Usine de traitement de phosphate à Bir El Ater (Tébessa): Les habitants s’insurgent contre la pollution et les risques sanitaires

Une source médicale soutient que le nombre des cas d’asthme et d’allergies dans cette région a connu une nette augmentation ces dernières années.

Lazhar, 24 ans, est un jeune berger décédé au mois d’août dernier suite à une maladie respiratoire. Son frère a confirmé à El Watan que son aîné était exposé à longueur de journée sur les lieux où paissait son troupeau à la fumée nocive qui se dégage du complexe minier de l’enrichissement de phosphate situé à la sortie de la ville de Bir El Ater, 89 km de Tébessa.

Selon une source médicale, le nombre des cas d’asthme et d’allergie dans cette région a connu une nette augmentation ces dernières années. Un éleveur se plaint également de cette émanation de poussières provenant quotidiennement de cette usine et qui a affecté une partie de son cheptel atteint d’une maladie jusque-là méconnue.

«Plus de trente brebis ont été atteintes d’une maladie qui a affecté leur dentition. Un vétérinaire me l’a confirmé que cela est dû à la poussière de phosphate qui se propage dans les pâturages», soutient-il.

Se sentant exposés aux risques des maladies, une centaine de jeunes de la ville de Bir El Ater se sont insurgés au cours du mois passé en organisant plusieurs actions de protestation devant le complexe de traitement de phosphate pour dénoncer haut et fort cette pollution sans précédent qui a causé d’énormes désagréments à leur environnement.

«Ces derniers temps, le dégagement de la fumée s’est accentué. Ce sont nos enfants qui sont exposés aux maladies. Nous demandons de la société des mines de phosphate (Somiphos) de procéder à une opération de dépoussiérage en mettant des filtres au niveau du four», a proposé Kamel, un habitant de la région.

Dans une pétition signée par une centaine de personnes et adressée aux autorités locales, à la direction de l’environnement, aux associations chargées de la protection de l’environnement et à la direction de Somiphos, un appel a été lancé pour prendre des mesures immédiates afin de mettre fin à ce phénomène qui constitue un réel danger pour leur santé.

Ces habitants sont déterminés d’aller jusqu’au bout, car selon eux, même des mineurs meurent chaque année en silence à cause de la détérioration de l’atmosphère dans la mine.

«Cela fait plus de 60 ans que la carrière d’exploitation pollue sans arrêt la région de Bir El Ater», affirment-ils.

Une thèse de magistère réalisée par un étudiant à l’université d’Annaba et dont El Watan détient une copie montre que des éléments radioactifs à faible teneur se dégagent des tas de phosphate exploités. Chose qui pourrait être derrière les cas de cancer qui ne cessent d’augmenter d’une année à autre.


Lakehal Samir