Algérie

une zone humide attribuée à des investisseurs douteux



une zone humide attribuée à des investisseurs douteux
Les habitants de la wilaya de Annaba sont choqués. Ils viennent d'apprendre que la zone humide de plusieurs hectares, située aux abords de la RN44, appelée communément «la Bedjema», à l'entrée ouest de la ville, a été attribuée, dans le cadre du Calpiref, par Mohamed El Ghazi, l'ex-wali de Annaba, actuellement ministre «anti-bureaucratie», au grand dam des défenseurs de l'environnement. Les bénéficiaires sont au nombre de sept et ne sont autres que des magnats ayant pignon sur rue.Cependant, le maire de Annaba et les directeurs de l'hydraulique et de l'environnement se sont érigés contre ce qui est qualifié de «spoliation» et d'«atteinte à l'environnement». Le premier a adressé aux concernés des mises en demeure avant de leur refuser le permis de construire. Quant aux seconds, ils ont tout simplement émis des réserves, le moins que l'on puisse dire, impossibles à lever, eu égard à la sensibilité du lieu.Contacté, Merabet Farid, président de la commune de Annaba, a confirmé l'information. «Je n'ai jamais été saisi officiellement par cette attribution via le Calpiref. Même la direction des Domaines de la wilaya de Annaba a fait de même. Ce n'est que lorsque les dossiers de demande de permis de construire ont atterri sur mon bureau que j'ai pris connaissance de l'existence de ces projets, contre lesquels je m'oppose catégoriquement. J'ai adressé aussi une mise en demeure aux sept investisseurs privés pour libérer immédiatement les lieux», a affirmé le président de la commune de Annaba. En effet, cette zone marécageuse, très prisée par les oiseaux migrateurs en différentes périodes de l'année, est actuellement enlaidie par, entre autres, la mise en place de centrales à béton, a-t-on constaté sur place. Sans permis de construire, encore moins de concession définitive, d'autres attributaires ont d'ores et déjà entamé les travaux de déblaiement et de mise à niveau puisque la zone est en dessous du niveau de la mer. «Nous sommes catégoriquement contre cette attribution par l'ex-wali de Annaba à des investisseurs dont la cupidité l'emporte sur la protection de l'environnement. Cette zone est marécageuse et représente une part entière dans l'écosystème de la zone. Il va de soi qu'elle doit être protégée», fulmine, de son côté, M. Halimi, président de l'Association nationale de la protection de l'environnement et de la lutte contre la pollution (APEP).Consulté pour avis, le directeur de l'hydraulique de la wilaya de Annaba n'a, également, pas donné son aval quant à l'exploitation de cette assiette de terrain fragile, qui plus est retient les crues et les eaux pluviales à longueur d'année. «C'est une zone humide et de dépression de crue. Nous avons autorisé seulement et temporairement une centrale à béton durant les travaux d'un chantier aux abords de Oued Kef Nsour. La présence des autres et les travaux de terrassement et de déblaiement engagés sur différents côtés sont illégaux. Si on perturbe la nature de cette zone, le risque d'une inondation de crue sur la cité limitrophe des 312 Logements est inévitable», a prévenu Zoubir Boulahbel, directeur de l'hydraulique.En effet, dans ses réponses aux correspondances du directeur des Domaines, dont El Watan détient des copies, le même responsable souligne, à chaque fois, plusieurs réserves à lever pour espérer un éventuel avis favorable. Il s'agit notamment du «traitement du bassin versant dans son ensemble», de la «préservation de la ligne de partage des eaux et la facilitation de l'écoulement des eaux naturelles».Aussi, il exige de «prémunir les servitudes des conduites longeant cette assiette avec des conduites en acier de 600 mm de diamètre et des collecteurs d'assainissement». Le même responsable a conclu ses réserves par cette mise en garde révélatrice du risque latent qu'engendrent tous les travaux sur cette zone : «L'investisseur assume l'entière responsabilité des risques encourus résultant des crues de Oued Boudjemaâ.» Que faut-il de plus pour dénoncer haut et fort l'attribution de cette zone humide, marécageuse et de dépression de crue que seul l'ancien wali Mohamed El Ghazi a osé faire ' Faut-il souligner que Annaba est une zone inondable, située trois mètres plus bas que le niveau de la mer et classée parmi les wilayas les plus polluées du pays 'Faut-il rappeler qu'hormis les espaces verts réalisés par la France coloniale, aucun nouveau jardin n'a été créé depuis l'indépendance à Annaba ' Ce scandale qu'on n'a pas pu étouffer puisque les bénéficiaires ont été sommés par le maire de Annaba de prendre attache avec les services des Domaines pour le remboursement des frais engagés pour la concession de leur terrain. Quant aux travaux déjà engagés, le président de l'APC de Annaba a instruit, selon lui, ses services à l'effet de libérer la zone des tonnes de déblais déjà versés pour les opérations de nivelage et de facturer le service aux différents investisseurs impliqués. Selon plusieurs responsables de la wilaya de Annaba, les bénéficiaires ne baissent pas les bras. «Ils tentent quotidiennement de prendre attache avec l'ex-wali de Annaba dans le but de le faire intervenir afin de débloquer la situation dans laquelle ils se trouvent. En vain», affirment les mêmes sources.




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