouloud Hamrouche pourrait nous servir d'indication en clarifiant rapidement sa position. Compte tenu de ses déclarations passées, on sait que la possibilité qu'il se porte candidat est tributaire de l'intention présidentielle. Si Bouteflika est candidat, lui ne le sera pas. Mais au fait qui attend vraiment l'autre 'Dans le sillage de la précédente, la nouvelle semaine verra sans doute le Président intervenir de nouveau par le même procédé épistolaire. Le 24 février, journée qui célèbre la date de nationalisation des hydrocarbures, a toujours constitué pour lui une occasion de s'adresser au monde du travail à travers un message à l'Ugta. La toile de fond politique ne sera certainement pas ignorée, mais la circonstance ne paraît pas idoine pour une annonce de candidature. Le message, dans le prolongement de la reprise en main des affaires de l'Etat signifiée par les précédents, irait probablement dans le même sens. Passera-t-on des préparatifs guerriers qui risquaient de provoquer des dérapages à une veillée d'armes...pacifique et pacifiée avant une élection présidentielle inédite à tous points de vue et jamais vécue dans ces conditions par les Algériens ' A. S.




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