Algérie

Union européenne Entre bizarrerie et ventre mou



Une fois n'est pas coutume. Bon nombre d'observateurs très proches des institutions de l'Union européenne s'accordent aujourd'hui, à détruire le mythe selon lequel, l'Algérie serait rétive à toute coopération plus large avec l'UE. De nombreux hauts fonctionnaires et d'officiels européens, en effet, insistent sur la disponibilité des autorités algériennes à aller le plus loin possible dans un partenariat encore plus élargi et qu'elle a, d'ores et déjà, accordé son blanc de sein pour l'autre nouvelle formule d'association proposée par le Président français Nicolas Sarkozy. Cette nouvelle formule, qui avait suscité un épais scepticisme, semble avoir été lancée aujourd'hui, et un groupe d'experts se penche actuellement sur la question pour en définir les structures, son mode de fonctionnement et pour trouver le moyen de contourner les accrocs que laisse présager le système de la présidence tournante. Tous les pays de la rive méditerranéenne sont sensés intégrer ce nouvel ensemble avec l'arrivée en renfort du Monténégro, Monaco, la Bosnie et la Croatie. Le flou de la proposition du président français quelque peu dissipée aujourd'hui, notamment par les corrections d'approche imposées avec colère par les autorités allemandes, l'énoncé du projet a l'apparence d'une plus grande clarté et eu égards à l'échec du processus de Barcelone, tous les pays du contour méditerranéen, y compris l'Algérie, ne pouvaient qu'y adhérer. Il reste encore cependant dans sa forme très virtuelle et quand on entend, au coeur même du siège de la Commission européenne, un très proche collaborateur de Xavier Solana, le très spécial Monsieur politique étrangère européenne, définir l'UE comme une « bizarrerie », on appréhende mieux le parcours et l'esprit actuel de cet ensemble continental qui offre un éclairage sur la facette probable de la diplomatie algérienne dans ces rapports avec les Européens. Une disponibilité déclarée avec des propositions claires, loin de toute forme de mendicité à la condition que ses interlocuteurs soient aussi claires et débarrassés des positions, des déclarations et des actes contradictoires observés jusqu'ici. Contrairement à l'idée reçue, la machine européenne est à bien des égards un rouleau compresseur dans ses lois et dans tout ce qui préside au fonctionnement des économies des Etats membres, mais n'a pas une politique étrangère commune et harmonieuse. En matière de rapports extérieurs, chaque Etat membre défend son carré en fonction de ses propres intérêts, donnant ainsi l'impression que l'Union du vieux continent est une coquille vide, si tant est qu'une communauté économique et politique porteuse de cette aussi grande ambition est souvent mise à rude épreuve par l'absence d'une politique commune dans ses rapports avec les pays tiers. Pour se défendre, officiels comme fonctionnaires usent et abusent du vocable de « processus en cours », mais tous ont l'honnêteté de reconnaître leur énorme ventre mou qui les prédispose en de nombreuses circonstances et conjonctures déterminantes pour la marche du monde d'adopter le profil bas. Il en est ainsi, au cours de différentes crises internationales et de problèmes régionaux, qui contraignent les Etats membres de l'Union à tenter de faire bonne figure au nom du consensus à s'aligner sur les résolutions et les décisions de l'ONU. Au pire, ils s'alignent avec mauvaise grâce à la locomotive européenne que constituent la France et l'Allemagne ou de s'en tenir à la mise en avant de la culture de l'humanitaire, comme celle engagée en direction des Palestiniens sans jamais réussir à infléchir la politique mondiale des Etats-Unis. Il en est ainsi, en outre, pour le problème de l'adhésion de la Turquie, de la question palestinienne, de Chypre et du dossier du Sahara occidental. Aussi, les très fortes appréhensions nées à propos de l'Union pour la Méditerranée sont justifiées et les craintes formulées par différents observateurs sont fondées.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)