Variants et variantes

L'heure est (encore) plus grave. Le Championnat national de football se poursuit malgré les appels de détresse et les mises en garde des spécialistes et des observateurs qui craignent pour la santé des pratiquants, ces footballeurs qui continuent de courir derrière un ballon sous un soleil de plomb. C'est le coach tunisien du leader du Championnat, Nabil El-Kouki qui donnait l'alerte en avouant craindre le pire, si les matchs de la Ligue 1 se devaient se poursuivre jusqu'à la fin août, sous des chaleurs caniculaires. Pas mal de monde pensait alors que l'entraîneur de l'ES Sétif, qui venait de perdre une importante bataille à Alger face au MC Alger, voulait forcer la main aux «décideurs» afin de protéger l'acquis, un leadership que rares parmi les équipes de la L1 étaient capables de contester à l'Aigle noir. Puis, en off, Azzedine Aït Djoudi soulignera qu'il a refusé de programmer les matchs à domicile de son team, l'US Biskra, à 20h du fait que l'horaire n'a aucun sens et que la chaleur moyenne dans la capitale des Zibans est de 48°?C même à 2h du matin. Ensuite, le coach du MC Alger, Nabil Neghiz qui ira jusqu'au bout de sa réflexion en condamnant la programmation des matchs de la «réserve» en matinée et exigeant l'arrêt immédiat du Championnat des seniors. Dimanche, à l'issue d'un succès tiré par les cheveux contre le WAT «le plus dur match de la saison», estimait Neghiz, le driver du club de la capitale mettait un peu de piment à son constat en apostrophant un membre du bureau fédéral de la FAF, le Dr?Benhamza pour ne pas le nommer, qui «se réveille comme ça pour nous annoncer que la saison prochaine, le Championnat se jouera sous une formule à deux groupes». «Pour qui nous prend-on '», s'interroge l'ancien coach national par intérim très remonté sur le fait que «les techniciens ne sont pas associés aux débats, encore moins aux décisions qui concernent le devenir du football national». Entre les trois entraîneurs qui se sont exprimés (d'autres l'ont fait de manière moins «piquante», aucun lien sauf celui d'un métier qui fait peur. Peur de voir des footballeurs «crever» sous 50°?C. A Béchar, Relizane, Chlef et même à Alger où la température n'est pas aussi clémente par ces temps de sécheresse et de rationnement de l'eau de ville. Et puis, devant une programmation enflammée, un match chaque trois jours, d'autres moyens de mourir apparaissent. Le Covid qui reprend son envol, par exemple. La LFP qui exige les PCR et/ou les tests antigéniques à la veille de chaque rencontre aura bien à nous expliquer comment des équipes, comme par exemple la JS Kabylie ou bien la JS Saoura, qui ont joué jeudi à Béchar, peuvent-elles respecter le protocole sanitaire intégral, pour les seniors et les espoirs, en parcourant 1?800 kilomètres et pouvoir jouer, 72 heures plus tard, contre le NC Magra à Tizi-Ouzou et le CSC à Constantine. Le coach revenant de l'ASO Chlef, Samir Zaoui, même ravi du succès de sa formation à Dar el-Beïda face au Paradou AC, ne manquait pas de «munitions» pour bombarder les uns et les autres. «Notre club n'est même pas capable de payer les PCR et autres tests Covid. Nous devons parcourir les régions du pays en pleine saison de chaleur et sur des terrains en tartan qui brûlent. Si ce n'est pas criminel, c'est quoi alors», conclut-il. Nonobstant la récupération négligée, ce rythme endiablé que veut imposer la ligue de Medaouar aux 20 sociétaires de la Ligue 1 est, en effet, pour le moins «criminel». Un «crime» que Abdelkrim Medaouar tente de «commuer» en décidant de programmer les matchs du Championnat des réserves la veille de ceux des seniors et à des horaires «convenables». C'est-à-dire à 16h, 17h, 18h ou à 19h selon les commodités des stades des villes d'accueil, la plupart dotés de gazon artificiel et non pourvus d'éclairage pour la précision. Cet allégement ne semble intéresser personne. Nombre de clubs, en crise financièrement, préfèrent déplacer leurs troupes (seniors et réserves) ensemble pour limiter les frais de transport, de restauration et d'hébergement. Dimanche, un match du Championnat «réserve» n'a pas eu lieu (NAHD-JSMS) et le site de la LFP n'a pas eu le courage d'annoncer pourquoi ni même afficher le rendez-vous. C'est dire le degré de sérieux de « l'offre » de la LFP qui continue de remettre les chèques représentants les droits TV sous la table. Et sur «instruction d'en-haut». Comme au pire moment de la îssaba...M. B.