Algérie

V'ux pieux



Le pèlerinage du pape Benoît XVI en Terre Sainte l'a notamment conduit en Cisjordanie, où il a été accueilli par les Palestiniens qui attendent toujours de tirer un trait sur la tragédie de la colonisation par Israël de leur patrie. Benoît XVI, bien dans son rôle en ceci, prêche une concorde entre les peuples de la région qui est une vue de l'esprit au moment où l'arrivée au pouvoir de radicaux et d'intégristes remet en cause un processus de paix qui relevait déjà de la fiction. Le pape du Vatican, qui appelle de ses v'ux l'établissement de l'Etat palestinien, ne sera sans doute pas plus entendu par Israël, que ne l'ont été avant lui les maîtres du monde. L'influence politique du pape est certainement moindre par rapport à celle des présidents successifs des Etats-Unis, des dirigeants européens, voire des lobbies sionistes. Benoît XVI ne pouvait également pas faire moins que de souhaiter la levée du blocus de Ghaza par Israël, mais là aussi cela relève du v'u pieux. Tout porte à croire que le blocus sera au contraire renforcé par l'Etat hébreu qui ne désespère pas de brûler définitivement Ghaza. Les recommandations de Benoît XVI ne coûtent que le papier pour les écrire et les mots pour les dire. L'Eglise n'a aucune forme de pouvoir et d'action, y compris ceux de protéger les chrétiens de Palestine qui sont tout autant opprimés que leurs compatriotes musulmans par l'occupant sioniste.Benoît XVI lui-même n'ignore pas que sa capacité d'infléchir les autorités d'occupation est limitée pour ne pas dire nulle. Pour autant, il lance à travers son pèlerinage en Terre Sainte un message aux chrétiens du monde pour signifier son intérêt et sa compassion pour les souffrances endurées par les Palestiniens de toutes confessions. Benoît XVI s'attache par ailleurs, autant qu'il le peut, à dissiper le malaise avec le monde musulman à la suite de son discours de Ratisbonne qui avait été perçu comme une agression contre l'Islam. D'un autre côté, le pape voulait aussi faire bonne figure auprès des Israéliens surtout après le déni de l'holocauste par des prêtres intégristes que l'Eglise vient de réintégrer dans son giron. En Terre Sainte, le pape Benoît XVI a eu le souci d'éviter les mots qui fâchent et fait preuve d'une diplomatie minimale en disant à chacun ce qu'il voulait entendre. Malgré cela, les Israéliens lui ont suffisamment fait mauvaise figure pour que le pape comprenne qu'il se mêlait de choses qui ne le regardent pas et qui ne sont acceptables, pour eux que dans l'intimité de la prière. Une fois Benoît XVI rentré au Vatican, il est peu probable que le quotidien des Palestiniens, et plus particulièrement encore ceux de Ghaza, connaisse la moindre évolution. Même animé des meilleures intentions du monde, Benoît XVI ne pouvait pas accomplir un tel miracle.


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