Algérie

Université : Séminaire sur la veille pédagogique



Le premier séminaire national sur la veille pédagogique, organisé par le MESRS, en collaboration avec le PAPS-esrs (Programme d'appui à la politique sectorielle), s'est tenu, mardi, à l'université Abdelhamiid Ibn Badis de Mostagnem, en présence du recteur de l'UMAB, des responsables locaux, des chefs d'établissements universitaires, des responsables des conférences régionales et des émissaires du MESRS en charge dudit programme.A l'ordre du jour : «Le management didactique ou plus simplement, comment former utile». Pour comprendre les tenants et aboutissants de cette rencontre et tous les concepts «savants», il faut d'abord savoir que le PAPS-esrs est un programme lancé en 2010 dans le cadre d'une coopération MERS-Union européenne, dont les objectifs sont de soutenir la réforme de l'université algérienne, l'accompagner dans la transition qui s'opère depuis 2004, date à laquelle le système LMD a été adopté, ainsi que la modernisation du système et l'insertion des étudiants dans le monde professionnel comme ultime étape escomptée.
La nécessité de former les formateurs universitaires n'est pas nouvelle. A l'université de Mostaganem, centre pilote, elle a été initiée dès 2009 et s'est concrétisée par la mise en place d'un centre de veille pédagogique, dont la mission est de prendre en charge la formation des formateurs, généralement issus du cursus classique, qui se retrouvent face à de nouvelles procédures, une nouvelle situation d'apprentissage dictée par le système LMD et liée aux impératifs économiques et culturels de l'environnement de chaque université.
Ce programme a été appliqué en deux phases. La première, lancée en 2015, s'est concrétisée par une assistance technique de la part de l'UE, qui a fait bénéficier l'université algérienne de son expérience plus longue dans le système LMD. La deuxième phase, actuellement en vigueur, consiste d'abord à généraliser ce dispositif de centre de veille sur la base des expériences des 15 centres pilotes et d'élargir la formation à tous les acteurs (chefs de départements, doyens, chefs de filières et domaines?) afin d'assurer une transition efficace, et donc l'aboutissement du système LMD.
Les sept interventions de la matinée ont toutes convergé vers le même mot d'ordre : privilégier l'approche par compétence dans la nouvelle formule de management didactique. Bien que certaines résistances soient palpables quant à l'adoption de cette nouvelle formule que d'aucuns qualifient déjà d'«idéologie», il n'en demeure pas moins qu'elle s'inscrit dans un cadre mondial et que l'université algérienne ne doit en aucun cas rester à la traîne et rater le train de la modernité.
«Evidemment, ledit système est perfectible, explique M. Belhakem, recteur de l'université de Mostaganem, il y a lieu d'adapter, d'améliorer, de réfléchir ensemble à de meilleures prestations, à corriger, etc. C'est d'ailleurs, l'objectif même de ce genre de rencontre». Dans ce sens, les intervenants ont fait part de l'obligation de notre système de se plier aux règles de conformité, qui passe nécessairement par la formation de tous ses intervenants (enseignants et responsables administratifs), mais aussi par l'adéquation des offres de formation par rapport à l'environnement réel et spécifique de chaque région du pays et donc avoir l'honnêteté intellectuelle de reconnaître l'obsolescence de certaines formations qu'il faut avoir le courage de fermer.
«Il ne s'agit pas de former pour former, mais, de former pour être utile? les spécificités de chaque région doivent être exploitées et les cursus ne peuvent ou ne doivent plus être proposés par mimétisme», explique Mme Messaïd, directrice de l'Ecole supérieure de management de Koléa, qui a déploré l'absence de stratégie spécifique à chaque établissement universitaire en fonction de son environnement et, par conséquent, l'absence de logique dans la relation fondamentale du LMD, à savoir, offre de formation/demande de l'environnement socio-économique local ou régional.
De son côté, Miliani Med, de l'université d'Oran 2, s'interroge sur la nécessité de repenser l'utilité du centre de veille au niveau micro (du département) et du coup, mettre en place une veille continue qui permettrait le pilotage des processus et actions entreprises orientés vers la formation au sein des composantes de l'université et dont la fonction serait l'alerte, le suivi, la valorisation des travaux de la communauté scientifique, le renouveau (innovation pédagogique), l'anticipation sur les nouveaux métiers et le soutien à l'autonomie de l'apprentissage.
L'après-midi, quatre ateliers ont invité les participants à une réflexion collaborative sur les méthodes et moyens à mettre en place pour une formation efficace et un LMD adapté selon les principes de l'ingénierie de la formation et la méthodologie propre à l'approche par compétence. Des débats s'en sont suivis, parfois même houleux, mais, au final, fructueux, car l'objectivité et l'autocritique s'y étaient invitées comme critère fondamental de toute proposition ou intervention, loin de toute autre considération.
Parmi les recommandations de ces brainstormings, la mise en place de fiches pédagogiques accessibles, la traçabilité des enseignements, la révision des canevas de formation, la mise en place d'observatoires de l'emploi dans chaque établissement universitaire, l'implication des laboratoires et adapter leurs recherches aux demandes des entreprises, l'élaboration d'un référentiel des compétences visible et accessible aux entreprises, etc.
Ces ateliers ont également permis de lever le voile sur une autre réalité : un grand décalage entre les méthodes pédagogiques actuelles et l'approche par compétence censée être mise en pratique. D'où l'importance et la légitimité des CVP et l'obligation d'élargir la formation dans cet esprit LMD, où l'enseignant n'est plus le détenteur et le transmetteur du savoir, mais un accompagnateur, voire un animateur et un manager, qui montre la voie de la recherche à ses apprenants et qui réussit à en faire des apprenants autonomes et compétents cumulant un savoir, un savoir-faire et, dans le meilleur des cas, un savoir-être pour un savoir-devenir certain.


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