On ne sait pas vraiment où en est l'Union pour la Méditerranée, mais un
projet destiné à la structurer, à lui donner du sens, est sur la bonne voie. En
effet, Charles Milhaud a remis hier à Nicolas Sarkozy un rapport plaidant pour
une banque euro-méditerranéenne. Ce document sera discuté au prochain sommet de
Barcelone en novembre prochain.
Le rapport Milhaud a été rédigé
par une commission internationale d'experts sur le financement du
co-développement en Méditerranée. Charles Milhaud, ancien président du
directoire de la Caisse nationale des Caisses d'Epargne, a travaillé avec une
commission composée de dix experts issus des deux rives de la Méditerranée :
parmi eux, il y avait Mohamed El Kettani, président directeur général
d'Attijariwafa Bank, Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque
d'Algérie, et le Tunisien Khalil Ammar, PDG de la BFPME.
La Commission de financement du co-développement en Méditerranée avait
pour mission « d'évaluer la capacité des institutions financières actives dans
la région à mobiliser des financements et de proposer des pistes de réforme
visant à une plus grande coordination et/ou à un renforcement des instruments
existants, dans le cadre des projets de l'Union pour la Méditerranée».
Selon des sources ouvertes, le rapport présenté à Nicolas Sarkozy a
relevé l'insuffisance de financements pour certains secteurs stratégiques, et
ce «malgré l'importance des aides octroyées aux pays de la rive Sud et Est de
la Méditerranée (près de 20 milliards d'euros par an)». Il a relevé aussi les
difficultés à trouver le financement à long terme des PME et TPE, de même que
pour les grands projets régionaux (eau, plan solaire méditerranéen,
développement urbain durable).
Sur la base de ces constats, les experts de la commission ont avancé
trois possibilités pour créer cette «institution dédiée au financement du
co-développement en Méditerranée». La première consiste à la création d'une
banque de la Méditerranée, via la filialisation des activités FEMIP (Facilités
euro-méditerranéennes d'investissement et de partenariat), pilotée par la
Banque européenne d'investissement (BEI). Dans ce cas, la BEI serait
actionnaire majoritaire de la future banque de la Méditerranée, avec une
participation comprise entre 35% et 50%. Le deuxième scenario est la création ex
nihilo d'une banque, ce qui nécessite un capital important. Enfin pour la
troisième option, la Commission a suggéré la mise en place d'une petite
institution à partir des caisses de dépôts et consignations des pays
méditerranéens concernés.
Dans les trois cas de figure, la Commission a insisté sur un point:
l'institution méditerranéenne « devra être conforme au principe du
co-développement et de la co-responsabilité en associant les pays du Sud au
capital et à la gestion. Elle devra recevoir une notation AAA pour pouvoir
fournir des financements adaptés».
Dans l'ensemble, c'est le profil qui avait été dégagé en mai dernier,
lors d'une rencontre-débat à Tunis à laquelle participait l'homme d'affaires
Charles Milhaud. Cette banque projetée avait été ainsi esquissée: « elle doit
se focaliser sur des activités peu ou mal assurées par d'autres institutions,
être subsidiaire au secteur privé et ne pas s'y substituer, elle doit être un
instrument de transition. La nouvelle banque devra impérativement être notée
AAA et sera axée sur le soutien au secteur privé, à travers notamment l'aide
aux financements longs, l'accompagnement des PME dans l'accès au crédit
bancaire, le développement des garanties, l'animation des marchés financiers,
le soutien aux fonds d'investissement innovants et le transfert de technologie
financière par l'assistance technique. Son capital devrait être supérieur à 10
Md euros afin de pouvoir réaliser des engagements annuels de 2 Md euros…».
Pour Charles Milhaud enfin, il faut doter l'Union pour la Méditerranée
d'une «agence financière avec sa propre gouvernance, capable de financer les
actions répondant aux besoins des pays de la zone, comme la Banque mondiale
vis-à-vis de l'ONU».
Le rapport final remis au président français sera présenté au sommet des
chefs d'Etat et de gouvernement de l'UPM prévu en novembre prochain à
Barcelone.
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Posté Le : 30/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com