Université de Béjaïa

Une quinzaine d'enseignants de plusieurs départements de l'université de Béjaïa ont tenu, jeudi dernier, un rassemblement au niveau du campus d'Aboudaou pour protester contre le 4e mandat d'Abdelaziz Bouteflika.Très tôt le matin, l'affiche annonçant le rassemblement était déjà sur tous les murs du campus. Vers dix heures, les enseignants se sont regroupés devant le portail en brandissant des pancartes qui portaient des slogans hostiles au système et au quatrième mandat tels que : «Non au 4e mandat, non à la dictature, système dégage !», «Pour un Etat démocratique et de droit», «Non à la censure !» ou encore «Nous sommes tous concernés !». Très vite, une foule d'étudiants s'est constituée autour des enseignants qui en profitèrent pour faire la lecture de leur déclaration dont des centaines de copies ont été déjà distribuées.«Quand l'irresponsabilité des dirigeants dépasse tout entendement, il est de notre devoir de réagir et de proposer des alternatives pacifiques, dans un contexte où ceux qui gouvernent ont perdu toute légitimité et n'ont rien à proposer à part la misère et l'instabilité», soutient une initiatrice du mouvement des enseignants de Béjaïa, devant une foule qui semblait tout aussi préoccupée par l'actualité bouillonnante du pays. «Nous ne pouvons nous taire devant ce qui se passe, jamais un pays n'a connu une telle mascarade. Nous ne pouvons nous taire devant un système qui a tout verrouillé, qui passe outre la volonté du peuple par la fraude et la répression des libertés. Nous ne pouvons nous taire devant un système qui, avec ses différents appareils, a programmé la destruction des énergies du peuple, et qui n'a comme seul but que de nous opprimer et nous soumettre par la peur et la paupérisation au profit d'une minorité mafieuse», martèlera encore l'enseignante, les larmes aux yeux.Les enseignants ont également dénoncé les propos «insultants» et «haineux» d'Abdelmalek Sellal envers la communauté chaouie et l'indifférence des autorités vis-à-vis de ce qui se passe à Ghardaïa depuis cinq mois. «L'indifférence des autorités par rapport à ce qui se passe à Ghardaïa, leur incapacité à gérer la situation et les propos insultants indignes d'un responsable découlent d'une politique qui, après avoir mis le voile sur les réalités historiques du pays, favorise le régionalisme et le racisme», dénoncent les enseignants. Ils ont appelé, enfin, toutes les forces vives de la nation à fédérer leurs forces autour d'un dialogue «libre» et «constructif» pour sortir l'Algérie de l'ornière.