«Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre» (Dostoïevski)
2012 toque aux portes et l'Algérie, comme le reste du monde, évalue son
bilan et s'interroge sur son avenir. Les débats sont chauds, passionnés (et
passionnants) avec une constante dans tous les raisonnements : Bouteflika et ses 12 années de pouvoir. Tous les
raisonnements et les analyses se font et se défont autour de Abdelaziz Bouteflika. Somme toute, chose naturelle tant il est le 1er
responsable de l'Algérie avec, Constitution nationale oblige, son programme
politique et économique que les partis politiques lui ayant fait allégeance se
sont engagés à respecter et à réaliser. Du coup, ceux et celles qui adhérent au
programme présidentiel lui trouvent toutes les vertus, y travaillent et le
glorifient, alors que ceux et celles qui n'y adhérent pas ne lui reconnaissent
rien d'exceptionnel, le critiquent et le dénoncent au détour de chaque échec, scandale
économique ou émeute de rue, de village ou plus. 2012 et 12 ans de «bouteflikisme», 2012 et 12 ans de hauts et de bas, de
moments de bonheur et de tristesse, d'espoirs et d'angoisse. A la fin, l'Algérie
est partagée, divisée entre ceux et celles dont les larmes ont coulé sous
l'émotion de la joie et les autres dont les larmes traduisent encore l'amertume,
la douleur et le désespoir. Les «heureux» de l'ère Bouteflika
vous rappellent d'où l'on vient, c'est-à-dire la terrible tragédie algérienne
des années 90, l'isolement dans lequel était confiné l'Algérien, son immense
solitude et s'émerveillent devant 1.300 km d'autoroute, du million de logements
construits par l'Etat, de la dizaine de barrages d'eaux, du crédit auto, de la
fin des pénuries alimentaires et, surtout, de la liberté de circuler sans
crainte de «faux barrages» ou de massacres collectifs. C'est l'argumentaire des
partisans et défenseurs du «bouteflikisme». Les
autres, eux, lèvent dans leurs plaidoyers des arguments aussi vrais que ceux
des premiers : les émeutes continuelles çà et là, celles de janvier dernier, le
chômage endémique chez les jeunes, la corruption partout, l'injustice, le
nombre de mendiants dans les rues, les harraga, les
immolés par le feu, l'anarchie sociale et économique et le monde qui tourne
sans eux. Qui a raison, qui a tort ? Tous les deux. Cela dépend où l'on se
situe sur l'échelle sociale de l'Algérie de fin 2011. Difficile de départager
les «pour» et les «contre». Et puis, il y a la «cagnotte» Algérie évaluée à
près de 188 milliards de dollars et plus pour 2012 et devenue un sujet national.
L'Algérie est donc riche avec un peuple pauvre selon les pessimistes. Non, rétorquent
les autres, l'Algérie est pauvre avec un peuple riche et gâté par l'Etat. Le
débat achoppe sur ces milliards de réserves de change. Est-ce beaucoup pour un
pays qui a besoin de tout ? Est-ce rien pour un pays qui a besoin… de tout ? D'où
provient cette richesse, à quoi sert-elle et qui en profite ? Peut-être faut-il
que les experts nous disent clairement et simplement qui produit cette richesse
dans un pays au chômage endémique et au pouvoir d'achat insignifiant. Parce
qu'il faudra bien expliquer le pourquoi des immolés, des harraga,
des émeutiers, des manifs des syndicats, etc. Comme il faudra expliquer les
coups de gueule des «gagnants» du système eux-mêmes, les importateurs de
nourriture et de friperie, les «entrepreneurs» de tout et en tout, les
trabendistes, les propriétaires de trottoirs, de rues et d'espaces privés, etc.
A la fin, riches et pauvres se plaignent l'un de l'autre et du «système». Les
riches ne se sentent pas heureux dans leurs richesses et les pauvres les
regardent avec suspicion, méfiance et doute. A bout de souffle et d'arguments, les
Algériens se regardent sans se comprendre, puis regardent ailleurs, à côté et
vers le monde dit libre. Ah ! La «Liberté», voilà ce qui nous est commun se
disent tous les Algériens. C'est peut-être cela le secret du bonheur et de la
réussite sociale. Là encore, le débat est plus tranché, dur et «indéchiffrable»:
peut-on être libre en s'adossant à des modes de vie collective chargés
d'intolérance et de peur de soi ? Peut-on être libre quand on regarde la femme
comme une «tentation du diable» ? Peut-on être libre lorsqu'on applaudit quand
la justice condamne une femme parce qu'elle avait sur elle la Bible, testament reconnu par
l'islam, ou que l'on emprisonne des Algériens parce qu'ils n'observent pas le
ramadhan ? Comment aspirer à la liberté en ne regardant que soi-même, ses
convictions et en rejetant les autres et le reste ?
L'Algérie ne pourra croire en l'espérance d'une vie meilleure que
lorsqu'elle aura admis que la «Liberté» n'est pas une notion théorique et
qu'elle est possible et légitime pour tous. Bonne année 2012, qu'elle soit
porteuse d'espoir et de liberté pour tous les Algériens.
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Posté Le : 28/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com