Algérie

USM Alger : Un 8e sacre et un avenir' incertain



L'USM Alger s'est adjugée, il y a tout juste 10 jours, le titre de championne d'Algérie 2019, dans une ultime journée riche en suspense et en rebondissements. Un 8e sacre acquis au forceps et dans la douleur, après le succès inespéré, et même «douteux» pour certains, ramené de Constantine, coiffant au poteau la JS Kabylie, avec une courte avance d'un point au classement général.Mais s'il y a lieu de résumer la saison du club algérois, qui est loin d'avoir démérité, lui qui s'est installé en leader du championnat dès la 2e journée, pour ne plus quitter ce fauteuil jusqu'à l'ultime round, c'est que celle-ci a été marquée par de nombreuses perturbations.
Au point que l'USMA a failli louper ce 8e sacre, qui lui ouvrait pourtant grands les bras, au vu de l'avance confortable qu'elle avait au classement, avant de connaître un passage à vide dans la dernière ligne droite, frôlant le scénario catastrophe et une saison à blanc. En cause : les nombreux soucis qu'a connus le club tout le long de cet exercice, notamment sur le plan financier.
En effet, pour la première fois depuis le passage au professionnalisme et la prise de pouvoir des frères Haddad, l'USMA connaît des problèmes financiers, avec cette difficulté à assurer les salaires des joueurs, causant une véritable cassure entre la direction et certains joueurs cadres, qui s'est illustrée par le cas du défenseur central Farouk Chaffaï, renvoyé avant le terme de la saison après neuf années de bons et loyaux services.
Le titre, l'arbre qui cache la forêt
Des difficultés financières, confirmées du reste au lendemain du retrait de Ali Haddad de la présidence du club, suite à son incarcération, et l'installation d'un intérimaire, il y a près de deux mois, avant l'annonce faite, dimanche soir, par le directeur général, Abdelhakim Serrar, qui a évoqué le gel des comptes du club.
L'USMA a frôlé une saison à blanc, ce qui est loin d'être prévisible pour un club qui ambitionnait de ratisser large cette année. Courant plusieurs lièvres à la fois, les frères Haddad ont décidé de confier les affaires techniques du club à Abdelhakim Serrar, avec comme ambition de conquérir notamment l'Afrique, et cette obsession d'accrocher cette première étoile africaine sur le maillot rouge et noir, notamment après l'échec en finale de la Ligue des champions en 2015 face au TP Mazembe.
Ambitieux, les Haddad et Serrar, qui ont eu le loisir de s'offrir les meilleurs joueurs du championnat, avec l'argent qui coulait à flots, et asseoir l'hégémonie du club, aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale. La direction usmiste se fixera ainsi l'objectif de tout rafler, à commencer par la Coupe de la CAF, en passant par la Coupe arabe et ses 6 millions de dollars de récompense, sans oublier bien évidemment le championnat et la coupe d'Algérie.
Mais les ambitions des gars de Soustara se heurteront à la dure réalité du terrain. L'ambition ne suffisant pas à elle seule pour réussir, les objectifs tracés, et surtout placés comme priorité, commencent à s'égrener les uns après les autres. Et la grosse désillusion a été surtout cette incapacité de l'USMA à retrouver une finale continentale et son échec, dès les 8es de finale, dans la Coupe arabe, suivie ensuite par l'élimination en coupe d'Algérie.
Il ne restait plus que le championnat à l'USMA pour sauver une saison de tous les ratages, et là encore les Algérois ont frôlé le fiasco, en attendant l'ultime journée et «un coup de pouce du CS Constantine», pour arracher ce titre, qui était pourtant largement à sa portée.
Fin de l'ère Haddad
Une saison difficile et un titre acquis au forceps, le tout au rythme de nombreuses crises annonciatrices de la fin d'une ère et le début d'une nouvelle pour l'USMA. La fin de l'ère des frères Haddad, après neuf années de règne à la tête du club, a été révélée, dimanche, par le porte-parole du club, qui a annoncé que la famille Haddad a décidé de mettre en vente ses actions au sein de l'USMA.
Les ennuis judiciaires du patron de l'ETRHB et la manière avec laquelle a été géré le club cette saison étaient sans équivoque et annonçaient la fin du règne des Haddad, devenus propriétaires de l'USMA depuis l'été 2010, en s'accaparant 83% des actions de la SSPA/USMA, avec un investissement de départ estimé à 707 millions de dinars dès la prise des commandes du club, auquel il faudra ajouter une centaine de milliards investis au cours des neuf saisons sous l'ère du professionnalisme.
Durant l'ère Haddad, et bien que l'USMA ait tardé à réaliser un retour d'investissement en matière de titres, puisqu'elle a dû attendre quatre années pour en gagner un, celui de champion d'Algérie en 2014, mettant fin à près d'une décennie de disette, avec un dernier titre en championnat qui remonte à 2005, sous la conduite de Saïd Alik. La suite sera plus ou moins radieuse.
En effet, l'USMA, sous la conduite de Ali Haddad, a tout de même gagné bon nombre de titres, avec trois championnats (2014, 2016 et 2019), une coupe d'Algérie (2013), une Coupe arabe des clubs (2013) et deux Supercoupes d'Algérie (2013 et 2014). Mais avec tout de même une hantise, cette incapacité à accrocher le premier titre africain, pour rivaliser avec les autres grosses cylindrées du football algérien que sont le MCA, l'ESS et la JSK.
Après la joie du titre, les appréhensions?
Un bilan très reluisant pour l'USMA sous la conduite des Haddad, malgré cette déception de ne pas accrocher un titre continental, et qui devrait vraisemblablement clore l'ère de l'ETRHB et des frères Haddad à la tête de l'USMA. En tout cas, et malgré la joie suscitée par le sacre en championnat dimanche dernier, les Usmistes ne cachent plus leurs appréhensions d'un avenir des plus incertains pour leur club.
Les Haddad se dirigeant visiblement vers un retrait imminent des affaires du club, laissant une USMA en prise au doute, et des joueurs dont la majorité en fin de carrière et surtout sur le départ, n'est pas pour rassurer la famille du club algérois, qui appréhende à juste titre l'avenir immédiat du champion d'Algérie en titre.


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