Annoncé il y a plus d'une année, le projet de production d'une voiture algérienne avec l'aide de Renault peine à voir le jour. A Alger, les officiels font preuve d'un tapage médiatique et d'un optimisme béat. C'est dans ce sens que Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, a annoncé, hier, que le gouvernement algérien et le constructeur français sont «sur le point de signer» un protocole d'accord. «Une fois que cet accord sera paraphé, nous procéderons à la signature d'un pacte des actionnaires qui donnera le feu vert au lancement du projet», a déclaré le ministre, cité par l'APS. «Si cet accord est signé dans six mois», selon ses prévisions, «les premiers véhicules sortiront vers la mi-2013».
Outre Renault, le constructeur automobile allemand, Volkswagen, veut également investir en Algérie, a indiqué M. Benmeradi. Il a encore soutenu que notre pays tablait sur la filière de l'industrie automobile et mécanique pour «booster l'investissement industriel de manière générale et contribuer à l'émergence d'un réseau national de sous-traitance fiable». Le taux d'intégration de la sous-traitance nationale dans les projets de partenariat seront «très faibles» au lancement des projets, «mais vont augmenter avec le temps», prévoit le ministre.
Contrairement à la posture des Algériens, les Français restent prudents. «Sur un dossier (Renault, ndlr) de cette ampleur, il est normal que les discussions qui portent sur un très grand nombre d'aspects (le développement d'un tissu fournisseur, le choix du site, le pacte d'actionnaires, le financement du projet…) aient besoin de temps pour aboutir», a confié hier Jean-Pierre Raffarin au journal online TSA. L'envoyé spécial du président français Nicolas Sarkozy était attendu hier à Alger dans le cadre d'une visite de travail dans le but de relancer trois grands projets des entreprises françaises, dont celui de Renault, qui butaient jusque-là sur la politique protectionniste réintroduite dès 2009. L'émissaire de M. Sarkozy, qui refuse de parler de «blocage» concernant le projet Renault, se dit toutefois «confiant».
Selon des économistes et des professionnels, le tissu industriel algérien ne peut pas fournir les intrants nécessaires à la production d'une voiture aux normes européennes.
L'Algérie compte seulement 500 opérateurs dans le domaine de la sous-traitance mécanique, selon les données de l'Union nationale des professionnels de l'industrie automobile et mécanique (Unpiam). Ces sous-traitants peinent à survivre dans un paysage économique national dominé par les importateurs.
Sur un autre chapitre, les restrictions à l'investissement privé telles que les limites à l'investissement étranger direct, adoptées en 2009, «contraignent la compétitivité et les perspectives de croissance» en Algérie, estime le FMI dans une note d'information publiée hier. Un constat que partage M. Raffarin lui-même : «Le nouveau régime des investissements issu de la loi de finances complémentaire pour 2009 a apporté des contraintes qui peuvent poser des difficultés aux entreprises étrangères qui peuvent trouver, dans d'autres pays, des conditions d'accès plus attractives», a encore déploré l'ancien Premier ministre français. S'il considère que les autorités algériennes sont «souveraines» dans leurs décisions, M. Raffarin a exprimé par contre le souhait de Paris que ces mesures soient assouplies : «Toutes décisions que prendraient les autorités algériennes pour assouplir le régime existant seraient certainement bien accueillies.»
Les entreprises, autant françaises qu'algériennes, se plaignent, selon lui, des «lourdeurs administratives et de l'accès au foncier industriel… Il est quelquefois difficile aux sociétés françaises d'identifier un partenaire algérien adéquat, compte tenu d'un tissu d'entreprises privées encore limité».
Ces boulets, outre celui de l'activité informelle, plombent l'attractivité de l'économie nationale et la compétitivité des entreprises. Dans ces conditions, un projet d'usine de montage en Algérie a-t-il des chances de voir le jour ' En 2007, le constructeur français, qui envisageait de construire une usine de voitures en Algérie, a préféré aller investir au Maroc pour près d'un milliard d'euros dans la zone franche de Tanger, où le climat des affaires est jugé plus attractif qu'en Algérie.
Ironie du sort, l'usine Renault Tanger s'apprête à lancer sa production en série. Côté algérien, le projet n'a pas bougé d'un iota !
Les Algériens gardent par ailleurs à l'esprit «la mauvaise blague» du projet d'installation d'une usine de fabrication de véhicules de marque Fiat à Tiaret, dans l'ouest du pays. De report en report, «l'usine Fatia» n'a jamais vu le jour.
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Posté Le : 02/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hocine Lamriben
Source : www.elwatan.com