Algérie

Vaccin contre la grippe A: La DSP rassure, le corps médical encore sceptique



Les autorités sanitaires veulent sensibiliser les personnes «vulnérables» sur la nécessité de la vaccination contre la grippe porcine. Dimanche, dans l'après-midi, la chef de service de la Prévention à la Direction de la santé et de la population (DSP) a animé une conférence de presse pour rassurer le personnel médical et les femmes enceintes sur les «bienfaits» de l'immunisation contre le virus de la grippe A H1N1. Selon la responsable, il y a un regain d'intérêt des personnes dites «vulnérables» pour la vaccination. Une quarantaine de personnes sont ainsi immunisées quotidiennement à travers les EPSP de la wilaya. Nous sommes loin des modestes performances des premiers jours du lancement de la campagne de vaccination. Durant les trois premières journées de cette campagne, seules cinq (5) femmes enceintes sur plus de 5.000 concernées à Oran se sont présentées aux établissements sanitaires pour être vaccinées contre la grippe porcine. Les femmes enceintes, qui demeurent parmi les catégories les plus exposées au virus de la grippe A en raison de leurs états et de la vulnérabilité de leurs systèmes immunitaires, ne se bousculent pas pour autant dans les centres de vaccination. La circulation de «racontars» sur la dangerosité du nouveau vaccin a finalement dissuadé la majorité des femmes enceintes à Oran comme ailleurs en Algérie. Dans de nombreux centres de vaccination, le corps médical a été contraint de reporter sine die la vaccination faute de candidates. La vaccination ne peut commencer qu'en présence de dix candidats car le nouveau vaccin est conditionné dans des flacons contenant dix doses. «Nous ne pouvons pas gaspiller un flacon de dix pour vacciner trois ou quatre candidates», affirment des paramédicaux dans ce centre de vaccination à Oran-Est. Pour la chef service de la Prévention à la DSP, le vaccin ne constitue aucun danger pour la santé. Pour cette responsable, aucun effet secondaire grave de la vaccination n'a été enregistré à travers le territoire de la wilaya depuis le lancement de la campagne de vaccination le 31 décembre dernier. Les autorités sanitaires soutiennent que ce nouveau vaccin fabriqué par un laboratoire canadien est sûr et ne comporte aucune substance toxique pouvant provoquer de graves réactions allergiques. Elles assurent que les composants de ce vaccin sont des substances utilisées depuis plus de 40 ans et autorisés par l'OMS. Le vaccin comporte un principe actif dénommé «antigène». C'est cet élément qui va induire une réponse immunitaire capable de protéger l'individu contre l'infection naturelle ou d'en atténuer significativement les conséquences. Il contient aussi des adjuvants qui stimulent la réaction immunitaire induite par les vaccins et un conservateur (Thiomersal) ou sel de mercure qui évitent le risque infectieux. Les assurances des autorités sanitaires ne semblent cependant pas convaincre le corps médical à Oran. Les blouses blanches rejettent unanimement cette campagne de vaccination en estimant que ce nouveau vaccin développé trop rapidement et comportant un adjuvant susceptible de déclencher des maladies auto-immunes constitue une réelle menace pour la santé des personnes immunisées. Pour les médecins, le rapport bénéfice/risques ne penche pas du côté de la vaccination. La dernière sortie médiatique des autorités sanitaires n'a pas réussi à convaincre le corps médical, bien au contraire les blouses blanches semblent redouter de plus en plus les effets secondaires de la vaccination. A l'origine de la progression des craintes des blouses blanches est la circulation au début de cette semaine d'information sur de nouveaux décès mystérieux de deux femmes à Alger et à Djelfa après leur immunisation contre le virus de la grippe A. La première victime serait une femme policière âgée de 40 ans. Elle a rendu l'âme à l'hôpital d'El Biar où elle avait été hospitalisée pour des «complications graves». La seconde victime, une jeune femme enceinte, est décédée dans un établissement hospitalier de la wilaya de Djelfa. Une enquête est menée par les services sanitaires pour déceler les causes exactes de ces deux décès. Mais les blouses blanches à Oran ne paraissent pas s'intéresser aux résultats des analyses. De nombreux médecins voient en effet avec suspicion les enquêtes menées par les autorités sanitaires. La cause est le retard encore énigmatique dans la publication des résultats de l'autopsie de la jeune médecin morte à Sétif quelques heures après son immunisation par le nouveau vaccin. Pour l'instant, ces deux nouveaux décès continuent de nourrir la psychose dans les établissements sanitaires à Oran. Les craintes des personnes concernées par la vaccination pourront-t-elles être dissipées par les assurances des autorités sanitaires ? Le pari semble difficile à tenir et l'annonce de ces nouveaux décès mystérieux devra compliquer la tâche au département ministériel de Saïd Barkat.




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