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Stupeur à l'université Houari Boumediène : un nouvel arrêté du ministère de l'Enseignement supérieur sur l'organisation des stages pour les étudiants a supprimé «les stages de terrain» en master. A la faculté de géologie, où ces stages sont indispensables, la contestation s'organise. A Tizi Ouzou, les étudiants sont déjà en grève.«On ne forme pas des géologues de salon !» Cette semaine à la faculté des sciences de la terre, géographie et de l'aménagement du territoire de l'université des sciences et de la technologie Houari Boumediène (USTHB), le vent de la colère a soufflé. Dimanche, une soixantaine d'étudiants en master, toutes spécialités confondues, se réunira pour protester contre l'arrêté publié le 21 janvier dernier par la ministère de l'Education.Cet arrêté, qui fixe les conditions d'organisation «des stages pratiques et en milieu professionnel», a retiré de la liste? les stages de terrain pour les master. Dans la salle 27, le brouhaha monte. Ils appellent à une grève dès la semaine prochaine. Les étudiants en licence ont promis de se joindre à eux. «C'est notre professeur qui nous l'a annoncé : les stages de terrain sont annulés ! Mais personne ne nous a prévenus, rien n'a été affiché !, s'emporte Aziz Koulla, étudiant en master 1 géologie, spécialité «Bassins sédimentaires».Nous avons un stage prévu le 14 février et on ne sait pas encore si on va le faire ! » Une autre étudiante s'inquiète : «On a entendu que l'Etat a pris des mesures d'austérité après la baisse du prix du pétrole, et que le budget de toute notre université a été réduit à moitié !» Une autre prend le relais : «Ils ont de l'argent, le budget est prévu en début d'année, alors qu'ils ne viennent pas nous dire en février qu'on manque de moyens budgétaires, ça ne peut être que des mensonges !».Hakim Benayad, étudiant en master 1, prend la parole : «On doit organiser une action commune, on va rédiger une lettre aux responsables pour leur expliquer que nous revendiquons un droit élémentaire, celui des stages pratiques. Déjà une partie des étudiants a été privée, on ne sait pas pourquoi, des stages pratiques du premier semestre ! On fait du bricolage en leur promettant une note compensatoire sur la base de travaux pratiques !» Les enseignants sont tout aussi interloqués. Le vice-doyen, le professeur Mohamed Talbi, affirme que cet arrêté, rédigé en arabe, a provoqué «beaucoup de confusion» chez le peu de professeurs qui l'ont lu.«Seuls les stages pour les projets de fin d'études ont été maintenus». «On ne sait pas pourquoi le ministère a décidé cela. Si c'est un oubli ou une question de budget. Quoiqu'il en soit, les étudiants en master n'iront plus en stage», résume le professeur Rachid Aït Ouali. «Déjà que le système LMD est de la rigolade, on l'achève avec cet arrêté qui est un non-sens, commente le spécialiste en tectonique, le professeur Mohamed Naak. Je soutiens ces étudiants ! Allez dire aux médecins que les internes ne pourront plus s'exercer à l'hôpital, qu'ils seront diplômés sans avoir vu un malade pendant leur cursus. C'est pareil pour un futur géologue ! Il doit faire du terrain pour concrétiser sa formation en observant, avec son ?il de naturaliste.»Zéros«Ce sera peut-être le sort des autres spécialités. En plus des zéros qui vont peser sur notre dossier aux graduations, on n'aura aucune expérience et nous ne serons pas habilités à préparer notre projet de fin d'études», s'exclame un étudiant dans la salle. Les étudiants ont ainsi décidé d'appeler à une grève, ouverte dès la semaine prochaine, où ils seront soutenus par les étudiants en licence. Ces stages de terrain, qui ont la valeur d'un module, «sont des unités d'enseignement fondamentales», rappellent les étudiants. «On ne peut pas faire de projet de fin d'études si on ne le prépare pas à travers les stages pendant le cursus !», insiste une étudiante.Le professeur Rachid Aït Ouali, spécialiste en sédimentologie, explique qu'il est impossible de supprimer ainsi une unité d'enseignement fondamentale (UEF). «On ne peut supprimer un module qui fait partie du programme depuis la création de ce département, juste parce qu'une ou deux personnes l'ont décidé. C'est tout un travail qui doit être fait ! Des commissions de spécialistes devraient être créées pour discuter de cette question.» Le professeur Hamid Haddoum le rejoint : «Ils ne sont certainement pas de la spécialité et ils ne savent rien en géologie !» Un maître-assistant, rencontré dans les couloirs de la faculté, renchérit : «Sans recherche sur le terrain, il n'y a pas de géologie et la seule solution, c'est de nous laisser faire nos stages.On les accepte malgré les conditions défavorables dans lesquelles on les fait, l'essentiel c'est que nos recherches tiennent bon.» Le vice-doyen, qui rappelle les propos du gouvernement sur la nécessaire «rationalisation des dépenses au sein de l'université», affirme «en tant que professeur, soutenir les revendications de ces étudiants mais en tant qu'administrateur, devoir se plier aux directives venues d'en haut». Ironie du sort : l'université Houari Boumediène devrait célébrer avec faste son 41e anniversaire en avril prochain.




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