A la faveur de la présidence tournante espagnole de l'UE, le projet de
l'UPM revient comme une priorité dans la coopération euro-méditerranéenne. Et
si c'était possible de bâtir la paix par la foi dans la diplomatie et la
politique ?
La diplomatie est souvent décrite comme la fille aînée de la politique.
Elle lui prête, toujours et sans geindre, aide et assistance dans les moments
difficiles. Ainsi, en ces moments où les rapports entre l'Europe et les pays du
Sud méditerranéen subissent une érosion accrue, le projet de l'Union pour la
Méditerranée (UPM) revient à la surface pour réduire les « malentendus » et
cicatriser les douleurs. Situation pour le moins inédite : l'UPM, donnée pour
mort-née en raison des questions palestinienne et du Sahara Occidental, se
découvre être le lieu possible par excellence où l'on peut débattre des chances
pour la paix et la prospérité au Moyen-Orient et au Maghreb.
L'Espagne, qui a pris, début
janvier, la présidence tournante de l'Union européenne, a toute les raisons
d'inscrire au chapitre de ses priorités la relance de l'UPM. L'Espagne aura
l'honneur d'accueillir, depuis son lancement en juillet 2008, le premier Sommet
de l'UPM (mai, juin 2010). Le communiqué final de la réunion de haut niveau
entre l'Espagne et l'Algérie, qui a eu lieu le 7 janvier dernier, en fait
ouvertement référence. « L'Espagne et l'Algérie se félicitent des avancées
réalisées dans la voie de la mise en place de l'UPM et des efforts déployés en
vue de préciser les contours et le contenu de cette initiative... Les deux
parties conjugueront leurs efforts pour que le Sommet UPM, prévu à la fin de la
présidence espagnole de l'UE, soit un succès » (point 12 de la déclaration).
Tout le problème de l'Espagne
serait de convaincre l'ensemble des pays du sud et de l'est de la Méditerranée
de s'impliquer dans la mise en place du projet euro-méditerranéen. Car,
rappelons que bien des Etats ont fait défection à diverses rencontres
ministérielles et sectorielles depuis l'agression criminelle d'Israël contre
les populations civiles de Ghaza en décembre 2008 et janvier 2009. Mais si les
initiatives, rencontres, décisions au niveau ministériel ont été rares,
incomplètes et sans grands effets sur les rapports euro-méditerranéens, celles
au niveau sectoriel et associatif ont été nombreuses, productives d'idées et
d'initiatives intéressantes, mais malheureusement peu visibles (peu
médiatisées).
Que veut dire, par exemple, le
sigle ARLEM pour les peuples euro-méditerranéens ? Pourtant, le 21 janvier
prochain aura lieu la première réunion officielle de l'Assemblée régionale et
locale euro-méditerranéenne (ARLEM, puisque c'est d'elle qu'il s'agit). Une
Assemblée qui regroupera les élus et responsables locaux et régionaux des 43
pays membres de l'UPM. Ses recommandations traduiront les besoins et demandes
des populations et serviront de base de travail et d'orientation aux hauts
responsables et chefs d'Etat. Il en est de même pour le Réseau
euro-méditerranéen de promotion des droits de l'homme. Des centaines d'ONG
locales, nationales et transnationales n'ont pas cessé depuis juillet 2008 de
se rencontrer et de bâtir des stratégies pour les droits des humains et la
démocratie. Quant à la Banque européenne d'investissement (BEI), elle soutient
et finance des projets au profit des pays du Sud dans des domaines aussi variés
que l'environnement, l'industrie ou les ressources humaines.
Les adversaires du projet UPM
dénoncent, souvent à juste titre, la faiblesse des investissements financiers
de l'UE au sud de la Méditerranée. Mais, peut-on en vouloir à ceux qui
investissent leurs compétences et leur foi dans le projet UPM, tels les
militants des droits humains, les acteurs de la culture, de l'enseignement, les
élus locaux, les militants pour la protection de la nature, etc. ? Faire
aujourd'hui le bilan de ces rencontres, conférences, échanges... et leurs
portée sur la coopération euro-méditerranéenne étonnerait plus d'un pessimiste
de l'UPM.
Bien sûr que tout le programme de
l'UPM a bénéficié de l'expérience et de l'expertise du Processus de Barcelone.
Les maigres résultats de ce dernier ont été, justement, pour beaucoup dans la
mise en place d'un « nouveau » projet qu'est l'UPM. Au final, l'Europe comme
les pays du Sud méditerranéen n'ont d'autre alternative de coopération globale
que le cadre de l'UPM. Et qui interdit aux pays du Sud et arabes d'utiliser
l'opportunité de l'UPM pour rendre justice aux Palestiniens et aux Sahraouis ?
La politique de la chaise vide peut exprimer une condamnation ou le refus d'une
injustice à des moments précis. Mais l'utilisation d'un cadre institutionnel
comme celui de l'UPM pour rendre justice ne peut-il pas être aussi efficace ?
En tout cas, à l'heure où les
ensembles régionaux se construisent et gagnent des sphères d'influence, les
pays du Sud ne pourront faire l'économie (ou l'impasse) du projet
méditerranéen. Pour cela, il aura fallu qu'ils inventent le leur.
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Posté Le : 13/01/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com