L?Observatoire régional des études supérieures (ORES) vient de rendre sa copie sous l?intitulé un rien provocateur : « Porter un prénom arabe ou musulman, est-il discriminant dans l?enseignement supérieur ? » C?est le fruit de l?analyse fine des entrants, de nationalité française, à l?université en 2004/2005. Les conclusions sont édifiantes. Si l?on ne peut pas ici livrer l?ensemble des données, on peut noter quelques éléments : les nouveaux étudiants d?origine arabe ou musulmane sont plus âgés que les autres (33,5% contre 13,5% ont 20 ans et plus). En conséquence, ils sont également plus souvent « en retard » (56,9% contre 37%) au moment de l?obtention du bac. Ils sont deux fois plus nombreux à avoir un père employé ou ouvrier (81,8% contre 41,2%). Ils ont beaucoup moins fréquemment décroché une mention au bac (23,1% contre 39,1%). Moins de 1% d?entre eux a obtenu la mention « très bien ». Si 64,7% des étudiants portant un autre prénom sont titulaires d?un bac général, ce n?est le cas que de 42,6 % des étudiants porteurs d?un prénom d?origine arabe ou musulmane ; et parmi les bacheliers généraux, la différence est particulièrement nette pour les bacheliers scientifiques (35,5% contre 19,6%). A l?opposé, on constate qu?ils sont beaucoup plus souvent titulaires de bac technologiques (40,4% contre 30,3%) en particulier du tertiaire, et surtout professionnels (17% contre 5%). L?étude estime, cependant, que « s?ils n?ont pas des chances identiques d?accéder aux mêmes filières que les autres, ni d?y réussir. C?est aussi qu?ils sont moins bien lotis que les autres, tant socialement que scolairement ». Du côté des « prénoms arabes ou musulmans », peu suivent les filières sélectives à concours (grandes écoles). 63,4% d?entre eux s?inscrivent dans les filières universitaires générales et de santé, contre 46,1% des autres. C?est l?ensemble droit - économie - gestion - AES qui concentre le plus d?inscriptions des étudiants ayant un prénom arabe ou musulman (26,1% contre 11,1%), et en particulier le secteur sciences économiques - gestion (12,4% de leurs inscriptions contre 2,6% pour les autres étudiants). Enfin, la réinscription au même niveau d?études est deux fois plus fréquente chez les porteurs d?un prénom arabe ou musulman que chez les autres (50% contre 25%), bien évidemment au détriment du « passage » à un niveau d?études supérieur. C?est une « alerte », écrit en introduction du rapport, Marie-Pierre Mairesse, présidente du Comité de pilotage de l?ORES et de l?Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis : « Au-delà de la vigilance qu?ils nous suggèrent, les outils de la connaissance nous livrent des moyens d?action dont chacun doit se saisir. » Fadéla Benrabia, directrice régionale de l?Agence pour la cohésion sociale et l?égalité des chances ACSE, (agence publique), ajoute : « La banalisation des pratiques discriminatoires révèle le décalage entre les principes fondateurs de la République et la réalité vécue par les victimes d?inégalités de traitement en raison de leur origine, ou simplement parce que leur patronyme, leur apparence, leurs pratiques religieuses ou culturelles semblent les désigner comme différents. » Ce qu?il fallait démontrer. A lire sur www.poleuniv-lille-npdc.fr
Posté Le : 16/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : W. M.
Source : www.elwatan.com