Le président français et la chancelière allemande ont annoncé mardi travailler à un accord entre plusieurs pays de l'espace Schengen visant à refouler tout demandeur d'asile vers l'Etat où il a été enregistré en premier. "Nous allons travailler ensemble pour une solution intergouvernementale ou multi-gouvernementale avec plusieurs Etats membres qui sont concernés", a dit Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse avec Angela Merkel près de Berlin. L'accord vise à ce que les demandeurs d'asile "puissent être repris le plus vite possible dans le pays où ils ont été enregistrés", a-t-il ajouté. La plupart des migrants arrivant en Allemagne ou en France sont à l'heure actuelle arrivés depuis la Libye via l'Italie, qui doit les enregistrer dans la base de données EURODAC. En vertu des règles européennes, c'est le pays d'enregistrement qui doit en principe traiter leur dossier d'asile mais depuis la crise migratoire de 2015, ce système n'est de facto pas respecté afin de préserver des pays comme l'Italie et la Grèce, principales portes d'entrée en Europe. Cette question est centrale dans la crise gouvernementale allemande en cours. Et si les négociations évoquées par M. Macron devaient aboutir, elles pourraient permettre à Angela Merkel de la résoudre et d'éviter un éclatement de sa coalition au pouvoir depuis seulement trois mois. La chancelière refuse jusqu'ici la demande de son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, membre d'un parti très conservateur, qui veut que l'Allemagne applique sans l'accord de ses voisins cette règlementation de refoulement des migrants vers le pays d'entrée."Nous sommes pour une action coordonnée, au niveau européen ce serait le mieux mais c'est très difficile, alors la coopération de certains pays doit être une option aussi", a confirmé Mme Merkel, alors que nombre d'Etats membres, Pologne et Hongrie en tête, combattent les idées de partage du fardeau migratoire de la chancelière.
Elle a aussi appelé à une "hausse notable du personnel de Frontex", l'agence chargée de la surveillance des frontières extérieures de l'UE. Mme Merkel a dès lors appelé au "soutien des pays les plus concernés", citant en particulier l'Italie. Elle a aussi, avec M. Macron, évoqué la possibilité de "mécanismes" pour bloquer la venue des migrants économiques dans les pays de transit vers l'UE comme la Libye. Ils pourraient prendre la forme de centres sur place en Afrique du Nord, sous contrôle de l'ONU. Le gouvernement italien, une alliance entre extrême droite et populistes, a fermé ses portes aux navires d'ONG transportant des migrants naufragés sauvés en mer, une décision qui a provoqué l'errance d'un bateau chargé de 629 personnes pendant une semaine. Cette décision a aussi provoqué une dispute entre Rome et Paris, M. Macron ayant dénoncé le "cynisme et l'irresponsabilité du gouvernement italien". C'est finalement l'Espagne qui aura accueilli les naufragés. Globalement, selon M. Macron, l'Europe est confrontée à "un choix de civilisation" face aux discours anti-européens et nationalistes. La rencontre franco-allemande de mardi intervient "à un moment de vérité pour chacun de nos Etats et pour notre continent. C'est même peut-être un choix de civilisation", a dit Emmanuel Macron, entre d'un côté "celles et ceux qui voudraient dire (...) que cette Europe est bonne a détricoter" et ceux, comme lui et Angela Merkel, qui veulent "faire avancer cette Europe".
Merkel réfute les accusations de Trump
La chancelière allemande Angela Merkel a réfuté mardi les affirmations de Donald Trump qui par deux fois a affirmé que la criminalité était en hausse en Allemagne, et ce en raison de l'afflux de migrants. "Ma réponse à cela est que le ministre de l'Intérieur (allemand) a présenté récemment les statistiques sur la criminalité et qu'elles parlent d'elles-mêmes", a indiqué Mme Merkel lors de sa conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron. Mardi, et pour la deuxième fois en deux jours, le président américain, aux prises dans son pays à une polémique sur le traitement des migrants, a affirmé sur Twitter que la criminalité avait augmenté en Allemagne depuis que Mme Merkel a ouvert les portes de son pays à plus d'un million de demandeurs d'asile depuis 2015. Le président américain soutient encore que les "responsables (allemands) ne veulent pas comptabiliser ces crimes". Un rapport portant sur 2017 publié début mai par le ministre de l'Intérieur allemand Horst Seehofer montre pourtant que le nombre d'attaques physiques aux personnes ou aux biens a atteint en 2017 son "plus bas niveau depuis 1992", c'est-à-dire depuis que sont compilées des statistiques pour l'Allemagne réunifiée. "Nous voyons là un développement positif, nous devons naturellement faire toujours plus pour lutter contre la criminalité", a ajouté Mme Merkel, parlant de "chiffres encourageants". Lundi, M. Trump avait déjà attaqué la politique migratoire de Mme Merkel, affirmant que "le peuple allemand est en train de se retourner contre ses dirigeants" alors que la politique migratoire menace de faire éclater la coalition gouvernementale fragile à Berlin. "La criminalité en Allemagne est très en hausse. Grosse erreur dans toute l'Europe que de laisser entrer des millions de personnes qui ont si fortement et violemment changé leur culture!", avait tweeté M. Trump. En critiquant la politique migratoire de Mme Merkel, le président américain souffle sur les braises du conflit qui déchire le gouvernement de la chancelière : cette dernière est confrontée à une fronde sans précédent de l'aile la plus à droite de sa coalition gouvernementale, qui réclame plus de fermeté aux frontières. Le ministre de l'Intérieur a menacé de fermer les frontières de l'Allemagne "en juillet" aux migrants faute d'un accord d'ici là au niveau européen permettant de renvoyer les migrants dans les pays où ils ont été enregistrés à leur arrivée dans l'UE.
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Posté Le : 21/06/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nawal Z
Source : www.lemaghrebdz.com