Algérie

Valoriser la connaissance, fondement du développement dans le cadre mondial



L'Algérie est placée à la 108e position (sur 127) de l'Indice global d'innovation (Global Innovation Index), un classement mondial des pays selon leurs capacités et résultats d'innovation économique publié chaque année par l'université américaine Cornell, l'Institut européen d'administration des affaires (INSEAD) et l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (WIPO), organisme onusien, en ce mois de juin 2017. Or nous sommes à l'aube d'une quatrième révolution économique et technologique mondiale, ne devant jamais oublier que le monde ne nous attend pas.Cette présente analyse est une brève synthèse, du volume VI de l'audit pluridisciplinaire, remis au gouvernement le 03 janvier 2013 (9 volumes 900 pages) sous le tire les axes de la relance économique de l'Algérie 2014/2020/2030 face aux nouvelles mutations mondiales réalisé sous ma direction.
1- Qu'est- ce le transfert de technologie '
Selon l'Ompi (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle «le transfert technologique est le processus désignant le transfert formel à l'industrie de découvertes résultant de la recherche universitaire et la commercialisation de ces découvertes sous la forme de nouveaux produits et services». Pour la recherche académique, le transfert de technologie est une opération qui consiste à transmettre les connaissances issues d'une recherche, formalisées ou non sous forme de brevet(s) ou de droits de propriété déposés, à un autre centre de recherche, public ou privé, destiné à les poursuivre à des fins de développement industriel ; ou à transformer la recherche en innovation industrielle, en cédant ses découvertes à une société de si l'on se limite à l'industrie, un transfert de technologie consiste à vendre, par contrat, à un acquéreur, les droits d'utilisation d'une technique, d'un procédé, d'un produit (bien marchand) dont on est propriétaire, ainsi que le savoir-faire nécessaire à sa production industrielle.
Le propriétaire de la technologie reste donc propriétaire, et l'acquéreur est contractuellement limité à un marché (limites géographiques, type de clientèle, volumes, par exemple) et soumis à des contraintes de diffusion (l'acquéreur ne peut pas lui même transférer la technologie). Comme on ne doit pas confondre un transfert de technologie avec une cession de licence, le transfert de technologie incluant la communication d'un savoir faire adapté au contexte de l'acquéreur. droit public ou privé. Quelles sont les différentes formes de transfert de technologie ' Nous pouvons classer cela en différentes formes d'ailleurs souvent complémentaires.
D'abord, la diffusion des connaissances, parfois nommée diffusion et transfert de connaissances, qui est une discipline pratiquée par les centres de recherche à des fins d'information des organismes publics, des entreprises. Cette diffusion est pratiquée lors de congrès, par des publications constituant une des sources d'information de la veille technologique, veille qui permet de surveiller l'évolution des connaissances, du savoir-faire, de la faisabilité et des inventions dans un domaine et ses environnements de développement. Mais à proprement parler la veille technologique n'est pas un transfert de technologie mais facilite le transfert.
Vient suite le siphonage technologique qui consiste à déterrer les projets somnolents dans les laboratoires de recherche, les universités, qui n'ont pas trouvé de débouchés industriels, pour les promouvoir à fin de créations d'entreprises. Une autre méthode de transfert souvent utilisé dans l'industrie pour faciliter la maîtrise du savoir faire est le recrutement des cadres et des spécialistes d'une technologie. C'est une des activités des chasseurs de têtes, des cabinets de recrutement ou parfois cela débouche sur l'espionnage industriel si les bénéficiaires des informations savent les exploiter. Il n'y a pas véritablement de phase de formation, sauf si la transmission d'informations comprend des éléments didactiques.
Egalement on peut citer comme facilité de transfert dans une première phase la rétro-ingénierie appliquée dans l'enseignement technique, la contrefaçon ou piratage (souvent prohibée selon les clauses de l'OMC qui a introduit la protection de la propriété intellectuelle qui consiste à la base en une copie débouchant parfois sur une acquisition du savoir faire, par la méthode des tâtonnement. Enfin nous avons le transfert partiel de technologie à travers la licence de production accordée à l'acquéreur mais exclut certaines technologies (la protection du secret d'un savoir-faire). Le bon management a besoin de ses connaissances et ses compétences.
2.- Le savoir, élément fondamental du transfert de technologie
Face à la pression de la concurrence par l'innovation, au développement de produits sur-mesure et de technologies de plus en plus complexes, à la production de services de plus en plus personnalisés, le travail demandé aux salariés n'a plus rien d'immédiat. De plus en plus, les directions d'entreprises demandent aux salariés de produire la connaissance de leur propre travail d'où l'importance d'une formation permanente. Cette production de connaissances repose sur des formes d'engagement et d'implication qui font jouer un rôle central à l'initiative, à l'intuition, aux jugements, (la fameuse boitte à outils japonaises source d'innovation par le collectif des travailleurs) mais aussi aux capacités des individus et plus largement aux «savoirs sociaux» Le Knowledge Management) qui stratégique pour chaque entreprise qui veut continuer à réussir.
Le management des connaissances s'appuie sur les leviers de succès à savoir, les connaissances incorporées dans les produits et services ; les connaissances et compétences humaines au sein de l'entreprise (le capital humain) ; les connaissances contenues dans les processus (la structure interne) ; la mémoire organisationnelle ; la mémoire transactionnelle et enfin les connaissances en tant que biens immatériels (capital intellectuel). Cette ouverture traduit la nécessaire rupture avec les formes de gouvernance centralisées, disciplinaires et mutilantes héritées de l'ère fordienne.
Aussi, le capital se socialise dans différents dispositifs techno-organisationnels influant dans le rapport des individus au travail. Les enquêtes montrent clairement que cette extension des savoirs sociaux s'accompagne de nouvelles formes de segmentation (qualifiés/non qualifiés ; mobiles/immobiles ; jeunes/vieux ; homme/femme et d'un partage des activités et servies qui deviennent de plus en plus marchands (délocalisation avec l'informatique en Inde l'électronique au Japon, Coréee du Sud...
Cette approche socioculturelle qui rend compte de la complexité de nos sociétés dont le transfert de technologie en est l'aspect apparent doit beaucoup aux importants travaux sous l'angle de l'approche de l'anthropologie économique de l'économiste indien Nobel Amartya SEN où d'ailleurs selon cet auteur il ne peut y avoir de développement durable sans l'instauration de l'économie de marché concurrentielle et d'une véritable démocratie solidaires qui seule permet à la fois la tolérance, la confrontation des idées contradictoires utiles et l'épanouissement des énergies tenant compte des anthropologies culturelles des sociétés.
C'est qu'existe un lien dialectique entre transfert de technologie et la culture d'une manière générale. La culture nationale n'étant pas figée, mais évolutive fortement marqués par l'ouverture de la société sur l'environnement englobant l'ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes partagés par la majorité du corps social est un constituant essentiel de la culture d'entreprise et du transfert technologique. Les expériences réussies du Japon, des pays émergents comme la Chine et l'Inde montrent que l'on peut assimiler la technologie sans renier sa culture.
D'ailleurs le transfert est favorisé lorsqu'existe une meilleure compréhension des valeurs convergentes et divergentes qui s'établissent entre deux groupes et vouloir imposer ses propres valeurs, c'est établir une relation de domination qui limite le transfert. Aussi, la culture d'entreprise est un sous-produit de la culture nationale et par conséquent un ensemble de valeurs, de mythes, de rites, de tabous et de signes partagés par la majorité des salariés et un élément essentiel pour expliquer les choix stratégiques en renforçant les valeurs communes : exemple, les règlement de conduite, les descriptifs des postes, ainsi que par le système de récompense et de sanctions adopté et ce pour que les salariés soient mobilisés, pour qu'ils s'identifient à leur entreprise et s'approprier son histoire.
Tout cela facilite le transfert de technologie qui ne doit pas se limiter à l'aspect technique, mais également managériale, organisationnel et commercial etc. L'indice de développement humain ou IDH développé en 1990 par l'économiste pakistanais Mahbub ul Haq et l'économiste indien, prix Nobel d'économie Amartya Sen traduit l'importance du développement du capital humain dont l'éducation et la santé.
3.-Le changement de cadre juridique bloque l'investissement et le transfert de technologie
Il est utile de rappeler que de l'indépendance politique à nos jours, l'économie algérienne a connu différentes formes d'organisation des entreprises publiques. Avant 1965, la forme d'autogestion était privilégiée ; de 1965 à 1980, nous avons de grandes sociétés nationales et de 1980 à 1988, nous assistons à une première restructuration découpant les grandes sociétés nationales.
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international
(A suivre)


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