Algérie

UPM : Le chemin de Damas


Le sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM) s'est ouvert hier, à Paris, dans une atmosphère de ferveur triomphaliste du président français, Nicolas Sarkozy, initiateur du projet. Confronté à une passe difficile dans la direction de la France, où sa cote de popularité est au plus bas, Nicolas Sarkozy est mis en échec dans son ambition d'être le nouveau bâtisseur de l'Europe. Restait alors ce projet grandiose d'union pour la Méditerranée auquel le président français se raccroche comme à une bouée de sauvetage tant il y voit une opportunité de positiver quelque peu son image de marque auprès de son opinion publique. L'UPM est pour Nicolas Sarkozy une occasion qu'il ne pouvait pas rater de se présenter auprès des Français comme un chef d'Etat qui pèse d'un grand poids sur le plan international. A telle enseigne qu'il s'est approprié, comme un succès personnel, la décision de la Syrie et du Liban de nouer des relations diplomatiques et d'ouvrir des ambassades dans leurs capitales respectives. Le mérite en revient évidemment aux présidents syrien et libanais qui marquent ainsi une volonté d'ouvrir une page nouvelle. Or, tout s'est passé comme si c'était le président français qui avait été l'artisan et le parrain politique de cette évolution spectaculaire des relations entre la Syrie et le Liban. La France n'avait plus qu'un rôle mineur dans cette région du monde, sa politique proche-orientale étant réduite quasiment à néant par l'influence hégémonique des USA qui portent Israël à bout de bras. Ce n'est pas tant un succès de Nicolas Sarkozy que du président syrien El Assad qui réintroduit la France dans l'échiquier proche-oriental sous réserve que celle-ci aide à rapprocher Damas de Washington. Les Occidentaux, et plus particulièrement les Français, ont largement sous-estimé la capacité de la Syrie à faire preuve d'une certaine habilité diplomatique et du pragmatisme qui préserve ses intérêts. Damas a ainsi tiré un large bénéfice politique de l'effet d'amplification de la normalisation de ses rapports avec Beyrouth. C'est donc la Syrie qui, dans une large mesure, utilise la tribune que lui offre le sommet de l'UPM pour conforter son redéploiement diplomatique et les négociations qu'elle mène en vue de récupérer le Golan annexé par Israël. Damas, qui attend plus qu'un simple retentissement médiatique de la normalisation avec le Liban, ne voit apparemment pas d'inconvénients à ce que le président français tire quelques dividendes personnels du rapprochement syro-libanais. Nicolas Sarkozy est d'ailleurs le tout premier à mesurer la nature du geste de la Syrie à son égard puisque, en retour, il a d'ores et déjà convenu de se rendre à Damas, capitale que l'Occident vouait encore, il n'y a pas longtemps, aux gémonies. Le président français paraît en cela s'être rallié aux vues de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui plaide pour un dialogue avec ceux auxquels il était politiquement incorrect de vouloir parler. C'était le cas pour la Libye du colonel Kadhafi, c'est celui, aujourd'hui, de la Syrie de Bachar El Assad, devenu pour les besoins du projet d'union pour la Méditerranée, un dirigeant incontournable.
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