Algérie

Urgences



La sécurité alimentaire est un enjeu de survie pour nombre de pays dans le monde. L?Algérie n?est pas dans ce cas de figure, mais pour autant elle n?est pas autosuffisante comme en atteste le volume de ses factures d?importation. La menace n?est donc pas immédiate et pressante mais elle ne s?en pose pas moins pour les générations futures. La conjoncture est favorable, aujourd?hui, du fait de l?embellie financière induite par les recettes des hydrocarbures. C?est malgré tout une situation aléatoire qui devrait donner lieu, assez rapidement, à des stratégies de substitution pour lever le spectre de la dépendance. Il est déjà d?autant plus nécessaire de s?engager dans cette voie, que les pays producteurs eux-mêmes se sentent maintenant concernés par les risques et les incertitudes. L?agriculture, en Europe et en Amérique du Nord, n?aura pas toujours vocation de nourrir le monde même si ce n?est pas à titre gracieux et solidaire. Les pays riches n?en sont pas moins conscients des dangers réels de famine et de disettes qui pèsent sur la planète. Mais les élans les plus généreux de l?Europe et de l?Amérique du Nord peuvent déjà être contrecarrés par la conjonction douloureuse de l?économie et du climat. Avec un baril dont le prix est en hausse systématique et des conditions météorologiques devenues défavorables, les pays nantis en viendront à vouloir protéger d?abord leurs propres populations. Ce serait alors donner une prime à l?imprévu que de ne pas intégrer le possible choc alimentaire comme un vecteur essentiel des relations internationales dans un futur plus proche qu?il n?est prévu. Cela pose un problème de gouvernance dont chaque pays devra prendre la mesure dès à présent. Car la compétition risque d?être rude à l?égard des ressources qui, comme l?eau, deviendront rares et susciteront donc des convoitises. Même les capacités financières des Etats ne constitueraient plus des arguments sonnants et trébuchants, car le cap du profit sera dépassé par la nécessité pour les pays les plus puissants d?assurer leur propre autonomie. Il sera utile de compter sur la sagesse innée de la communauté internationale pour impulser les indispensables solidarités pour que des peuples entiers ne meurent pas de faim. Sur une éventualité aussi tragique, les prévisionnistes font preuve d?un optimisme mesuré tant le fossé est appelé à se creuser entre riches et pauvres. Aucun pays, pourtant, ne peut être acculé à ne plus pouvoir trouver de solution. Le soutien des institutions donatrices, dont celles relevant de l?ONU, ne devrait pas remplacer, notamment en Afrique, la réhabilitation des agricultures traditionnelles et des cultures vivrières de proximité. Une telle réhabilitation devrait être inscrite également au titre des urgences en Algérie où l?agriculture est aussi vitale que le pétrole avec cette différence que la valeur du travail est un bien inépuisable. Le grand enseignement de la mobilisation actuelle, au plan international, sur le thème de la sécurité alimentaire, est que les peuples ne mangent que s?ils produisent. Ils doivent, en cela, compter d?abord sur eux-mêmes.


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