Les organisateurs de l'université d'été du Front pour la justice et le développement (FJD), qui se tient depuis hier, dans un complexe hôtelier de la petite commune d'Echatt (El-Tarf), ont mis les bouchées doubles, en invitant trois ex-chefs de gouvernement à dire leurs visions sur les moyens d'opérer la transition démocratique en Algérie. Les hôtes de marque du parti de Abdallah Djaballah, que sont Ali Benflis, Ahmed Benbitour et Mouloud Hamrouche ont, en effet, été chargés d'animer des conférences sur les facettes diverses de ce thème complexe.Dans sa communication sur "le civisme et la citoyenneté", thème de sa conférence d'ouverture, Ali Benflis ne s'est pas embarrassé de préalables pour affirmer que "la situation qui prévaut actuellement dans le pays est source de grandes préoccupations pour tous". Une situation qui serait la conséquence d'une crise de régime politique, dira-t-il. "Nous vivons, en premier lieu, une crise morale qui se manifeste par la perte de valeurs essentielles à la cohésion et à l'harmonie au sein de notre société et par la disparition de ces principes référentiels et de ces repères moraux qui donnent un sens et une direction au présent des nations et fixent un cap pour leur devenir." Et de dénoncer tour à tour la corruption à grande échelle, la course à l'argent facile et douteux, le déclassement du travail et de l'effort, l'érosion de l'exemplarité de l'Etat et des institutions qui le représentent, de même que la violence qui se développe dans notre société et qui n'est, de son point de vue, qu'un sous-produit de la violence du système politique lui-même.Autant de révélateurs de cette crise morale, dont la durée peut menacer les fondements de l'Etat, atteindre la cohésion de la nation et fragiliser les équilibres sensibles au sein de la société, affirmera Ali Benflis.L'ancien chef de gouvernement fait ensuite le constat d'une crise d'un anachronisme historique l'imputant à "un Etat figé, immobile et stagnant dans ses idées, dans ses pratiques et dans ses comportements et du fossé qui se creuse et s'élargit entre un Etat otage de ses modes de pensée et de gouvernances anciens et une société dont les attentes et les revendications évoluent et se renouvellent". Une situation, dont "les retombées sont potentiellement dangereuses pour l'un comme pour l'autre", s'inquiètera encore Ali Benflis. Plus critique encore envers les tenants du pouvoir, il les tiendra pour responsables d'une autre crise, celle de l'autorité de l'Etat, qui se caractérise par des institutions constitutionnelles, qui ne fonctionnent plus et dans une administration désemparée qui n'est plus guidée, orientée et stimulée.Lors de sa longue communication, que d'aucuns assimileront à un réquisitoire, l'orateur abordera d'autres causes de la situation de crise qui prévaut en Algérie, les attribuant tantôt aux gouvernants, tantôt aux élus du peuple, à quelque niveau qu'ils soient. Optimiste pourtant, il se satisfera de l'existence dans ce pays d'une opposition nationale "en symbiose avec des couches toujours plus larges de la société, dont elle représente les attentes et donc elle porte les espoirs d'un changement démocratique apaisé, graduel et consensuel". Partant de cet acquis, il appellera à la mobilisation de toutes les forces vives de la nation qui souhaitent un sursaut salutaire pour le pays et de coordonner leurs efforts avec le Pôle des forces du changement et propose à celles-ci un processus politique global.Un processus qui devrait comporter des séquences successives essentielles, à savoir une séquence sera dévolue à la sortie de la crise de régime comportant trois objectifs prioritaires : régler la problématique de la vacance du pouvoir, remettre en marche les institutions actuellement à l'arrêt et donner la légitimité nécessaire à l'ensemble des institutions de la République. "Nous sommes aujourd'hui tenus d'unifier nos rangs, de mettre en harmonie nos visions et de rassembler nos efforts pour tendre collectivement ? et donc efficacement ? vers la réalisation de ces objectifs", insistera Ali Benflis. S'exprimant en marge de cette première communication, Abdallah Djaballah et Ahmed Benbitour n'ont guère été plus tendres avec les tenants actuels du pouvoir, le premier les qualifiant d'Algériens par le nom seulement "s'exprimant uniquement en français et ne pratiquant pas la religion musulmane en plus de se désintéresser des préoccupations légitimes du peuple" et le second, les fustigeant pour avoir coincé "l'Algérie dans un engrenage infernal".Il est attendu que les participants à l'université d'été du parti El-Adala signent un communiqué commun, vendredi.B. B.NomAdresse email
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Posté Le : 04/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Badis B
Source : www.liberte-algerie.com