Kidal est devenue pratiquement une obsession aussi bien pour le gouvernement français, tuteur de fait du Mali, que pour les dirigeants de Bamako. Le discours est de plus en plus menaçant contre le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) qui semble s'être renforcé après les coups reçus par Ançar Eddine et leurs alliés djihadistes. Le président français, tablant toujours sur la tenue d'élections en juillet, veut que l'administration malienne soit «installée partout dans le pays». Le tout assorti d'un avertissement au MNLA, le président français estimant «inacceptable» que des groupes armés demeurent au Mali «coupés de la souveraineté du Mali, représenté par ses autorités légitimes ».
Le président français autant par conviction que par des raisons liées à un calendrier qu'il a lui-même fixé prend ainsi clairement fait et cause pour les dirigeants de Bamako. Ceux-ci, derrière une démarche dite de réconciliation nationale, refusent de négocier avec le MNLA et exigent son désarmement préalable. On se retrouve ainsi aux «origines» mêmes de la crise malienne. Bamako confirme implicitement son refus de négocier avec les Touaregs et considère que l'intervention française a résolu le problème et qu'il ne reste plus qu'à faire subir au MNLA et au MIA (Mouvement islamique de l'Azawad) le même «traitement» que les djihadistes. Kidal que le MNLA et le MIA contrôlent de fait et où ils ne veulent pas de la présence de l'armée malienne avant un accord avec Bamako redevient l'enjeu d'un bras de fer.
L'armée malienne dont l'avancée derrière l'armée française s'est accompagnée d'exactions contre les «peaux claires» documentées par les ONG se préparerait à intervenir à Kidal. Bamako veut un «retour à la normale» à Kidal, son ministre des Affaires étrangères affirmant ne pas «tolérer la situation d'incertitude et de relative confusion» qui y règne. Pour les Touaregs, l'entrée de l'armée malienne à Kidal sans qu'aucune négociation ait été engagée n'est pas acceptable. Mais ils se retrouvent dans un rapport de forces défavorable avec un gouvernement français, présent militairement, qui est ouvertement dans le camp de Bamako et à deux doigts d'être «hostile». Il n'en reste pas moins que le nord du Mali est politiquement à la case départ d'une crise qui s'est aggravée par absence de perspectives politiques.
Il y a quelques jours, dans une «lettre ouverte» à la communauté internationale, le secrétaire général du MNLA a rappelé qu'il était pour des négociations et qu'une plateforme de règlement politique a été remise au médiateur de la CEDEAO. Il souligne que pour éviter les échecs antérieurs, le dialogue doit se faire sous la supervision de la communauté internationale. Il constate surtout que les «négociations politiques ne semblent être souhaitées et recherchées que par une seule partie, le MNLA» et avertit que si le «Mali ouvre à nouveau les hostilités, cela anéantira les efforts déjà consentis». Le MNLA qui par réalisme a renoncé à l'indépendance affirme qu'il ne relancera pas les hostilités mais qu'il se défendra s'il est attaqué. «Le MNLA ne reprendra le combat que s'il y est contraint, mais s'il y est contraint, il le fera avec détermination». A l'évidence, la crise malienne est très loin d'être résolue.
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Posté Le : 12/05/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com