L'Aïd s'annonce. Ramadhan se termine. Si les journées ont été longues et
caniculaires, les soirées ont été emplies de couleurs. C'est le contraste de
ramadhan : nous craignons ses contraintes et nous sublimons ses joies… une fois
qu'il se termine.
Jeudi ou vendredi, peu importe, à tous les oppressés du ramadhan c'est la
délivrance de l'endurance des longues journées de soif et de faim. Les mines
fatiguées et patibulaires des plus éprouvés nous apparaîtront souriantes et
détendues… espérons-le. Pas seulement en rue, mais aux guichets des
administrations, surtout ceux de l'état civil, des chèques postaux, des
banques; face aux étals des marchands de légumes et surtout la viande indienne
ne sera plus sujet à conversation philosophique et théologique, espérons-le.
Les automobilistes verront mieux la route, liront les panneaux de circulation,
respecteront scrupuleusement le code de la route et les priorités et les
accidents baisseront drastiquement. Les agents de police de circulation seront
plus des agents d'accueil, de conseils et d'orientation que des vigiles de la
répression, des colleurs d'amendes salées et de P.-V., se transformant parfois
en gardiens de la foi et inquisiteurs bêtes et méchants, espérons-le. Que
d'espoirs donc et de joie de vivre dès ce week-end ! Les papas se feront un
plaisir à dépenser leurs dernières économies (ou crédits) pour satisfaire au
bonheur de leurs enfants qui fêtent leur fête: L'AÏD ES-SEGHIR. Et même si la
rentrée scolaire rappellera à tant de papas et de mamans aussi, la seconde onde
de choc qui frappera la maigreur de leurs porte-monnaies, la fête de cette fin
de ramadhan ne sera pas pour autant gâchée. Le petit café du matin, accompagné
de la première cigarette pour les accros feront oublier, le temps de la fête,
toutes les misères quotidiennes en perspective, les crédits accumulés par les
plus humbles d'entre-nous durant ce mois «sacré de charité, de solidarité et de
partage». Nos compatriotes immigrés programment déjà leurs prochaines grandes
vacances d'été. Le prochain ramadhan, selon les calculs «astronomiques»,
débutera le 1er août 2011. Vive le mois de juillet au bled ! Ce ne sera pas
comme ramadhan de cette année, arrivé dans l'intervalle des vacances, privant
les uns d'un séjour au bled pour des raisons professionnelles et poussant les autres
à jongler avec les dates de congés des enfants, ceux des parents (plus courts),
ceux des jeunes, plus compliqués parce que nombre d'entre eux occupent des
«jobs étudiants» en été pour pouvoir payer les droits d'entrée à l'université
qui se montent, chaque année, à plus de 1.000 euros. Hé oui, les études
supérieures ça se paie chèrement en Europe. L'année prochaine se sera plus
simple: job en juillet (quand c'est possible) et vacances en août. Ou
l'inverse. Peu importe, l'essentiel est de disposer d'un mois entier, du 1er au
30e jour, pour les vacances. Pourtant, passé les premiers jours qui suivent
ramadhan, que ce soit au bled ou ailleurs, une sorte de lassitude reprend le
dessus face à la platitude des jours et des nuits. Et l'on commence à regretter
les soirées animées des villes et villages, les veillées en famille ou entre
amis, les soirées musicales et surtout cette atmosphère empreinte de
tranquillité, de piété et d'empathie qui envahit les âmes après… la rupture du
jeûne. Les souvenirs défilent et les anecdotes sur le comportement «inhabituel»
de beaucoup d'entre nous durant ces longues journées caniculaires et de
privations, reviennent égayer les discussions. Ramadhan a cette particularité
de fixer la vie, de nous faire sortir du temps «T» et de l'espace «E» du cosmos
lorsqu'il arrive, et de nous éblouir de ses souvenirs dès qu'il nous quitte.
Dans les deux cas, nous frémissons: à son commencement et à sa fin. Quant à
l'autre faim, celle qui accompagne ramadhan, faut nous rappeler qu'elle est permanente
et douloureuse pour bien d'enfants et de parents de par le monde. Y compris
tout près de chacun de nous. Il suffit de bien regarder autour de soi. Bonne
fête à tous quand même !
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Posté Le : 08/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com