Algérie

«Vamos a la playa !»(*)



Nous sommes en 2021, l'année du variant Delta, la peur nous gagne, mais la vie continue, et traverser les routes d'Algérie, nous tente, une manière pour nous de raconter un peu les travelling que nous offre cette route nationale numéro 11. Notre point de départ est ce lieu mythique de la ville des arts et des lettres, Mostaganem, le quartier marin appelé communément Salaman, ce véritable c?ur palpitant de la ville, un espace bien tempéré magistralement immortalisé par Cheb et Chikhet avec le tube culte Salaman u berd lhal. Il s'agit bien de la salamandre qui s'est singularisée durant des années par son ancien théâtre Osman Fethi où activait jadis la célèbre troupe théâtre EL Moudja, un site culturel démoli depuis plus de quinze ans, un autre coup de théâtre de la bétonisation à outrance.
La route nationale 11 : destination brise et iode
Vamos a la playa , nous avons la musique émanant des bandes fm des stations de radio espagnoles plein les oreilles, la route est longue vers Alger, et on venait juste de dépasser les 25 km du chef-lieu de la wilaya de Mostaganem, première merveille : le Cap IVI inauguré en 1898, aujourd'hui faisant partie de la commune d'Abdelmalek Ramadhan, ce site est crédité de tous les honneurs sur tripadvisor le qualifiant par les uns d'endroit magnifique et de si beau et imposant par les autres.
Chez Sidi Lakhdar Benkhelouf
Après la minute phare, nous dévalerons le bitume et nous bifurquons sur d'autres communes de la wilaya de Mostaganem : Aïn Tedles, Sidi Lakhdar, Hassi Mameche, nous scrutons la moindre fréquence des chaînes bien de chez nous, hélas point de bedoui ni de rai, le charivari de la compilation Ibiza 2021 nous rappelle cette triste réalité de l'invasion des ondes, des ondes que nous gardons positives en poursuivant notre quête du bien-être intérieur chez le poète panégyrique du profère le cheikh Sidi Lakhdar Belekhlouf. Nous nous introduisons à l'intérieur de la koubaa où l'on a lu la fatiha en sa mémoire tout en glissant une donation en hommage l'auteur de El Khazna lkbira. El Khezna El Kbira, qu'on peut traduire en français par le grand coffre ornant l'intérieur du mausolée du saint patron de la région.
Ce fleuron de la poésie populaire ou le melhoun ritualise cet ardent désir et cette grande élévation spirituelle honorant le prophète de l'Islam Mohamed, un texte métaphorique louant les mérites du messager de l'Islam. Vues de nos sièges, les travellings sur la côte mostaganémoise est juste magnifique avec ces plages a perte de vue parées de tout un eden de sea and sand. Pas loin du complexe touristique à l'architecture écologique Zina Beach, une station balnéaire qui s'adapte à la situation sanitaire et redouble de vigilance. Les estivants tout en respectant les gestes barrières ont tout de même profité de leurs séjours au gré des virées en quad sur les belles dunes de ces plages, d'autres se contentent de se la couler douce sur l'eau limpide de la Marenostrum.
Identité Nekmaria
Une sympathique virée sur cette route côtière nous replonge dans l'ancrage identitaire de cette terre prospère. Des références aux appartenances généalogiques des populations comme ces villages dépendant de la commune Nekmaria, une toponymie qui rappelle tous simplement l'identité Nekma. Une APC qui dépend de Achacha l'une des grandes circonscriptions administratives de la wilaya de Mostaganem. Achacha, qu'on peut traduire par Vivier, ou tout simplement une liaison entre deux mots «aach» qui veut dire nid et «aach» un mot indiquant la vie pour avoir au final l'action tout simplement de la nidification, et il n'en demeure pas moins que le nom est étroitement lié aux premières populations de cette région qui ont élu domicile sur les bordures du Oued Kramis.
Cette ville du littoral ouest, portant le nom de Achacha ou l'ex-Picard est traversée par des oueds, un relief escarpé surplombant la mer où vivent depuis des siècles les Béni Zerrara, les Ouled Attou,l es Ouled Riahs, ces vaillants résistants qui ont subi l'un des premiers crime coloniaux en 1845, dont la mémoire des victimes du tristement célèbre Pélissier a été commémorée en ce mois d'août.
Pas loin du site de la Sablière de Béni Zerrara s'érige le barrage d'irrigation connu sous le nom de Oued Cramis, une appellation rappelant l'ancien nom, à savoir Oued Lkhmis ou la rivière du jeudi, un registre respectant une toponymie consacrée à l'agenda de la semaine tout comme les marchés hebdomadaires qui sont baptisés aux noms des jours de la semaine. Pas loin de ce oued vert et florissant, nous pouvons également apprécier la zone humide regorgeant d'espèces naturelles illustrant une biodiversité riche et variée marquée notamment par la présence de tétras noirs et de flamants roses.
Le registre toponymique révèle d'une part des noms ayant trait à des point d'eau comme la célèbre Ain El Malha ou la fontaine salée, ou encore El Guelta en référence à une petite retenue d'eau, c'est aussi le nom d'une parcelle florissante connue par sa production exceptionnelle de raisin et de l'autre part une lignée de souverains qui a régnée durant la période ottomane comme Ouled Bouchlaghem du nom de Bouchlaghem Benyoucef Ben Mohammed el misrati.et Ouled Boughanem qui immortalise une autre noblesse de l'époque.
Bahara ou la règne des marins
La Méditerranée parée de sa tunique indigo marié à un blanc d'écume des plus spectaculaire dévoile ses plages plus attractifs les uns que les autres nous avons longés les plages Bahara un et deux ,un pléonasme sympathique pour apprécier deux fois la baignade. Il n'en demeure pas moins que les deux sites de baignade font partie d'un grand village nommé Behara sans oublier aussi les deux plages que nous avons laissé derrière nous a savoir les plages Lala Ada, un réfèrent composé d'un titre honorifique honorant les femmes qui est Lala e Ada qui est un prénom masculin très répandu dans la région de l'ouest et un autre site de baignade appelé Sidi Abdelkader honorant la mémoire du saint patron de Baghdad Sidi Abdelkader El-Djilani.
Le reliefs du littoral sont naturellement limités par des oueds ou par des massifs décapés sur des kilomètres, chose que la toponymie a adoptée dans la production de toute un éventail de noms des lieux, le génie civil a intégré depuis la construction des routes en surélevant des petits pont et des grandes conduites d'évacuation.
L'oued Bouzgarts et l'oued Ziani, deux sites limitrophes, le premier à résonance amazighe, et le deuxième est l'un des noms les plus populaire en Algérie évoquant la prestigieuse dynastie des Zianides, ces dénomination de nature anthroponymique sont à ce titre révélatrices de ce rapport de l'Algérien à son espace et de cette permanente volonté de vouloir célébrer et honorer le parcours des hommes qui ont marqué de leur empreinte cette terre. Il est presque vingt heures, la palette d'un coucher de soleil prépare un panorama des plus splendides, nous faisons une petite halte sur un petit belvédère pour fondre dans le doux silence que nous offre ce samedi soir sur le beau pays qui est le mien.

(*) Allons à la plage (tube estival espagnol de 1983)
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