Des banques,
notamment allemandes, sont accusées d'avoir maquillé leurs bilans lors des
fameux tests de résistance (Stress Test) de l'été dernier. Aussi, les
régulateurs européens proposent au vote du Parlement européen, le 6 septembre,
la création d'une Autorité bancaire européenne (ABE). Investisseurs et banques
ne sont pas du tout d'accord.
Tout n'a pas été dit sur l'explosion de la «
bulle financière spéculative » occidentale de 2008 à l'origine de la crise
financière et bancaire qui se poursuit à ce jour. Que ce soit pour le volume
financier évaporé dans le monde de la spéculation, dont aucune institution n'a
encore évalué la valeur, ou le respect des échéances de remboursement des prêts
consentis par les trésors publics pour la survie de dizaines de banques, les
incertitudes persistent et la crainte d'une seconde onde de choc qui frappera
le système financier européen n'est pas exclue. C'est le constat fait par le
Comité européen des contrôleurs bancaires (CEBS) qui a conclu «ne pas avoir été
convaincu» de la véracité et du sérieux des fameux tests de résistance (Stress
Test) dont les résultats ont été publiés le 23 juillet dernier. Aussi, les
Etats membres de l'UE viennent d'annoncer, en cette fin du mois d'août, de
nouvelles règles directrices pour tester « sérieusement » la résistance des
banques à d'éventuelles « vagues » spéculatives ou de pratiques qui dérégleront
le marché financier. Le 6 septembre, le Parlement européen (PE) aura à examiner
le projet de mise en place d'une Autorité bancaire européenne (ABE) dont il est
attendu qu'elle soit opérationnelle dès janvier 2011. Rappelons que seules sept
banques avaient échoué à ces tests. Aujourd'hui, les experts financiers autant
que ceux du CEBS accusent, par exemple, les banques allemandes d'avoir maquillé
leurs risques et leur exposition à la dette souveraine (celle endossée par
l'Etat).
Certains analystes indépendants et publics
ont qualifié les « tests stress » de l'été dernier d'opération marketing
destinée à rassurer les investisseurs et places boursières. Les Etats appellent
les banques à mettre en application, dès leur adoption par le PE, de nouvelles
règles directrices plus contraignantes avant la fin 2010. Du coup on assiste,
depuis, à une véritable guéguerre entre investisseurs, banques et autorités
gouvernementales sur les choix des politiques économiques à conduire. Le slogan
de la rigueur budgétaire loué par les principaux Etats de l'UE, tels ceux
allemand, français ou anglais, ne semble pas convaincre les opérateurs
économiques et investisseurs potentiels et encore moins les banques. Ces
derniers estiment qu'au contraire la rigueur budgétaire telle que conçue par
ses promoteurs va à contresens d'une relance de la croissance, et donc d'une
relance de l'emploi et de la consommation.
D'autres discordances se font jour, celles
entre les 16 pays de la zone euro et le reste des autres pays de l'Union. Les
premiers défendent une politique pour un euro fort avec un taux d'intérêt
faible, alors que les autres souhaitent son rapprochement de la valeur dollar
pour booster leurs exportations. Au fond, les « périls » économiques que
craignent les politiques européens traduisent cette lutte féroce que se livrent
dollar et euro pour le contrôle du marché mondial. C'est dans ce sens qu'il
faudrait interpréter la critique des USA de la politique de rigueur prôné par
l'Union européenne.
Tous les regards sont braqués sur les deux
événements majeurs programmés au mois de novembre prochain: le Sommet USA-UE
qui se tiendra le 20 novembre prochain à Lisbonne (Portugal) et le Sommet du G
20 qui aura lieu à Séoul (Corée du Sud) ce même mois de novembre. Lors des deux
rencontres, et en dehors des déclarations habituelles sur la régulation
financière, la lutte contre les paradis fiscaux, etc., le plus dur sera de
concilier deux conceptions opposées du marché, celle des Européens tentés par
une dose de « dirigisme » étatique de l'économie et celle des Américains pour
qui seul le marché libre arbitre les équilibres. Autrement dit, les Américains
ont compris que le rouleau compresseur de la mondialisation est irréversible et
font tout pour s'y adapter et garder, autant qu'ils le peuvent, les commandes,
alors que les Européens essayent de juguler, ou de faire reculer au plus tard
les impacts de la mondialisation. Bonus pour les Américains: leur économie (et
système financier) est mieux impliqué (et en adéquation) avec les économies des
pays dits « émergents » tels la Chine, l'Inde, le Brésil ou l'Afrique du Sud.
En revanche, l'Europe peine à engranger des dividendes dans ces pays. De plus,
les pouvoirs politiques européens sont, par tradition, tiraillés entre une
économie régie par un marché libre mais sous contrôle de l'Etat, et le souci de
garder des systèmes sociaux à haute valeur ajoutée. C'est pourquoi l'on
comprend mieux l'aversion des banques et investisseurs européens aux nouvelles
lignes directrices que veulent leur imposer les régulateurs européens. Pour
eux, l'argent n'a pas de frontières et encore moins d'odeur.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 02/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com